21

228 29 7
                                    


Le souffle court, j'émerge difficilement. J'ai l'esprit vaseux, la tête cotonneuse, et je sens que j'ai dormi très très longtemps. Je fais craquer mes os. Au moins, je suis en un seul morceau. J'ouvre les yeux pour constater les dégâts. Je suis allongée dans un lit fait de neige, dans notre ancien QG. A mes côtés, Ice qui me veille. Je vérifie mes mains. Heureusement, je suis toujours en Chioné.

—J'ai dormi combien de temps ?

—Deux jours, répond mon compagnon en caressant mon visage.

Je soupire. Je m'en doutais. J'ai peur de la réaction d'Anna et ma mère lorsque je vais rentrer... Je me redresse et Ice ne me quitte pas des yeux. Sa bouche se tord. Je lui prends la main, troublée. Je ne me sens pas encore prête. Donc, je préfère fuir.

—Il faudra que je te dise quelque chose. Mais avant, je dois aller rassurer la famille de mon autre côté.

Il hoche la tête.

—Je vais devoir faire de même. Je leur ai dit que j'avais la grippe et de n'entrer dans ma chambre sous aucun prétexte.

J'hausse les sourcils.

—Mais... tu n'es pas retourné chez toi depuis deux jours ?

—Bien sûr que non ! Tu penses vraiment que j'aurais pu te laisser seule ? Doctoress est passée et m'a affirmé que tu allais t'en sortir, mais je voulais absolument être certain que tu te réveilles.

Mon cœur se serre.

—Pardon, je murmure.

—Tu n'as pas à t'excuser. Grâce à toi, maintenant, nous sommes tous libres. Je suis certains que les ex-vilains seront ravis de faire un grand banquet pour ton rétablissement.

Je tire la langue.

—Ouais, tant que c'est pas moi qui cuisine, aucun problème ! Bien, je reviendrais te voir sur notre toit demain.

Il rit et me laisse partir avec une appréhension visible. Je lui promets de revenir vite puis m'envole. Après réflexion, je préfère passer par la chambre d'Anna. Je la trouve sur son lit en train de lire nerveusement. Je me détransforme devant ses yeux, épuisée. Mon vol m'a fatiguée plus que ce que je pensais. Soulagée, elle me prend immédiatement dans ses bras et m'assaille de questions. Je lui explique donc que je me réveille à peine.

—Tu sais, après ton combat, j'ai croisé Ice dans la rue avec toi dans ses bras, et il m'a dit de ne pas m'inquiéter car tu allais t'en tirer. Ça m'a un peu surpris mais je n'ai pas posé de questions.

Je note l'information sans trop m'y attarder.

—Dis moi, Anna... qu'a dit maman ?

Elle me sourit.

—Ne t'en fait pas, personne ne se doute de rien. Maman n'est pas rentrée depuis deux jours car avec la méga baston, de nombreux journalistes pas très prudents ont fini à l'hôpital, et j'ai dit aux autres au lycée que tu avais la gastro !

Je grimace. Plus glamour comme maladie tu meurs. Après avoir caressé la tête de ma sœur, je pars prendre une douche bien méritée, me change et m'écroule dans mon lit. Une petite sieste me fera du bien avant de retourner à l'école demain.

*

La nuit s'est révélée réparatrice. De patraque, je suis passée à en pleine forme. Je m'avance gaiement dans les couloirs du lycée, lorsqu'une masse informe me saute dessus.

—Enfin gros balourd, un peu de délicatesse ! Je m'écrie.

Kristoff me tire la langue.

—C'est plus grand dadet maintenant ?

—J'aime bien changer de temps en temps. D'ailleurs, tu sais que la gastro ça peut être hyper contagieux ? J'espère que tu ne seras pas malade demain, dis-je en souriant.

Il rougit et se gratte la barbe.

—Hum, j'espère aussi... demain, j'ai rendez-vous avec ta sœur.

Je pile net.

—Genre, un vrai rendez-vous style diner aux chandelles et tout ?

—Pas à ce point-là, il soupire, on n'est pas des vieux non plus. Non, j'ai réservé la patinoire pour nous deux, elle voulait s'entrainer à de nouvelles figures de haute voltige. Puis oui, après, on va manger...

—Il était temps, je ricane.

—Tu peux parler, me rétorque-t-il. Et toi, quand est-ce que tu comptes trouver quelqu'un ?

Aussitôt, je pense à Ice. Puis à Jack. J'hausse les épaules, confuse. Kriss me quitte, ayant cours d'un côté, et moi de l'autre.

Et, à ma grande surprise, je croise Jack un peu plus loin. Il me regarde de ses grands yeux bleus indécis. Je me racle la gorge, gênée.

—Tu vas bien ? Je lui demande.

—Ouais, il souffle de sa voix rauque. J'avais la grippe.

J'ai l'impression que j'oublie quelque chose. Devant ma non-réaction, il me prend dans ses bras, comme s'il avait pensé ne jamais me revoir en un seul morceau. Il m'embrasse sur le front puis me relâche.

—A plus tard, dit-il simplement.

Figée, je le regarde partir. Je ne l'avais jamais vu réagir comme ça. Je suis perdue. Puis, je me souviens que je suis en retard et je cours jusqu'à ma classe. Ce n'est que bien plus tard que je constate qu'une petite lys de glace à élu domicile dans mes cheveux.



***

C'est officiel, plus qu'un chapitre ! Diantre, c'est quasiment la fin :o (et avec un peu de chance, il arrive demain !)

Merci à vous de continuer de lire cette petite histoire (alors que je poste fichtrement tard et en retard) 

Titanium -  JelsaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant