Titanium - Jelsa

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Je souffle et devant moi, la vitre du commerce gèle. Je fais signe à mes deux camarades qui commencent leur affaire. Aujourd'hui, nous mettons en place la première étape de notre plan de super-vilains. Je bascule officiellement du « côté obscur ».

Je fais équipe avec le Séducteur, jeune homme pouvant soumettre la volonté des autres par un baiser, et le Joaillier, qui attire à lui les métaux. Tous deux se sont spécialisés dans les vols de luxe. Et donc, sont activement recherchés par les autres super-héros de Toxicity.

Ice et la Doctoresse nous couvrent sur les hauteurs. Cette dernière nous a d'ailleurs équipés d'oreillettes très perfectionnées pour que nous restions en contact à chaque instant.

Le Joaillier remonte son monocle, époussette ses gants blancs et se tourne vers moi.

—Chère demoiselle, je vous en prie.

Il me fait une petite courbette. Et m'ouvre la porte. Comme prévu, je gèle instantanément le système de sécurité, détecteur de mouvements comme caméras. Une belle voix grave murmure près de moi.

—C'est fort dommage que nous ne nous rencontrions que maintenant, vous devez être une partenaire fantastique.

Je me retourne et fait face au Séducteur. Contrairement à l'autre super qui nous accompagne et cache son visage avec un demi-masque couleur crème, on peut distinguer parfaitement les traits de son beau faciès juvénile. Surtout ses lèvres, charnues et rouge à l'excès. Il se penche vers moi, me prend la main de manière galante. Je me sens rougir, entend Ice grogner dans mon oreillette. Je commence à battre des cils, un peu perdue, et me sens refroidir. Il retire sa main en riant.

—J'ai l'habitude que mon sourire réchauffe les femmes, pas qu'elles gèlent à mon contact !

Je triture nerveusement mes mains et tente de remettre mon cerveau en place. Je sais très bien que ce sont ses pouvoirs qui me font cet effet.

—Hum, bon, on a une mission à continuer non ? je couine faiblement.

J'ai envie de m'arracher les cheveux. Je suis pathétique. Heureusement pour moi, le Joaillier, bien plus discret dans sa tenue de cuir noir, hoche la tête et se met à l'œuvre. Notre troisième camarade le rejoint. Les femmes, c'est bien. Mais l'or, c'est mieux. Tous deux dévalisent méthodiquement la joaillerie de luxe la plus réputée de la ville. Je me contente de faire le guet et de les observer travailler. Je sais que chacun fait ses vols de son côté, mais tous deux sont complémentaires et efficace. D'un coup de poignet, l'homme en costume noir fait voler les métaux précieux cachés. D'un œil aiguisé, le jeune en costume blanc repère les plus belles pièces. Dix minutes plus tard tous deux reviennent à l'entrée.

—Récupération terminée ! s'exclame calmement le séducteur dans nous oreillettes.

—Parfait, maintenant, la touche finale, conclut Dark Doctoress en grésillant.

Je ris. Je me pose au centre de la pièce, me laisse envahir par le froid et la rancœur. J'admire ma sculpture, soigne les derniers détails, puis nous nous enfuyons alors que les premiers rayons du soleil font leur apparition.

*

Quelques heures plus tard, mon réveil sonne. Je me lève difficilement. Ma petite escapade nocturne a été bien plus fatigante que prévu.

Une fois présentable je descends dans le salon et voit ma mère somnoler devant la télévision. Je remonte sa couverture qui a glissé, lisse ses cheveux blonds en bataille. Elle baille et me sourit.

—Bien dormi ma chérie ? me questionne-t-elle.

J'hoche la tête.

—Et toi maman, tu es rentrée tard ?

—Un peu, nous avons eu du grabuge cette nuit, encore une bagarre entre supers qui a tourné au drame. J'aimerais que les détenteurs de pouvoirs soient plus calme parfois, ça nous éviterais bien des soucis.

Elle ne croit pas si bien dire. Je pars chercher mon bol de céréales et me cale dans le canapé à ses côtés. Aux infos matinales, Fireman est sensé rendre visite au plus grand bijoutier de la ville. Une équipe suit son avancée en direct dans les rues avec le patron, un magnat de la finance, et celui-ci ouvre le store de son commerce. Mais là, surprise.

Ceux de l'antenne coupent le plus vite possible et la personne au cadre se retourne pour filmer la tête stupéfaite du super-héros, cependant le mal est déjà fait. Pendant quelques secondes, la joaillerie vide est apparue à l'écran, emplie seulement d'une énorme statue de glace en forme de doigt d'honneur, une banderole accrochée en hauteur : 

« Justice pour tous les supers »

Je cache mon sourire derrière mon bol, sent mon portable vibrer sous les notifications. La guerre à officiellement commencé.