Titanium - Jelsa

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Je me pose dans les tribunes, pile à l'heure. La foule frémit autour de moi. Suite à notre entrevue d'hier avec notre nouvelle équipe de super-vilains, j'ai passé mon samedi à étudier les divers plans que nous avons envisagés, en plus de réviser un peu pour le bac blanc qui arrive. A côté de moi Anna agite une banderole.

— Un peu plus et tu ratais l'intro ! Me gronde-t-elle.

Je lève les yeux au ciel, cache mes mains dans mes gants. Heureusement, nous sommes à la patinoire, l'équipement d'hiver passe tout à fait inaperçu.

— Me fait pas la morale, la dernière fois c'était toi qui étais à la bourre à cause de ton copain.

— Ex, dit-elle.

—Pardon ?

—Ex copain. Je l'ai largué la semaine dernière.

Je cache mon sourire dans mon écharpe. C'est Kristoff qui va être content. En parlant de mon meilleur ami, il choisit ce moment pour arriver sur la glace avec ses camarades. Comme il est gardien, je le repère de suite. Et à ma grande surprise, même si je ne connais pas son numéro, je reconnais la silhouette de Jack. L'équipe fait un tour de terrain tandis que notre mascotte, un léopard des neiges, fais le show. L'équipe adverse, les Rapaces, s'échauffe à son tour, puis chacun part dans son coin.

Nous nous sommes positionnées au centre des tribunes latérales pour ne pas rater une miette du match, et heureusement que ma sœur est arrivée en avance : comme il s'agit de la première rencontre de la saison lycéenne, la patinoire est remplie.

Le DJ passe un métal à fond dans les enceintes, puis stop pile au début du match. Notre équipe récupère le palet, tente une attaque, le perd. Les minutes passent et je vois Kris s'agiter. L'un des rapaces fait un faux mouvement, provoque un des garçons de notre équipe qui finit en prison pour deux minutes. Le premier tiers-temps se termine.

Je regard Kristoff jouer depuis que nous avons onze ans, et pourtant, je suis incapable d'employer du vocabulaire correct pour décrire ce sport. Il a essayé de m'initier mais Elsa ne tient pas très bien sur des patins. J'ai été tentée de tricher et de transformer mes pieds en ceux de Chioné, qui elle peut tout à fait glisser pieds nus.

Le match reprend et les équipes échangent de côté. Autour de moi, je ne sens pas la foule particulièrement motivée. J'ai été voir quelques fois les matchs de ligue Magnus, notamment des finales : l'ambiance dans les tribunes est parfois totalement différente. Je me dis que l'été nous a tous un peu ramollis, et que les prochains matchs seront plus dynamiques dans le public.

Sur la glace la bataille continue et l'équipe adverse marque un but, juste à la fin du second tiers-temps. Je profite de la pause pour aller chercher deux grands vers de limonade et sortir cinq minutes. J'aime voir mon ami jouer, l'ambiance de la foule, mais parfois des relents d'agoraphobie reviennent au galop. J'ai senti mes doigts geler et pas seulement à cause de la température. Je soupire, mon souffle devient buée. Ces derniers jours la température chute de plus en plus.

—Mademoiselle à froid ? me dit une voix moqueuse proche de mon oreille.

Je regarde à droite et à gauche. Personne.

—Je suis plus haut.

Je lève les yeux et voit Ice, toujours en sweat shirt, dont les pieds sont collés au lampadaire et la tête en bas. Je m'agite et refléchis pour paraitre moins ridicule que la dernière fois.

—J'ai un peu de mal avec les autres êtres humains parfois, lui expliqué-je.

—Je comprends.

Je réajuste mon écharpe.

—Et toi, pourquoi tu es là ? Demandé-je.

Il hausse les épaules, ce qui fait un drôle d'effet étant donné qu'il est toujours à l'envers.

—Je passais faire un tour, j'ai un ami qui joue.

—Dans quelle équipe ? Je le questionne suspicieusement.

—A ton avis ?

Comme toujours, il élude ses réponses. Je trépigne et décide de couper court en sentant ma vue se troubler.

—Bon, c'était chouette de te croiser, mais le match va reprendre et je dois encore aller chercher mes boissons.

Je ne le laisse pas répondre et prends la poudre d'escampette. Quelques instants plus tard je me pose aux côtés de ma sœur, limonades en main. Elle prend la sienne sans me regarder, les yeux rivés sur la glace. Puis, un détail attire son attention et elle se retourne vers moi.

—C'est quoi dans tes cheveux ?

Je passe une main sur mon crane et sens de la neige tomber. Je me retrouve avec une colombe de glace dans les mains qui fond aussitôt. Je fronce les sourcils. C'est l'oiseau que Chioné utilise le plus pour transmettre des messages à Ice. Et je suis persuadée que ce n'est pas moi qui l'ai créé. Dans ce cas, qu'est-ce que ce sacripant neigeux tente de me faire comprendre ?