C'était donc cela...

140 18 39
                                    


Le ciel...
Il avait changé. Il était plus majestueux, plus beau; son bleu était si pur. Je n'avais jamais vu de bleu aussi... aussi intense que les profondeurs de l'océan. Les nuages qui le côtoyaient n'étaient guère moins majestueux que lui; en fait, ils contrastaient parfaitement, de leur blanc rosé frôlant le rouge tendre, avec le bleu du ciel - ce bleu qui se reflétait sur l'eau et l'imprégnait de sa grandeur. Je n'avais jamais vu le ciel tel qu'il était en ce moment là, en ce lieu. Je ne l'avais jamais vu. Je n'avais jamais voulu en fait. J'ignorais combien cela pouvait être apaisant. Ces couleurs vives, depuis l'obscurité de l'horizon jusqu'au rayonnement de ce soleil de crépuscule, à l'horizon.
Ce spectacle était beau et émerveillait mes sens. C'était comme l'oeuvre d'un artiste. C'était du grand art. Je la voyais, la sentais... je respirais ce vide dans l'air, appréciais le silence absolu de cet environnement à la beauté sans limite. C'était donc cela...

De l'eau...
Il y avait au loin des montagnes, tout le long de cet horizon. J'ignorais la distance qui m'en séparait, mais ce n'était qu'un détail. Tout mon entourage, par contre, était recouvert d'eau, tel un lac reflétant la magnificence de ce ciel bleu rosé, dans lequel je me trouvais. Elle n'était pourtant pas profonde, cette étendu d'eau; j'avais pied.
Froide, oui, elle l'était. Son froid me pénétrait la peau et s'insinuait jusqu'à mes os. Je la sentais dans tout mon être. C'était donc cela...

Allongé sur le dos, les bras et les jambes écartés, mon visage dépassait du niveau de l'eau. Je n'éprouvait pas de réel envie de me lever tant mon état actuel me plaisait. Le monde ne devrait-il pas procurer pareille sensation ? La vie ne le devrait-elle pas ?
Pourtant... La paix, la sérénité, le calme, le silence... à cela rajouter la beauté, les couleurs, cette vue. Ce cocktail était la perfection même. C'était donc cela...

- Sophia... avais-je laissé échappé de ma bouche, dans un murmure.

C'est pour elle que je l'avais fait. C'est pour elle que j'étais là. Son sourire, son regard, le son de sa voix... elle valait tous les sacrifices du monde. Mais je n'aurais jamais pensé que ce rituel serait une réussite. Pourtant ça l'a été. J'avais réussi. Alors ce journal ne mentait pas.

La tête levé et le regard fixé vers le ciel majestueux, je tentais de me lever en me tirant par le buste, les bras toujours en évidence - comme si j'étais paralysé. Finalement, mes heures d'abdos auront servit à quelque chose.
Je ne saurais dire pourquoi, mais je ne ressentais pas le besoin de m'appuyer sur mes bras pour me lever, comme à l'accoutumé, comme le font généralement les gens. Je ne me sentais pas comme je le devrais, comme la logique le voudrait.

Une fois en position assise, je tournais la tête afin de balayer du regard mon nouvel environnement: Une vaste étendue d'eau bordée de montages au loin. C'était un environnement irréaliste aux couleurs de l'aurore, avec les rayons de soleil naissants, baignant les nuages de leur énergie pure.
J'avais réussi. Après des semaines de travail afin de trouver l'équilibre parfait et les ingrédients qu'il fallait, j'avais enfin réussi. J'étais donc actuellement...

- Mort, dit une voix derrière moi.

Je me retournais brusquement, épris de peur, pour voir à qui appartenait la voix qui venait de me compléter comme si je parlais à voix haute et qu'elle entendait tout depuis le début. À ma grande surprise, je vis un être étrange. Il était quelque peu terrifiant de par son accoutrement _ j'usais bien-sûr d'euphémisme car ma surprise avait été plus grande que ce que veulent laisser entendre mes mots.

" Qui est ce type ?, pensais-je à ce moment, les yeux grand écarquillés et les sourcils froncés. Depuis quand est-il derrière moi ? Je croyais pourtant avoir balayé les alentours du regard. Je n'aperçus rien pourtant. "

Je me posais mille et une questions à propos de l'étrange individu: Était-ce un esprit, un fantôme, une apparition divine... ou était-ce l'être que je redoutais, la personnification de ce qui avait emporté ma bien-aimée ?

- L'on me nomme de bien de façon en fait, si c'est cela toute ta préoccupation, dit l'être. Dans certaines cultures anciennes, je suis le passeur, dans d'autres la grande faucheuse. Certains me vénèrent tel un dieu, d'autres n'éprouvent ni plus ni moins que de l'aversion à mon égard. Mais je suis le plus souvent connue sous le nom de...

- La Mort, la complétais-je. Vous êtes la Mort.

- En effet, me confirma t-elle.

Elle avait une voix ambiguë, un peu comme si en elle étaient deux personnes parlant d'une même voix. Sa voix imposait le respect et la crainte. Une voix qui raisonnait à travers ce vide atmosphérique. C'était impréssionnant.

C'était donc cela, ce lieu tant redouté par les hommes... L'au-delà.

*******************

Salut!
Déjà merci d'avoir lu jusqu'au bout. Surtout n'hésitez pas à me donner vos avis sur ce premier chapitre (en fait, c'était sensé être un prologue, mais bon...)

Tu devras mourirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant