<< Ce jour là...
C'était un jour comme les autres, pourtant paradoxalement, aucun jour n'a jamais été à la hauteur de celui-là. C'était il y a quatre ans, un mardi, dans le garage de ses parents. C'est ce jour là que je compris que j'étais amoureux d'elle, ou plutôt, c'est ce jour-là que je tombais amoureux d'elle. Car c'est ce jour-là que nous échangeâmes notre premier et notre seul baiser.
Depuis je me lève chaque matin, et chaque matin me parait fade; chaque rayon de soleil, chaque chant d'oiseau, chaque brise... tout est si démuni de saveur. Depuis je me couche avec l'espoir que le lendemain sera à la hauteur, que je pourrai me rapprocher d'elle. En vain.
Je n'étais pas particulièrement timide, ni avec les autres ni avec elle. Mais depuis ce baiser, mon coeur bat fort dès qu'elle pénètre mon champ de vision, dès qu'elle s'approche de moi. Je deviens timide, et me demande parfois si elle le remarque.<< Vingt-huit secondes.
C'était vingt-huit secondes qui marquèrent mon existence à l'encre d'un baiser. Un baiser qui fera naître en moi un amour que je n'avais jamais soupçonné. Après quoi, rien ne sera jamais pareil.
C'est ainsi que mon coeur ne commença à battre que pour elle.<< Mais à ce moment, je n'aurais jamais pensé que cet amour me serait aussi brûlant que les prémices de l'enfer, aussi troublant que mille diables... >>
Mon histoire n'a rien extraordinaire en soi. L'histoire typique d'un garçon désireux de vivre un amour digne d'intérêt, et qui pourtant, enchaine les mauvaises décisions. Mais pour comprendre mon histoire, il convient de faire quelques pas dans le temps...
Elle commence donc un vendredi après-midi, vers la fin du mois de Juin... bien avant ma mort, cela va de soi. Je suis assis sur un rocher, tout seul, au bord d'une rivière.
C'est un coin tranquille où j'aimais bien trainer quand j'avais besoin de m'évader, loin des autres, loin de ma vie. C'était en quelque sorte mon havre de paix, le seul endroit où je pouvais vaquer à mon occupation favorite "la lecture", sans que Mélissa ou Victor, ma soeur et mon frère, ne viennent troubler ma quiétude.En fait, la lecture m'est une passion. C'était l'occupation la plus saine que je connaissais. Certains lui préfèreraient le sport, les jeux vidéos ou même l'art plastique. Mais la lecture aussi était un art, avec ses propres exigences et ses propres bien-faits. J'aimais prendre de mon temps et me dévorer un bon livre, tel un expert en vin goûtant un excellent rouge. Paradoxalement, je n'avais jamais éprouvé l'envie d'écrire - contrairement à beaucoup d'amateurs de lecture qui à force, s'imagine pouvoir devenir des futurs George R.R. Martin, Charles Baudelaire ou encore Arthur Conan Doyle. Ils ne seraient même pas foutu d'égaler le talent de Rose Sorel. J'ai lu "Ceux qui sont beaux" et j'y ai vu du talent et rien que du talent. Comment pourrais-je les égaler ! Lire me suffit, je ne désire rien de plus.
C'était ma drogue, mon addiction à moi. Cela m'empêchait de penser à ce sujet qui me comprimait le coeur: Sophia... ou plutôt, mon amour pour elle. Et ce baiser. C'était pourtant il y a quatre ans mais, quoi que ce soit scientifiquement impossible et logiquement insensé, mes lèvres se souvenaient encore de la saveur des siennes. J'étais comme un pervers à y penser, un obsédé.
Personne, ou presque, ne connaissait cet endroit; tous les autres préféraient trainer plus en aval, là où c'est un peu plus "branché".
Moi par contre, j'ai toujours été d'une nature un peu ermite - en fait, si je devais me décrire, je dirais que je suis orgueilleux, esthète, naturellement distant et parfois même apathique, quelque peu empoté et surtout indécis. Cela n'empêche que j'essaie de temps à autres de faire plaisir à mes amis en me mélangeant à eux."Cette brise fraiche..."
Il est vrai qu'au bord d'une rivière, cela n'est chose étonnante. Cela dit, mes sens ne peuvent s'empêcher de noter les petites touches de beauté que daigne généreusement nous offrir la nature. Pourtant me paraissait-elle fade. La nature avait perdu sa perfection; elle ne me proposait plus aucune extase, plus comme avant. Tout ça depuis que...

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Tu devras mourir
Romance" Que le destin peut parfois être cruel... " Stéphane est depuis quatre ans amoureux de la même fille, Sophia, mais il n'a jamais proprement déclaré son amour. Le jour où, enfin il a le courage de se confronter à sa bien-aimée, le destin se dresse c...