Chapitre 10

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J'avais la sensation que le ciel et l'enfer s'étaient tous deux ligués contre moi. Tous ces visages que j'espérais ne plus revoir, je les avais tous là, rassemblés en un même endroit. À cette fête. Et le simple fait de revoir Sophia me rendait anxieux. Cependant, je ne pouvais afficher mon anxiété. J'étais Stéphane Zoé.

Je me mélangeais à tout le monde, par-ci, par-là. Je riais, buvais de cette mixture dont j'ignorais encore la composition exacte - quelque chose mélangé à de l'alcool -, participais à ces jeux auxquels me conviait Théo. Je donnais l'impression de quelqu'un dont le coeur était porté à la fête. Pourtant, je ne pouvais empêcher mon attention de se diriger vers où elle était. Et je ne pouvais m'empêcher de jeter des coups d'oeil vers elle - certains discrets et d'autres un peu moins.

J'avais enfin fait la connaissance d'Estebane: quelqu'un de bien dans le fond, mais un peu trop imbu de lui-même. Il nous avait expliqué que la fête ne fut pas organisé par lui mais par son frère cadet, Angel, du même âge que nous. Le pauvre manquant cruellement de popularité, contrairement à son aîné, se servi de l'image de ce dernier pour attirer plus de monde et de crédit à sa fête. Très bien pensé !

Cependant, je n'arrivais toujours pas à concevoir le fait que Sophia s'eût permis d'être là. Cela ne ressemblait pas à la simple mortelle de mes fantasmes, qui préférait passer une soirée devant Netflix qu'à une fête avec d'autres adolescents; nous avions au moins ça en commun, nous n'étions pas fêtards. Et malheureusement, cela ne rendra ma décision de l'éviter que plus insupportable. La voir si proche et pourtant si loin avait l'effet d'un coup de poignard. Je ne savais même plus pourquoi je l'évitais: ce vieillard ne réapparut plus et cette histoire devenait de plus en plus absurde dans mon esprit.

- Tu ne trouves pas ? me demanda Lana.
J'étais assis sur ce canapé depuis trente sept bonnes minutes, une table de billard devant moi, avec d'autres gens. Lana m'y avait rejoin depuis peu. Elle me parlait, mais mon attention était ailleurs. Je ne savais même pas de quoi s'agissait sa question.

- Je sais pas trop, peut-être... balbutiais-je dans l'espoir qu'elle ne se rende pas compte que je ne la suivais pas.

- T'as même pas entendu ! Tu vas bien ? T'as l'air bizarre.

- T'inquiète, c'est juste ce truc, mentais-je. Je sais pas trop ce qu'il y a dedans. Tu devrais éviter d'en boire, et même éviter tout alcool.

- Je sais, c'est moi qui conduis. Je bois que du Coca-Cola, et Lite en plus !

- T'es drôle quand tu veux, dis-je en esquissant un sourire.

- Je sais, répondit-elle en se vautrant contre moi.

Je profitais du fait que son attention était porté vers son téléphone pour jéter un énième coup d'oeil vers l'endroit où était Sophia. Si belle, sous cette lumière tamisée.

" Je ne l'avais jamais vu porter ce chandail avant. Il lui va magnifiquement bien ! "

Elle était en compagnie d'un autre garçon, grand et brun. Ils avaient l'air proche, très proches, excessivement proches à mon goût. Cependant, ce type n'était pas son genre d'homme. Pourtant elle riait. Elle s'efforçait, je le voyais. Ou étais-je juste jaloux ?

À un moment, nos regard se croisèrent, et je sentis mon coeur battre plus fort. En cet instant, le monde était sensé disparaitre et le temps se figer. J'espérais qu'il dure une éternité fictive comme dans les histoires à l'eau de rose. Mais le temps ne ralentit pas et son regard me parrut extrêmement court. À peine elle me vit qu'elle dévia son regard, un peu comme si je n'avais pas existé. Comme si j'avais été transparent, son regard me fut vide et inexpressif. Je maudissais la réalité.

Tu devras mourirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant