"Cette brise..."
J'étais toujours assis sur ce rocher, regardant cette eau s'écouler sur son lit dans un rythme à n'en finir; je sentais cette brise qui l'accompagnait et qui me frôlait l'épiderme, me procurant une sensation agréable dont j'étais amoureux. Un instant, je fus déconnecté du monde. Tout cela aurait pu être parfait. Mais ce ne fut le cas. Désormais, la seule image de perfection dans mon esprit était Sophia, avec ses qualités les plus remarquables et ses défauts les plus honteux. Et le fait qu'elle ne soit pas avec moi privait le plus parfait moment de sa perfection.
Ce n'était qu'une humaine, je n'attendais évidemment pas d'elle qu'elle soit la meilleure représentante de notre race. Je la connaissais aussi bien qu'elle me conaissait: Elle avait souvent tendance à se laisser emportée par la colère quand les choses échappaient à son contrôle - n'hésitant pas à me gronder à l'occasion. Elle n'arrêtait pas de mentir même si elle n'était clairement pas douée pour ça, enfin devant moi en tout cas. Elle mettait le lait avant les céréales. Elle ne prononçait jamais les mots "Massachusetts" et "phénoménologie" sans se répéter au moins trois fois. Elle était beaucoup de choses, mais ses imperfections à elle étaient si parfaites !
J'avais l'air d'un fou débitant des inepties à penser de la sorte, à ce genre de choses. Ou juste un idiot.
À ce moment-là, mon esprit était ailleurs, mais Gloria me ramena à ses fabulations...
- Tu m'écoutes au moins ? demandait-elle.
- Bien-sûr ! mentais-je.
- Prends-moi pour une conne. Tu sais que plus loin sur ta droite, il y a une super fête avec tous les autres ?
- Je sais, c'est pour ça que je suis ici, lui répondis-je.
- T'évites de croiser Lana, c'est ça ?
- Exactement, lui répondis-je encore, avec le sourire cette fois - une manière de lui dire "arrête avec tes questions".
- T'imagines, j'ai dragué Carl aujourd'hui, et pourtant...
- T'as dragué Carl !? lui coupais-je la parole, amusé de ce qu'elle disait. Carl Revani ? Mais il est gay !
- Justement, j'ignorais ce détail ! éclata t-elle de rire.
- T'as dû te sentir ridicule, lui fis-je.
- T'as pas idée... J'en viens même parfois à me demander si tous les mecs mignons sont gays.
- Je vais essayer de pas prendre ça pour une insulte, ironisais-je.
- T'es pas mal non plus, sensible va!
Nous avions ainsi continué à parler, de tout, de rien, jusqu'à ce qu'on se soit lassés de rester assis sur ce rocher.
Gloria était douée pour apporter de la gaité à une discussion. Parler avec elle était parfois même comme faire l'expérience d'une aventure dans les régions portoricaines. Elle ne manquait jamais d'histoire sur son pays d'origine, toutes aussi folles les unes que les autres. Sur ce point-là, elle ressemblait à Sophia.
Elles en parlaient avec tellement de passion qu'on ne pouvait en avoir que l'envie de visiter.Nous parlions et le temps défilait, jusqu'à ce que nous nous lévions pour rentrer chacun chez soi.
Gloria était gentille: elle ignora tous les autres, y compris la "super fête" dont elle faisait mention pour rester avec moi, me tenir compagnie malgré mon intention de rester seul pour vaquer à ma lecture.
Pour tout remerciement, je la raccompagnais jusqu'à chez elle. Cela n'était rien, tout bon gentleman aurait fait de même. En plus, nous n'habitions pas si loin, l'un de l'autre.
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Tu devras mourir
Romance" Que le destin peut parfois être cruel... " Stéphane est depuis quatre ans amoureux de la même fille, Sophia, mais il n'a jamais proprement déclaré son amour. Le jour où, enfin il a le courage de se confronter à sa bien-aimée, le destin se dresse c...