Samedi matin...
Je rentre de mon jogging habituel, que je commence à cinq heure du matin. Vous savez ce qu'on dit, "un esprit sain dans un corps sain". Enfin, juste un prétexte de plus pour les gens qui aiment transpirer - dont je faisais parti apparemment.
Il est un peu plus de huit heure quand je rentre. À cette heure là, les gens sont déjà debout; je vois donc plusieurs visages dont je ne tire pas particulièrement attention. Par contre, l'un de ces visages, l'un de ses passants, attirera mon attention; mais ça, je ne le savais pas encore. En fait, je ne le saurais que bien plus tard.C'était un vieil homme, dans la cinquantaine, peut-être plus. Il avait l'air fatigué, pourtant tirait-il un chariot rempli de livres. Le chariot avait l'air bien trop lourd pour le vieil homme qu'il était. Je n'y fus pas insensible...
- Vous avez besoin d'aide ? Lui demandais-je.
- Oh oui, mon petit, me répondit-il. Je crois que j'ai passé l'âge pour ce genre d'effort.
Nous faisions donc route ensemble; il me guidait et je suivais. Même pour moi, il était lourd à tirer, ce maudit chariot !
- D'où venez-vous comme ça, avec ce chariot ? Lui demandais-je.
Il me répondit, mais vaguement. J'avais du mal à le saisir. Même aux questions les plus simples, il répondait avec des histoires longues, au point que je regrettais de les avoir posées. Mais j'étais aussi têtu, je le harcelais de questions. De plus en plus. En fait, plus il parlait, plus il m'inspirait de nouvelles questions. Et pour être completement honnête, je prenais du plaisir à sa compagnie.
Nous arrivâmes chez lui, enfin, je crois que c'était chez lui. La première chose que je remarquais une fois dans la maison, c'était un dessin magnifiquement réalisé sur une carte de format A5 au moins, posée sur la table, avec quatres symboles grossièrement représentés: la croix d'Ânkh sur ce qui semblait être l'Est, un corbeau sur l'Ouest, une croix chrétienne sur le Nord et un serpent sur le Sud. Ce dessin était un chef d'oeuvre mêlant la beauté de l'arabesque à des mots aux caractères à l'ordre particulier afin de bien se marier aux tracés. Ils formait peut-être des phrases, mais je ne savais pas si cela avait un sens. C'était écrit en une langue inconnue. Et au milieu, une représentation du soleil et de lune, comme s'ils avaient fusionné, comme si la lune dans forme de croissant était en le soleil. Il m'inspirait quelque chose de beau mais de triste aussi, ce dessin.
- Joli dessin ! lui dis-je. Celui qui l'a fait est un vrai artiste. C'est de vous ?
- Tu peux poser les livres là, me dit-il en m'indiquant l'endroit.
Il avait juste ignoré ma question. Je n'insistais donc pas et me mis à placer les livres.
- Tu es très serviable, rajouta t-il avec un sourire sénile. Tu as l'air de quelqu'un qui apprécie beaucoup la bonne littérature.
- En effet, répondis-je. Comment le savez-vous ?
- L'égard avec lequel tu places ces livres. Tu es comme moi. Moi aussi j'ai développé le goût de la lecture à ton âge.
- Wow ! Parce que vous avez eu mon âge ?!
Il éclata de rire à ma blague.
- Tu es un petit comique, toi ! dit-il. Je t'aime bien. Tiens, en échange à ta gentillesse, je veux bien t'offrir quelque chose.
- C'est pas la peine, lui dis-je modestement.
- Oh mais si ! J'y tiens.
Je finis par céder pour ne pas lui faire de la peine. Il tenait tellement à me récompenser de mon effort; il devait être un homme avec des principes et un code d'honneur.
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Tu devras mourir
Romance" Que le destin peut parfois être cruel... " Stéphane est depuis quatre ans amoureux de la même fille, Sophia, mais il n'a jamais proprement déclaré son amour. Le jour où, enfin il a le courage de se confronter à sa bien-aimée, le destin se dresse c...