Chapitre 3

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Nous entrâmes donc et nous dirigeâmes vers la cuisine, puisque Sophia devait finir de préparer le dîner. Gloria l'aidait et moi je jouais l'observateur, assis sur un tabouret, une pomme à la main. Tout cela dans une gaieté contagieuse. Elles avaient l'air tellement complices.
Très vite je fus emporté par ma fascination. Je scrutait les moindres geste de Sophia quand elle me faisait face, et quand elle se retournait, je suivais du regard cette goute de sueur qui se faufilait sous sa robe de chambre, le long de son échine. Petite coquine. Je m'imaginais sa course jusqu'à ne plus pouvoir, puisque la table entre nous m'offusquait la vue à la suite. Et elle se retournait encore, et encore je l'observais de face. Ses seins étaient un vrai problème; elle devrait penser à se couvrir un peu plus.
Gloria parlait trop, c'est elle qui me ramenait à la discussion à chaque fois. Et moi, je faisait semblant d'avoir tout suivi depuis le début. Je faisait ça bien. Nous parlions de la cuisine japonaise, des suchis et de ces poissons crus. Puis, sans m'en rendre compte, nous avions changé de sujet, et Gloria se mit à raconter à sa cousine ma rupture avec Lana.
J'avais bien besoin de ça...

- T'as rompu avec Lana ?! demanda Sophia, avec un air surpris, les yeux grand écarquillés et les sourcils froncés.

- Ouais... répondis-je avec pas plus d'assurance que ne l'affichait mon visage, dans un sourire niais.

- Mais pourquoi ? C'est plutôt une fille superbe, et très gentille qui plus est.

- Ouais, t'as raison, rajouta Gloria. Si j'étais lesbienne, elle serait sans aucun doute mon genre de fille.

" La cerise sur le gâteau! Elles s'y mettent à deux maintenant "

Gloria s'imaginant en lesbienne me paru pourtant drôle, la gente masculine perdrait une grande figure de beauté et d'espoir. Cela briserait le coeur de tous garçons de mon ancien lycée.

- Mais alors pourquoi t'as rompu ? Me demanda donc Sophia.

J'ignorais comment lui répondre sans trop lui mentir. Mais comme à l'accoutumée, Gloria ne me laissa pas faire un choix de mon propre chef, et s'entreprit de répondre. Je ne saurais trop dire si je lui fus reconnaissant ou contrarié. À Sophia je n'aurais pû mentir, elle ne me connaissais que trop, bien plus que ne me connaissait Gloria.

- "Monsieur" a apparemment une amoureuse secrète, dit Gloria en me jetant un regard malicieux, un peu comme si elle savait que j'allais trouver une excuse bidon.

- Une amoureuse, rien que ça! lança Sophia en levant les sourcils.

Je me contentais de sourire, me délectant de leurs spéculations. Si seulement elles savaient...

Puis soudain, Sophia versa par mégarde de la soupe sur le chemisier de sa cousine. L'action était rapide; je n'avais rien vu, j'imagine que Gloria non plus.

- C'est malin, ça, tu viens de me gâcher mon chemisier préféré ! s'exclama Gloria.

- Oh désolé, prima, je l'ai pas fait exprès ! tentait de s'excuser Sophia. Tu devrais te changer, et même carrément prendre une douche.

- Pour la peine, je mettrai l'une de tes chemises, lui répondit Gloria.

Elle ne semblait pas l'avoir plus mal pris, tant mieux !
Elle s'en alla, monta à l'étage prendre une douche, et nous restâmes seuls, Sophia et moi. Seuls... Seuls...

- Très bien, maintenant dis moi à quoi tu joues ! me dit-elle d'une voix basse mais avec un ton grondeur.

- Comment ça ? Lui demandais-je, l'air perdu.

- Un coup t'es avec ma cousine et tu rompts, puis avec je ne sais quelle autre fille, tu rompts également. Et maintenant c'est Lana ? Pourquoi tu fais ça ?

Tu devras mourirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant