Chapitre 14

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Trois jours passèrent, et avec mes amis - enfin ceux qui n'étaient pas encore parti pour leurs universités respectives et ceux qui n'y allaient, - nous étions sur un terrain de basketball quelque part dans le parc de la ville. Nous faisions une partie. Il y a avait Théo, et il y avait Carl.

J'avais passé les jours précédants chez moi, la tête dans mes bouquins comme à mes habitudes. Une fois je pris refuge dans mon havre de paix, sur ce rocher près de la rivière. Les jours me paraissaient toujours aussi fades et monotones.

- Tu joues toujours comme une femmelette, me taquinait Théo.

Nous étions désormais assis sur les bancs juste à côté, tout en sueur et essoufflés.

- Lâche moi, tu veux ? lui fis-je.

Ainsi nous continuâmes à parler de la partie, à nous taquiner mutuellement sur nos performances. Nous avions parlé de tout, de rien. Des banalités pures et simples entre gens de même hobby; jusqu'à ce que Angel, le frère d'Estebane, arrive et brise l'atmosphère qui s'était installé. Il avait été invité par Carl et ne m'apréciait guère trop. Il m'en voulait encore d'avoir gâché la soirée qu'il avait mis tant de soin à préparer.

- Mais ça serait quand même gâché avec les flics qui s'étaient pointés, lança Théo essayant de prendre mon parti.

- Faut avouer que c'est vrai, Angel ! fit Carl.

Il n'était cependant pas d'une nature bien mature. Il ne pouvait s'empêcher de faire allusion à ma prise de tête avec l'autre abruti à la queue de cheval - enfin il n'en avait plus désormais, - à chaque fois qu'il disait une phrase. Simple esprit rancunier ou désir de se faire valoir ? Je ne saurais le dire. C'était juste plus fort que lui, mais plus que tout, c'était agaçant au bout d'un moment.
Je comprenais pourquoi il avait tant de mal à se faire des amis. C'était l'exact opposé de son frère. Mais je comprenais aussi que cette soirée était probablement une occasion pour lui de changer son image et rencontrer de nouvelle personnes.

- Alors pour résumer, disait Théo, nous tous ici présent sommes célibataires. Personne n'a quelqu'un ? Vraiment ? Vous me faites pitié, les gars.

Encore une fois, perdu dans mes nombreuses pensées, je ne me rendis pas compte du moment où nous avions changé de sujet.

- T'es dans le même cas que nous, connard ! lança l'un des ceux qui étaient avec nous.

- Non, mais moi c'est différent. Je peux pécho n'importe quelle fille quand je le souhaite.

- Le seul ici qui a ce pouvoir, c'est Stéphane. Il arrive à avoir toutes les meufs qu'il veut, ce bâtard. Mais même lui est célibataire.

- D'ailleurs pourquoi tu vas pas pécho Sophia ? Elle a pourtant largué cet abruti de Théo pour toi, non ?

- Je vais pas la "pécho", répondais-je. Hey, un peu de respect, les gars !

- On pourrait pas parler d'autre chose ? essayait de nous convaincre Théo avec un air ironiquement embarrassé.

- C'est toi qui avais lancé ce sujet, mec, lui répondit Carl; alors assume.

Mais après plusieurs tentatives, les efforts de Théo finirent par payer et nous avions mis ce sujet de côté pour lancer une dernière partie avant de nous dire au revoir solennellement - car dès le lendemain, nous savions que nous n'allions plus revoir certains avant très longtemps.

Le soleil se couchait et les nuages se faisaient plus épais, envahissant ce ciel qui était pourtant si beau.
Nous n'étions plus que quatre sur ce terrain.

Tu devras mourirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant