Après avoir passés une porte privatisée, un long couloir exigu, une autre porte et encore un nouveau couloir tapissé d'un papier peint crème éclairé savamment, le jeune homme qui m'avait guidé se stoppa devant une énième porte. Il éteignit son portable après une conversation animée où il ne m'avait porté la moindre attention. En regardant la porte, je commençai à regretter mon choix. La bienveillance de Ben me manquait tout à coup, comme si sa main représentait mon harnais de survie et que je me retrouvais soudain lâchée dans le vide. Un filet de sueur glissait le long de ma colonne, me rappelant combien j'avais été inconsciente de partir à l'inconnu.
L'étranger glissa son portable dans sa poche droite, m'adressa un regard pour jauger ma réaction. Elle ne se fit pas attendre : je baissai les yeux, les joues rouge magenta.
— Il ne va pas te manger, me lança-t-il comme pour me rassurer.
Je hochai la tête, partagée entre l'envie de rire et de partir en courant. Ses yeux me criaient qu'il voulait me dévorer quelques minutes plus tôt.
Aussitôt, il ouvrit la porte. Une jeune femme sursauta alors qu'elle s'apprêtait à quitter la pièce. La première chose que je vis fut un amas de cheveux bruns et lisses, une frange corbeau et des yeux plus noirs que les ténèbres. Elle était si grande que je dus lever les yeux. Ses longs doigts translucides se posèrent sur sa poitrine, visiblement pas encore remise de sa surprise. Elle leva ses longs cils charbonneux vers nous, contrariée et referma la porte.
— Ha, Gab ! Tu tombes bien, dit-elle avec un certain soulagement qui refléta instantanément leur proximité alors qu'il se recula.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
— Pourquoi Priam est de si mauvais poil ? Il a gagné son match, non ?
— Ce n'est pas tes affaires, Kate.
Alors qu'il allait la contourner, ladite Kate l'arrêta en affichant un regard plus sérieux. Ses sourcils parfaitement épilés se froncèrent et je me rendis compte qu'elle devait être bien plus âgée que moi, vingt-cinq ans ou plus. Elle portait avec elle une certaine maturité, une sérénité que seuls les adultes accomplis possédaient.
— Gab, attends... Sa phase commence demain, c'est ça ?
— Mêle. Toi. De. Ce qui te regarde, je ne te le dirai pas deux fois.
Gab arracha sa prise d'un geste ferme, rempli d'avertissements. Je n'osai pas me reculer mais après mûre réflexion, ce garçon ne me parut plus si inoffensif que ça. Kate se pinça les lèvres, elle regarda le sol quelques secondes avant de le fixer de nouveau, une espèce de tristesse dans les yeux.
— Arrête d'être comme ça avec moi, réponds-moi juste.
— T'abandonneras jamais, n'est-ce pas ? marmonna-t-il. Pour la millième fois, arrête de le suivre et dégage de là.
Kate ne broncha pas, visiblement habituée à essuyer des refus. Ses yeux sombres comme la nuit tombèrent soudain sur moi. Elle m'inspecta de la tête aux pieds, intriguée, sans se soucier de me rendre mal à l'aise.
— C'est qui ? demanda-t-elle.
Gab se força à répondre, sûrement pour qu'elle nous laisse passer.
— Une invitée VIP.
— Encore une groupie ?
Le dégoût dans sa voix ne m'échappa pas. Il dégoulinait de dédain comme du venin.
Encore une fois, elle m'examina.
— Je ne savais que Priam aimait les prudes maintenant.
— Tout ce qui se s'éloigne de toi est toujours bon à prendre.
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K.O
RomanceBelle pourrait être la définition de la candeur et de la timidité à l'état pur. Victime d'un passé dont elle en a tiré tant de cicatrices, elle emménage à Brooklyn dans l'optique de tout recommencer à zéro. Priam Hidden, lui, est le boxeur du moment...