Sept jours se sont écoulés depuis ma conversation avec Kate. Il s'était passé peu de choses depuis.
L'état de Priam s'était parfois amélioré mais son humeur changeait au quart de tour. Au fur et à mesure que les jours s'égrainaient, j'avais compris que ces fameux moments où il ne broyait pas du noir correspondaient à ceux où il ne me rejetait pas. Je pouvais donc rester avec lui, dans sa chambre entourée de ténèbres qu'il semblait retenir à bout de bras. Et dans le meilleur des cas, j'arrivais à lui faire avaler quelque chose.
Mais, le reste du temps, lorsque tout virait au noir, quand ses yeux devenaient sombres, Kate débarquait pour tout lui faire oublier car Priam ne supportait pas que je le vois comme ça. Cet épisode correspondait tout simplement à une dépression dégénérée, à la perte de la confiance des autres mais aussi de soi. Il se détestait au plus au point... Et, maintenant, cette volonté d'accaparer ses pensées par le sexe me semblait la meilleure solution.
Même si j'étais toujours rongée par la jalousie, je retenais mes pulsions de meurtre pour le bien de Priam. Pourquoi ? Parce que j'étais incapable de faire ça, de l'apaiser ainsi. Gabriel me répétait que c'était davantage quelque chose de gratifiant de ne pas être à la place de Kate mais comment pourrais-je accepter de voir l'homme qui m'attirait le plus au monde dévorait une autre femme des yeux ?
Il était présentement quatorze heures de l'après-midi. J'étais en chemin vers la chambre de Priam dans l'espoir de réussir à lui faire manger quelque chose. Encore. Le plateau que j'avais confectionné rassemblait tout ce qu'il aimait d'après Meg. Du poulet braisé, des macaronis au fromage et des fraises. Simple mais efficace d'après elle.
À ma plus grande surprise, la chambre baignait de clarté. Les fenêtres ouvertes laissaient traverser un champ de lumière qui engloutissait toute la pièce. La brise fraîche caressant les rideaux toujours tirés jusque-là me rafraîchissait à présent agréablement le visage et plus important encore : il n'y avait personne dans le lit.
Perplexe, je posai calmement le plateau sur la petite table en bois. Un nouveau bouquet de roses blanches trempait dans le vase. J'observai la pièce de haut en bas.
— Priam ?
— Il n'est pas là !
La tête de Meg surgit soudain dans l'entrebâillement de la porte de la salle de bain. Un sourire éclatant lui barrait le visage.
— Il s'entraîne avec le coach.
— Quoi ? Dans son état ?
Elle recula pour se montrer intégralement. Elle tenait plusieurs flacons de shampooing.
— Tu n'as pas encore entendu vent de la bonne nouvelle ? Notre champion va mieux.
Avant que la joie ne m'emporte, la seule pensée qui me vint fut qu'il se soit rétabli extrêmement vite. Voyons les choses en face, Priam était tombé dans une violente dépression depuis deux semaines sous le coup du stress infligé par la WWC et voilà qu'il était à nouveau sur pied du jour au lendemain. Normalement, n'y était-il pas censé avoir une amélioration graduelle de son état psychique ? C'était pourtant si soudain...
— Ne fais pas cette tête, me lança-t-elle joyeusement. Il est costaud, il ne tombe jamais malade en général. Les rhums l'évitent comme la peste. Dis-toi que c'est sûrement ta présence qu'il l'a aidé à récupérer si vite. D'habitude, il lui faut une bonne journée de repos avant de reprendre ses forces, le temps que certaines choses lui remontent en mémoire.
Je fronçai les sourcils.
— Tu veux dire qu'il ne se souvient pas de tout ?
— On peut dire ça, oui. Les derniers jours vont être flous pour lui. Il a plus du mal à se concentrer quand il se trouve au plus mal de ses capacités alors il arrive que certains éléments lui échappent.
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K.O
RomanceBelle pourrait être la définition de la candeur et de la timidité à l'état pur. Victime d'un passé dont elle en a tiré tant de cicatrices, elle emménage à Brooklyn dans l'optique de tout recommencer à zéro. Priam Hidden, lui, est le boxeur du moment...