Chapitre 13 : Secrets

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— Quelqu'un a la réponse ? Ce sera dans votre prochain devoir alors écoutez bien.

Le professeur claqua sa langue contre son palet, d'un air plus ennuyé que si on venait de lui apprendre qu'il devrait faire des heures supplémentaires. Pour une fois, je fus bien heureuse d'être placée au fond de l'amphithéâtre pour ne pas avoir à subir son regard courroucé de haine et d'ennui. S'il avait remarqué le nombre de fois où je décrochais de son cours quotidiennement, ce ne serait plus des heures de retenus que je collectionnerais... Mais, faudrait-il encore qu'il connaisse mon nom.

Pour l'énième fois, je posai mon regard sur l'écran de mon téléphone. Ma bouche était douloureuse à force d'avoir été maltraitée par mes dents. Gabriel ne m'avait toujours rien envoyé et le match avait lieu ce soir. Je commençai à me demander s'il n'avait pas oublié mais ça me paraissait inconcevable, Priam n'aurait certainement pas oublié alors qu'il était si heureux à l'idée que je sois là.

Je croisai soudain le regard présomptueux de Leila qui s'éventait avec deux billets pour le match de ce soir. Bien sûr, elle ignorait que j'étais censée y assister et je me gardais bien de le lui dire. Cependant, plus le temps passait et plus je désespérais à l'idée de ne recevoir aucune nouvelle.

Mon portable se mit à vibrer sur la table. Le numéro était inconnu et ma respiration se coupa. J'en oubliai presque le rire mesquin de Leila à quelques mètres de moi. C'était lui, c'est certain. Je m'empressai de déverrouiller mon téléphone et d'ouvrir l'onglet affichant mes messages. Pourtant, ma surprise fut grande en lisant ce qui m'était adressé. C'était bien loin de ressembler à une adresse.

"Avoir un portable, c'est mieux que ce que je pensais."

Je le relus au moins cinq fois en essayant de comprendre. J'avais le choix : soit il s'agissait d'une erreur de numéro, soit mes pressentiments étaient bons et je connaissais l'identité de ce personnage. Même si j'avais dû mal à y croire complètement, je pris mon courage à deux mains et composai mon message.

" Priam, c'est vous ?"

La réponse mit du temps à arriver, comme s'il prenait du temps pour taper les mots.

"Oui."

Je souris, ma supposition était la bonne.

"Vous faites enfin parti des gens civilisés."

"Oui. C'est mieux que ce qu'en disent les gens."

"C'est très pratique."

" Surtout pour éviter de bégayer."

Je me mis à rougir comme une idiote. Mon bégaiement me posait souvent des problèmes et j'avais un mal de chien à m'en séparer. Priam ignorait sûrement qu'il se multipliait par dix quand j'étais avec lui.

"Je n'y peux rien."

"Je sais et ça ne me dérange pas." 

"Vraiment ? "

Un sourire m'étira les lèvres sans m'en rendre compte.

"Oui, cela fait partie de toi."

"V-Vous avez raison."  écris-je en faisant semblant de bafouiller.

J'ajoutai un smiley pleurant de rire. Par la même occasion, j'essayai de ne pas faire résonner mon rire entre ces quatre murs. Je n'avais vraiment aucune intention de récolter ces fameuses heures de retenue.

Priam prit plus de temps pour répondre cette fois-ci. Quand son message arriva enfin jusqu'à moi, j'avais déjà eu le temps de m'imaginer mille et un scénarios.

K.OOù les histoires vivent. Découvrez maintenant