Chapitre 4 : Titan

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— C'est quoi, ça ? s'étouffa Ben en fixant les deux tickets.

Avant même que je puisse reprendre contenance, Eden me vola les billets des mains. Ses yeux étincelèrent quand qu'elle lut à une vitesse folle ce qui y était écrit.

— Wow, Priam Hidden est l'un des boxeurs qui participent au match ! Tu as de la chance, Belle.

Elle prit aussitôt l'enveloppe qui allait avec. Ses yeux se liquéfièrent, passant d'un brun lumineux rempli d'excitation à un déferlement interdit, entre le choc et l'effarement.

— Je rêve ou c'est Hidden en personne qui te les a envoyés ? s'exclama-t-elle.

En deux secondes, Ben lui arracha les papiers et lut à son tour, les sourcils abattus. Il avait lâché sa tartine et ses doigts semblaient si crispés que je crains qu'il ne déchire l'enveloppe. À son strict opposé, Eden se retenait de sautiller. Elle me lançait des regards appréciateurs mais les éléments ne s'étaient pas encore soudés les uns les autres pour que je capte un tant soit peu de la situation.

Pourtant, Eden avait été on ne peut plus clair.

Priam m'a envoyé des billets pour assister à son prochain match.

— Comment...

Ben ne voulait pas décrocher les yeux de l'enveloppe où, maintenant, je le reconnus, s'étalait le nom de Priam et de son équipe.

Je sentis des picotements dans mes yeux et me rendis compte que je n'avais pas encore cligné une seule fois depuis. Est-ce que j'allais vraiment revoir Priam ? Je déglutis. Comment avais-je pu recevoir cette lettre ? S'était-il trompé d'adresse ? Impossible, mon nom était là, noir sur blanc, écrit avec tellement de soin que des papillons pétillaient dans mon estomac. Mais, comment avait-il pu obtenir mon nom ? Et, mon adresse, alors ? Était-il si influent pour avoir accès à ce genre d'informations ? Je n'arrivais pas à croire qu'on puisse retrouver une personne si facilement... Et cela me terrifiait.

Il ne peut pas te retrouver, il est trop loin. Il ne pourra pas... Et pourtant, il existait une infime chance pour que ça soit le cas.

Une chance et ma vie partait en éclat.

Autour de moi, j'eus l'impression de voir mon univers se bousculer. Les murs dansèrent et voltigèrent dans mon champ de vision. Je revis la moquette vert pâle, éclaboussée de haine et de ténèbres. Je ressentis à nouveau cette paisible illusion dérangeante, malsaine, et je flottai... Puis, l'ombre terrifiante de son visage collé au mien, patibulaire et obsédant raya ce moment de paix. Des griffes se posèrent sur moi et tout mon corps se retrouva propulsait loin de ce cauchemar encore intact.

— Belle ? La Terre appelle, Belle !

Je reculai d'un pas en secouant la tête, trop habituée désormais pour exprimer à haute voix le désaccord qui se déchaînait en moi. Je revins au monde réel, où Ben agitait les billets dans l'air, révolté.

— Comment ça se fait que tu aies reçu ces places, sérieux ? Tu lui as parlé ? marmonna-t-il.

Je secouai la tête.

— N-Non, je...

— Et tu vas y aller ?

— Bien sûr qu'elle ira, il y a deux billets, la coupa Eden d'un ton pompeux puis, son expression se fit suppliante lorsqu'elle me regarda. Amène-moi avec toi, Belle, je t'en prie.

Ben eut l'air scandalisé et argua :

— Pas question, le soir, c'est comparable à un piège à souris là-bas. Il n'y a que des gros pervers narcissiques. J'irai avec elle.

K.OOù les histoires vivent. Découvrez maintenant