— Viens, je te ramène.
Priam s'avança vers moi, prit ma main et m'attira près de lui. Même s'il était en colère, sa poigne était douce et prudente autour de mes doigts.
— Me ramener ? bégayai-je.
— Oui, chez toi, déclara-t-il. Meg, appelle la limousine, je te pris.
Elle hocha la tête et me lança un sourire, ce genre de sourire avec plein d'idées derrière la tête. Je m'agitai en tentant de retirer ma main de celle du boxeur mais elle ne fit que se resserrer davantage.
— Vous n'êtes pas obligé de faire ça, Priam.
— Est-ce qu'au moins tu sais où nous nous trouvons, chérie ? (Il me fit un sourire amer, contrôlant sa colère pour ne pas la rejeter sur moi.) Comment pourrais-tu rentrer chez toi toute seule ?
— J-Je peux appeler Ben.
— Ben ?
Il savait très bien de qui je parlais mais la froideur peinte sur son visage me chuchota très clairement de ne pas le pousser dans son propre jeu.
— C'est l'un de mes colocataires, c-celui qui m'a accompagnée au dernier match.
— Et puis quoi encore... maugréa-t-il. Je croyais que tu n'étais pas en couple.
— Je ne le suis pas !
Il s'approcha, de sorte que son regard incendié soit assez proche pour me clouer le bec, la vague de colère qui suivit me fit déglutir et baisser les yeux.
— Alors, pourquoi ce mec se met à baver à chaque fois qu'il est avec toi ?
Je serrai les poings, la bouche tremblante. Il n'avait pas le droit de juger sans le connaître.
— C'est faux, il est comme un frère pour moi.
— J'ai vu sa main posée sur toi lors du match, on ne tient pas sa sœur comme ça.
— Il est couple, Priam.
— Et alors ?
— Et alors ? m'étouffai-je. Il est avec quelqu'un d'autre ! N'est-ce pas suffisant pour vous ?
Il ricana.
— Il y a parfois des sentiments qui ne peuvent être contrôlés, chérie.
Je retroussai le nez en refrénant un grognement. Priam soutint mon regard, les yeux plissés et flamboyants. À ce moment-là, j'imaginai très clairement le feu et la glace se combattre dans une démonstration de force où un seul des deux éléments ressortirait vivant.
— Qu'est-ce que ça peut vous faire ?
— Et, tu te poses la question ?
Son sourire moqueur se transforma en rire, il caressa ma joue puis remit une mèche de mes cheveux blonds derrière mon oreille. Le geste fut si expéditif que je n'eus pas le temps de me reculer. C'était comme si je l'avais rêvé et la colère bouillant en moi disparut aussi vite que la sienne.
Je clignai des yeux.
— Oui, je me pose la question. Ne riez pas, ce n'est p-pas drôle.
— Eh bien, Belle, tu le sauras le jour où tu arrêteras de me vouvoyer.
Ma gorge s'assécha.
— Je...
Son regard m'aspirait l'âme et dévorait le peu de rationalité qui me restait. Je le regardai avec de gros yeux, la bouche entrouverte. J'avais l'espèce d'impression que ses changements d'humeur déteignaient sur moi.
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K.O
RomanceBelle pourrait être la définition de la candeur et de la timidité à l'état pur. Victime d'un passé dont elle en a tiré tant de cicatrices, elle emménage à Brooklyn dans l'optique de tout recommencer à zéro. Priam Hidden, lui, est le boxeur du moment...