K.O

Chapitre 27 : Enquête

En entendant son fort accent du nord, je reconnus aussitôt le fameux inconnu qui m'avait contactée hier matin. Cet homme qui me cherchait maintenant depuis plusieurs mois si j'en croyais ce qu'il me disait. J'étais incapable de compter combien de fois son numéro était apparu sur l'écran de mon téléphone.

Toujours muette, je me sentais incapable de sortir un traitre mot de ma bouche. Je ne pensais qu'à une seule chose : Il savait tout.

— J'ai dû remuer ciel et terre pour retrouver votre trace. La justice a tendance à trop bien enterrer les pistes et ne laisse pas souvent le FBI entraver leur enquête quand elles ne revêtent pas d'une urgence capitale. Pourtant, l'affaire de Clyde commence à en devenir une, si vous voulez mon avis.

En l'espace d'une seconde, je me frigorifiai plus que je ne l'étais déjà.

— Clyde, v-vous dîtes ?

— J'enquête depuis plus d'un an sur cette affaire, mademoiselle Savanah. Je connais vos liens étroits avec cet homme, mais également pourquoi vous avez décidé de prendre la fuite de cette manière. J'ai notamment réussi à avoir accès à votre témoignage et à votre identité complète.

Il régurgita ces informations d'une traite et ce fut comme si je prenais une claque d'une force indicible sur les deux joues. Bam, bam. Dans ma tête, un incendie immense se propageait et détruisait tout ce que pour quoi j'avais tant sacrifié pour en arriver là. Ma vie. Mon identité. Ma famille. Mon avenir.

Bam, bam.

Le FBI était en train de se mêler à tout ça et je me sentais ironiquement bien moins protégée que j'étais censée l'être.

Si quelqu'un pouvait connaître la vérité alors pourquoi pas le reste du monde ? Et, pourquoi rien ne pouvait simplement rester secret ? Pourquoi le passé finissait sans cesse par nous rattraper ?

— J-Je ne veux plus être liée à cette histoire, bafouillai-je d'une voix fébrile en relevant mes mains d'un geste de protection pur et dur.

— J'en suis conscient, reprit-il sans se départir de son calme. Mais, je dois vous parler. La situation a bien changé là-bas à Miami depuis votre départ et votre situation est en jeu.

Je déglutis rien qu'en entendant le nom de cette ville maudite. Une foutue ville où un soleil de plomb régnait perpétuellement, un endroit où tout semblait flétrir à vue d'oeil sous une couche d'illusions écrasante.

— Venez, ne restons pas là. Personne ne doit avoir vent de cette conversation.

Il me fit donc signe de le suivre et plus le temps passa durant le trajet - un trajet plutôt court, à vrai dire -, plus je me perdis dans cette ville en me demandant comment je pourrais retrouver le chemin de l'hôtel.

Finalement, Doggson s'arrêta devant un restaurant si banal, si commun même que je ne doutai plus de sa profession. Il avait la démarche d'un habitant lambda, le regard parfaitement adapaté à chaque situation, même quand il a dû s'agir de nous commander quelque chose à manger sans paraître un brun suspect. Seul le petit carnet et le stylo qu'il garda dissumulé sur ses genoux me rappela qu'il n'était pas ici pour échanger des banalités.

— Je sais que ce n'est pas l'endroit idéal pour parler d'une telle chose mais nous devrons faire avec ce que nous avons. Et j'ose espérer que vous garderez cette conversation confidentielle, n'est-ce pas ?

Il leva un de ses sourcils, connaissant déjà la réponse.

— Clyde a des espions un peu partout et il serait fort regrettable qu'une oreille indiscrète se balade d'un peu trop près.