Chapitre 4

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La première journée se passa sans anicroche. Nathanaël entendit Emma s'affairer dans la maison. Colonel prit tout de même la peine de se lever pour faire connaissance avec la nouvelle venue. Après quelques reniflements, le chien sembla accepter la jeune femme et se laissa grattouiller derrière les oreilles quelques secondes avant de revenir auprès de son maître pour continuer sa sieste du matin. Nathanaël descendit une seule fois à midi pour vérifier que tout se déroulait comme souhaité et constata avec plaisir que son employée lui avait préparé une escalope de dinde à la milanaise accompagnée de petit pois carotte.

Il dégusta son plat rapidement puis retourna s'enfermer dans le bureau. À dix-sept heures, il alla la trouver dans la salle à manger. Elle était debout sur une échelle et passait un chiffon sur le grand lustre au-dessus de la table. L'air sentait le propre et le frais.

— Ah, vous êtes là. Regardez le torchon, lui envoya-t-elle fièrement. Ce lustre n'a pas été nettoyé depuis des siècles !

— Oui, et attention il est très préci...

Juste à ce moment, Emma fit un faux mouvement et se cogna le front.

— Aïe !

— Oh faites attention, descendez ! C'est dangereux, et puis cet objet vaut quand même...

Nathanaël n'acheva pas sa phrase de peur de vexer la jeune femme. Il ne voulait pas qu'elle pense qu'il s'intéressait plus à l'état de son lustre qu'à celui de sa tête (ce qui, en réalité, était la vérité).

— Oui, j'ai fini de toute façon, dit-elle en redescendant.

Arrivée en bas, Nathanaël put constater qu'une petite bosse apparaissait sur le front de la jolie rousse. Elle avait l'air épuisée, les bras et le visage salis de taches brunâtres. Il aperçut aussi dans ses cheveux des moutons de poussière.

— Alors ? Vous êtes heureux ?

— Heureux ?

— Bah oui, j'ai passé l'aspirateur partout au rez-de-chaussée et au premier, j'ai fait toute la poussière, récuré votre cuisine et votre salle de bain. J'ai changé vos draps, lancé trois machines de linge. Demain, je ferai les vitres et les chambres d'amis, et...

— Bon, bon, oui. C'est très bien.

— Donc c'est bon je suis engagée ?

— On va dire qu'on poursuit l'essai jusqu'à la fin de la semaine.

Nathanaël vit un splendide sourire irradier les lèvres de la jeune femme. Il fut étrangement ravi de cette réaction. Il n'avait pas spécialement eu l'intention de lui faire plaisir, mais maintenant que la joie illuminait son visage, il n'allait pas lui préciser que sa maladresse lui portait un peu sur les nerfs.

— Alors, est-ce que vingt-cinq euros nets de l'heure ça vous convient, sept heures par jour et cinq jours par semaine ?

— C'est pas vrai ? Non c'est vrai, ouah ! Jackpot !

— Je vous demande pardon ?

— Euh, pardon oui, bien sûr que ça me va ! Je vais me faire plus que ma pote à la boulangerie. Elle va être verte de jalousie, ajouta-t-elle avec un clin d'œil.

Nathanaël se surprit à sourire.

— Et puisqu'on y est, je vous demanderai juste deux choses. À l'avenir, soyez à l'heure. J'aime la routine. Et comme vous cuisinez plutôt bien, je veux bien que vous me prépariez aussi mes repas du soir.

Emma rit l'air mutin et acquiesça.

— Ah et demain, vous pourrez faire le deuxième étage, mais pas mon bureau. J'y travaille beaucoup et je m'occupe de l'entretien moi-même. Je n'aime pas qu'on touche à mes affaires donc vous n'y mettrez jamais les pieds. C'est compris ?

ZéladoniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant