C'est ainsi qu'en ce début septembre, à l'heure à laquelle Madame Foucault aurait dû arriver pour son ménage quotidien, quelqu'un actionna la sonnette du portail d'entrée. Colonel ne prit pas la peine d'aboyer alors que le retentissement de la clochette était plutôt un événement inhabituel en cette heure si matinale. De plus, tout le monde savait que Nathanaël ne fermait jamais à clé le portillon, afin de permettre à son jardinier, Monsieur Cambello, d'aller et venir à sa guise dans la propriété sans l'embêter. Nathanaël descendit les marches, laissant derrière lui son vieux chien qui ronflait à perdre haleine, et se rendit dans la cuisine pour décrocher l'interphone.
— Qui est-ce ? demanda-t-il.
Une voix bourrue, hachée par le microphone, répondit tellement précipitamment que Nathanaël ne comprit qu'un mot sur deux.
—... Brge... demande à... et voir en personne... des nouvelles... merci...
Bien qu'il aurait préféré renvoyer cet inconnu et retourner vaquer à ses occupations, Nathanaël fit un gros effort et à contrecœur, ouvrit le portail en appuyant sur le bouton dessiné d'une clé. Un petit homme chauve et replet s'engagea à pied sur le chemin en trottinant. Sa mallette à la main, il monta rapidement les marches du perron pour se retrouver devant Nathanaël qui l'attendait déjà sous le porche.
— Bonjour. Qu'y a-t-il ? Je n'ai rien compris de ce que vous avez dit dans l'interphone. Que puis-je faire pour vous ?
— Monsieur Parker-Scott, c'est bien ça ? dit-il d'un ton légèrement essoufflé.
— En chair et en os, répondit Nathanaël. Alors ?
— Et bien, bonjour, oui, je suis Monsieur Borgel, notaire.
Il fit une petite pause comme s'il attendait une réaction particulière de la part de Nathanaël. Ce dernier, agacé, l'invita d'un signe de tête à continuer l'explication de sa présence.
— Euh, oui, alors, euh, M. Parker-Scott, j'ai le chagrin de vous annoncer le décès cette nuit de, euh... Il ouvrit son top case et sortit rapidement un dossier. Ah oui, voilà, Madame Margarette Foucault, qui nous a quittés dans son sommeil, cette nuit. C'est sa sœur, vous savez, euh, Madame... euh...
— Madame Rieti, coupa Nathanaël.
— Oui c'est ça, elle l'a trouvée ce matin.
Nathanaël accusa le coup sans rien dire et continua de regarder M. Borgel froidement. Ce dernier se sentit obligé de rajouter précipitamment :
— Et je vous présente toutes mes condoléances pour cette douloureuse perte.
Après un bref silence, Nathanaël répondit :
— D'accord. Je vous remercie de vous être déplacé et de m'annoncer en personne la mauvaise nouvelle, mais ça n'explique toujours pas la raison de votre présence ici. Je suppose que j'aurais été informé par Madame Rieti dans la matinée.
— Oui, en fait, je suis là parce que Madame Foucault avait fait appel à moi il y a quelques semaines pour que je vous confie en main propre ceci.
Il chercha à nouveau dans son top-case et en ressortit une grosse enveloppe de couleur marron. Elle avait insisté pour que je vous donne cela le plus vite possible après son décès.
— C'est bien étrange. Dans ce cas, merci, dit Nathanaël en prenant le pli.
Comme pour se justifier, le notaire rajouta :
— Oui, désolé, il n'y a que ça, tout le reste de ses possessions est destiné à Emmaüs. C'était son vœu que tout soit offert sauf cette enveloppe scellée qui vous est adressée.

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Zéladonia
FantasíaEmma ne s'attend pas à affronter mille danger lorsqu'un millionnaire lui propose un poste de dame d'entretien dans son étrange manoir. Ce dernier, gardien d'un extraordinaire secret depuis plusieurs décennies, l'emmènera malgré elle dans un autre mo...