Chapitre 20

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Les six chevaux étaient de bonnes bêtes, probablement plus habituées à du travail de labour dans les champs qu'à des randonnées en altitude. Mais elles avanceraient d'un pas sûr sur le sol froid et dur de la montagne.

Le nouveau groupe, composé de Dina, Vyne, Benjun, Luen, Zara et Emma, progressait bien en ce début de journée. Les adieux avaient été rapides. Dina et Vyne avaient embrassé leur père et frère puis ils avaient enfourché leurs montures respectives pour se diriger vers le nord. Cette séparation était prévue depuis longtemps et les adolescents comprenaient bien qu'ils devaient fuir pour leur sécurité. Benjun avait également serré ses fils dans ses bras avant de partir. Ils étaient probablement plus habitués à se dire au revoir, car si le père de Stefan et Lance était un messager pour le compte du prince, il ne devait pas être très présent dans leurs vies.

Pendant ce temps, Emma, qui n'était jamais montée à cheval, suivait à la lettre les explications de Luen sur le positionnement de son corps sur la selle. Sans aucune appréhension, elle s'était installée sur l'animal comme si elle avait fait cela toute sa vie. Sa seule inquiétude était de faire mal à la bouche de sa monture et elle surveillait sans cesse que les rênes n'étaient pas trop tendues, cela malgré les insistances de Luen pour qu'elle les tienne correctement.

Benjun s'était positionné en tête avec Zara et Luen fermait la marche, laissant Emma au centre du cortège avec les adolescents aux mines fermées.

Cette première matinée de voyage fut très silencieuse. La fatigue de la nuit se faisait ressentir et Zara et Benjun ne se parlaient que pour échanger sur des questions de trajets à prendre. D'après ce qu'elle avait entendu, Emma comprit que Benjun avait l'habitude de se déplacer seul. Il allait et venait sur le territoire Terramont en quête d'informations et délivrait des messages à certaines personnes de confiance qui restaient vivre dans les terres. Il connaissait les routes par cœur et, chose très utile, les chemins trop fréquentés à éviter.

En revanche, il semblait mal à l'aise à cause du nombre de gens qui le suivait. Habitué à voyager en solitaire, il ne cessait de se retourner pour vérifier que tout le monde avançait sur le même rythme.

Une courte halte à midi permit à Emma de se rapprocher de Luen pour échanger quelques mots.

— Comment tu te sens ? s'enquit-il en l'aidant à descendre de cheval.

— C'est moi qui devrais te poser cette question, tu as une mine affreuse.

— Je récupèrerai quand on sera en sécurité dans le campement du prince.

— Je ne parle pas de ça. Que s'est-il passé cette nuit avec le joyau ? Est-ce qu'il t'a blessé ?

— Je ne sais pas Emma. C'était très intense. Au début, j'ai commencé à ressentir des petits picotements autour de mon cou. Ensuite, j'ai remarqué la lueur sur ta poitrine ; le joyau scintillait de manière inhabituelle. J'ai voulu m'approcher, mais le fourmillement est devenu une sorte d'étreinte qui a failli m'assommer. Et puis, Zara est arrivée et cela t'a réveillé. Tu sais, si tu as une graine contre moi, il suffisait de me le dire, ajouta-t-il avec son traditionnel sourire ravageur.

Emma lui rendit son sourire et elle eut envie de lui prendre la main, mais se ravisa en voyant l'expression sévère de Zara qui vint s'installer entre eux pour entamer le repas.

Le groupe reprit rapidement la route et Emma se retrouva à nouveau aux côtés des adolescents. Le terrain était plat, ce qui leur permettait d'avancer côte à côte, et elle décida d'amorcer une conversation pour faire passer le temps.

— Alors Dina, quel âge as-tu ?

— J'ai quinze ans, répondit-elle comme si on l'avait réveillée.

ZéladoniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant