Chapitre 9

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Lorsqu'elle ouvrit les yeux, la pluie avait cessé. D'après la luminosité, Emma pensa qu'il devait être environ vingt heures : le soleil était en train de se coucher. Des cailloux lui labouraient le dos. Elle décida de s'asseoir, lentement. La tête lui tournait et elle était gelée, les vêtements et cheveux encore trempés de l'averse diluvienne.

Puis, en regardant autour d'elle, Emma comprit que quelque chose clochait. Elle était étendue à côté d'un arbre aux racines extrêmement larges et découvertes. Ce n'était pas un chêne, et cet arbre-là avait l'air très ancien. Les statues des dryades n'étaient plus là non plus. À leur place, où elle s'attendait à les voir, se trouvait une stèle d'un mètre environ. Le sol était recouvert d'un tapis de feuilles et de la mousse verte poussait sur les petits rochers alentour. Elle devina qu'elle était au sommet d'une colline, mais elle ne parvenait pas à distinguer clairement son environnement tant la flore était dense. Les derniers rayons du jour commençaient à faiblir.

Emma savait qu'à ce moment précis elle aurait dû ressentir de la peur, mais au lieu de ça, elle était calme et sereine. Le froid le pénétrait toujours comme des pointes de lames acérées alors elle décida de se mettre en mouvement. Avant de partir, elle alla inspecter la stèle, pensant qu'une indication pouvait être inscrite dessus. En effet, sur le sommet de la stèle, gravée dans la roche, une rosace à quatre branches était éclairée par un dernier rayon de soleil qui transperçait les feuillages. Cette couleur feu, orange et ocre, lui rappela celle du joyau et elle se détourna de la stèle pour commencer à le chercher là où elle était étendue quelques secondes plus tôt. Elle le retrouva rapidement sous quelques feuilles, car le bijou irradiait de cette lumière si particulière qu'Emma avait pu voir quelques heures auparavant dans le jardin de Nathanaël. Elle prit le temps de détailler la pierre précieuse quelques secondes : le joyau faisait environ quatre centimètres de long et deux de large. Il était brut, il n'avait jamais été poli ou travaillé par la main de l'homme, malgré la présence d'un petit trou pour y faire passer une chaînette afin que l'objet soit porté.

Emma n'avait plus aucun doute sur l'endroit où elle se trouvait. Elle mit le bijou dans la poche arrière de son jean, à la place du calepin qu'elle y avait glissé lorsqu'elle avait quitté la chambre d'ami. Le bloc-notes était trempé et les questions qu'elle avait griffonnées étaient maintenant illisibles. Elle prit soin de le laisser près de la stèle, coincé entre deux gros cailloux sur la tranche. Elle le disposait de cette manière pour que l'objet indique la direction qu'elle comptait prendre. Elle ignorait si cela allait être utile, mais si Nathanaël était dans les parages, peut-être comprendrait-il qu'elle se trouvait ici également.

Ensuite, Emma commença à marcher en direction du soleil couchant, dans l'espoir de bénéficier d'un peu de lumière le plus longtemps possible. Ses Converses mouillées faisaient un drôle de bruit à chaque pas. Elle serrait contre elle ses bras pour se réchauffer. Lorsque le soleil ne fut plus suffisant pour l'éclairer, elle sortit son téléphone portable. Par chance, ce dernier n'avait pas trop pris la pluie et fonctionnait encore. Il indiquait qu'il n'y avait pas de réseau et qu'il ne restait que vingt-trois pour cent de batterie. C'était peu, mais Emma ne pouvait plus avancer dans l'obscurité. Elle lança l'application appareil photo et programma le flash. Elle put ainsi progresser quelques mètres supplémentaires. Cette randonnée improvisée n'était pas facile. Il n'y avait pas de chemin, le sol était inégal et glissant et elle devait souvent se baisser pour ne pas se faire griffer le visage par les branches basses des arbres.

De temps en temps, Emma percevait des bruits de craquements et elle se mettait à sursauter malgré elle. Elle se répétait en elle-même qu'il devait s'agir de petits animaux. À chaque fois qu'elle levait son téléphone pour regarder, elle voyait des ombres passer et cela lui faisait repenser au dessin animé Blanche Neige de Disney lorsque la princesse court dans la forêt. Cette scène angoissante lui revenait à l'esprit dès qu'elle éclairait les branches des arbres, alors elle décida de n'illuminer que ses pieds et de marcher droit devant elle. Elle ne savait pas si les bruits autour d'elle étaient l'effet du vent ou de son imagination. Sa coupure à la main la lançait par moment et elle craignait que la plaie ne se soit infectée.

ZéladoniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant