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J'évacue toutes ses pensées et court sous la douche pour être un minimum propre en allant la voir. Même si je sors du sport je veux être à la hauteur pour elle. Je n'ai aucunes idées de la raison de son appel et je dois bien avouer que ça m'interpelle plutôt.
Heureusement que j'ai ma moto pour me déplacer parce que certes le skate ça fait stylé mais la moto c'est bien plus pratique.
Il ne me faut que 5 minutes pour arriver à l'hôpital, je ne prend même plus la peine de m'arrêter à l'accueil. Je connais le numéro de sa chambre par coeur.
3ème étage. Couloir numéro 8. Chambre 3818. Voici où j'étais durant toutes mes journées et durant toutes mes nuits. Elle, elle a été forcé et contrainte, attaché à tous ses fils sans avoir le choix de ses mouvements. Elle ne pouvait plus rien. Ils l'ont plongée dans ce sommeil indéfini pour soit disant la sauver et la protéger. Toutes ces paroles n'étaient que des mensonges, à chaque fois que je me retrouvais à côté d'elle je ressentais tout son mal-être, toute sa souffrance.
Vous pouvez trouver ça étrange ou même bête mais je me sentais connecté à elle dans ces moments de calme où nous étions en tête à tête.
Je monte les marches 4 par 4, je connais ces escaliers par coeur. Chacun 18 marches. Il faut d'abord en monter 6, c'est à dire exactement 108 marches. Je le sais car chaque jour où j'avais peur d'aller voir Alex je les compter.
108 marches à monter puis on tourne à droite,on marche, on franchi une première porte, on continue de marcher, on tourne à gauche, on passe une autre porte. On regarde de chaque côté afin de trouver cette fameuse chambre. Maintenant je n'ai même plus besoin de chercher, je sais que c'est la dernière à droite.
Me voici enfin devant sa porte, je regarde ma montre. 5 minutes de retard, j'espère me faire pardonner. Après une bonne inspiration je pousse la porte.
Je la vois, ses genoux remontaient sur sa poitrine, ses bras les encerclant, sa tête posait dessus. En entendant mes pas elle lève la tête et c'est là que je vois. Je vois son si magnifique visage inondé par les larmes. Ses yeux sont rouges, totalement injectés de sang. Ses lèvres ont saigné, on y voit encore les marques de ses dents. Ses joues toutes humides. Malgré sa triste humeur, ses lèvres s'écarquillent en me voyant. Un splendide sourire vient illuminer son visage auparavant si terne. Je ne peux m'empêcher de m'avancer et d'ouvrir mes bras pour qu'elle puisse venir s'y blottir. Ce geste peut paraître mais lors de son comas j'avais l'habitude de la prendre dans mes bras et cette sensation me manque.

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