Histoire 16 : Hallucinations mortelle

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Le soleil couchant de fin d'été étale des flaques rougeâtres sur la mer. Le bruit des vagues murmure doucement sa mélodie tandis que la nuit tombe, fraîche mais agréable. Mes pieds avancent sur le sable sec. Il est encore tiède de la chaleur de l'après-midi. Au loin, un feu brille et s'élève. Il fera bientôt noir. J'aperçois raidement le petit groupe assis autour du feu de camp. Ils sont six, tous des adolescents du camp de vacances où je suis. Nous venons de la même école mais par un étrange hasard, n'étions pas proches avant ce camp.

Pour ma part, je dois dire que je garde mes distances avec les gens, donc je ne crois pas être une membre de ce groupe. Mais ils son les seuls que je connaissent, alors je traîne avec eux. Ce soir, c'est la dernière soirée de libre avant les retours à la maison. Malgré ma joie de retrouver mon lit, ma maison et ma liberté, je dois avouer que je regretterais un peu la mer. Mais quitter la bande d'adolescent assis en cercle me soulage d'un poids, car si je ne suis pas à l'aise en société, les derniers événements ont empiré la situation.

Alors que j'arrive presque à leur hauteur, j'entends Mathieu parler tout bas d'un air de conspirateur aux autres qui l'écoutent, penchés en avant. avant même d'entendre les mots clairement, je devine de quoi il s'agit.

- Et d'après la directrice, elle ne démordrait toujours pas de ce qu'elle à déclaré ce jour-là.

Ses cinq auditeurs soufflèrent, envoûtés par son histoire. Je serrai les dents et les poings, mais me retint d'intervenir avec violence. Après tout, il ne pouvait pas savoir. Et je crois bien que c'est le moment. Je fis un pas en avant et m'avançai dans le cercle de lumière. Tous sursautèrent. Certains prirent une mine gêné, d'autres effrayés. Mathieu s'arrêta de parler et se retourna d'un coup brusque.

- Tu... étais là ? articula-t-il.

Je m'assis près de lui avec un soupir.

- Oui, et je sais que tu parlais de moi. Des hallucinations de l'année dernière. Mais je n'ai jamais mentis.

Un lourd silence s'abattit sur le petit groupe. Tous mes "amis" se turent et me fixèrent, avides de détails. Il était probablement temps de raconter ce qu'il s'était passé. De leur révéler la vérité.

- Il y a un ans, commençais-je, alors qu'on allait en cours d'histoire j'ai vue une femme.

Je respirai un grand coup. 

- Elle était assise en plein milieu de la cour déserte, sur un tas de neige. On était en février et il y avait eu de grosses tempêtes, aussi il faisait un froid impressionnant. Mais elle ne portait qu'une chemise légère et des ballerines en soies noir.

Le visage de cette femme pâle me revint aussitôt en mémoire. Comment l'oublier ? Le souvenir me happa, et je racontais sans même réfléchir. Je sentais presque le vent de ce jour sur ma peau, qui...


... soufflait doucement en me faisant frissonner sous on manteau. J'avançais d'un pas dans la neige en fixant la femme. Sa chemise longue cachait ses jambes fines. Comment pouvait-elle tenir dans ce froid mordant ? Sa peau ne frémissait même pas.

- Madame ? demandai-je incertaine. Que faîtes-vous ici ? Tout va bien ?

Elle tourna son visage vers moi. Ses yeux me frappèrent aussitôt. Ils étaient pâles, vides de toute expression. Comme s'ils voyaient au delà de moi. Je regardai autour de moi pour chercher de l'aide mais la cour était vide. Et aucune fenêtre du bâtiment ne donnait sur cette partie de la cour. Donc personne ne nous voyaient. Je respirai un grand coup pour le donner du courage.

- Levez-vous, je vais vous aider. On va trouver... des gens auprès qui vous amenez.

Soudain, alors que je tendais la main, une impression étrange s'insinua en moi. Comme une oppression, de l'air plus étouffant. Pourtant le vent soufflait fort. Je rapprochais ma main tendu de la femme mais à chaque centimètre gagné, j'avais l'impression que l'air se chargeait.

- Jeeeeuuuune fiiiiiilllle, souffla la femme d'une voix basse.

- Que... quoi ?

- Jeeeeuuuune fiiiilllle. Viiieeens...

Sa voix n'était pas normal, plutôt inquiétante même. Mon cœur se mit à battre plus fort. Je voulus reculer pour aller demander de l'aide, mais la femme se releva d'un mouvement si vif que la vis à peine et m'agrippa la cheville. Je baissai les yeux vers elle et ce que je vis ne me plu pas : ses yeux vides étaient désormais rouges. Elle me sourit bizarrement.

- Laissez-moi partir, je vais aller chercher de l'aide.

- NON ! Enfiiiin je veeeeeux dire... Viiiien à moi jeeeeuuune fiiillle...

Son emprise se resserra. Je commençai à en avoir mal et poussai un cri d'alerte. Mais au lieu d'arrêter, la femme n'en sourit que plus. Son visage fin et beau se déformait, devenait laid de tant d'étrangeté. Sa chemise se souleva légèrement sous le vent. Alors que le tissus volait, une cicatrice pourrissante apparut sur son torse. A ma grande horreur, une gerbe de sang gicla et m'éclaboussa le visage.

- HIIIIIII !

Je poussai le cri le plus fort, le plus long et le plus désespéré de ma vie. Mais personne ne vint. Si mon cerveau se mit en pause, mon corps agit de lui-même. Ma main frappa de plein fouet le visage de la femme et bondit en arrière. Je fit volte-face pour courir mais un poids me plaqua au sol et des longs cheveux noirs s'étalèrent autour de moi : d'une façon ou d'une autre, elle m'avait rattrappé. Son sang coulait sur moi, dégoulinait. Son souffle rauque soufflait dans mon oreille. Un frisson d'horreur me parcourut, ma poitrine sur le point d'exploser. Mes cris perçant auraient du alerter mais c'était comme si mon lycée était désert.

- J'ai besoin de ton coooorps....

- NON LÂCHEZ-MOI ! AU SECOURS !

Elle rigola d'un rire suraiguë.

- Crier ne sert à riiiieeeen. Mon corps est trop abîmé, donne moi le tieeeen...  Il est si fraiiis...

Ses mains se posent sur mon crâne et une douleur insupportable commence alors. J'ai mal, je hurle, je me débat mais rien n'y fait : elle est bien trop puissante pour moi. quand je vois son visage se flouter, je comprends : elle veut me posséder. Virer mon âme de ce qu'on pourrait appeler une enveloppe charnel. Une panique sans nom m'envahit. Je me dis que je vais mourir, que c'est la fin, que...


je n'ai plus que quelques minutes avant qu'elle ne me possèdent et penne possession de mon corps. Je souffle et m'arrête dans mon récit, une bûche du feu qui craque me ramenant à la réalité. Tous les autres me fixent intensément.

- N'importe quoi ! lance Mathieu. Tu n'as aucune preuve, et pourquoi tu nous racontes tout ça maintenant ?

Je souris imperceptiblement.

- Pourquoi maintenant ? Parce que....

D'une main, je soulève mon T-shirt et de l'autre je le prends au col. Ma peau à nue apparaît, découvrant une blessure pleine de pus qui dégouline sur mes pores. Mathieu pousse un cri dégoûté et bondit debout mais ma main le retient. Tous les autres me fixent, incrédules. Alors je parle, de ma vraie voix basse et rauque.

- Cette jeeeeune fiiiillle avait un beau coooorps maiiis.... Il est pourris à présent, donne moi le tieeeeen....

Je me délecte des regards horrifiés des adolescents et pose mes mains sur le crâne de Mathieu. Ses premiers cris de douleurs commencent en même temps que ce de terreur de ses amis.

Le Recueil d'Histoire d'Horreur...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant