Histoire 11 : Un cœur ? Pour quoi faire ?

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Voilà maintenant un an que je vis seule dans un appartement proche du centre-ville pour continuer mes études, mais on ne peut pas dire que ce soit ce que je préfère. C'est dangereux pour une femme de rentrer seule tard le soir, et je dois avouer qu'après avoir terminée mes cours, je m'arrange pour emprunter des rues bien éclairés et qu'il m'arrive de courir en rasant les murs.

Mais un jour, les cours du soir finissent plus tard que prévue. Le professeur nous souhaite une bonne soirée en s'excusant de l'énorme retard que nous avons pris, range ses affaires et nous prie de sortir de la salle. Un peu effrayée par la nuit au-dehors, je regarde ma montre : 22 heure. J'espère ne pas faire de mauvaises rencontres, mon quartier n'est pas le plus sûr de la ville. Ces derniers temps, de plus en plus d'agressions, de disparitions ou même de meurtres ont été répertoriés. La police pense que c'est une seule et même personne qui fait tout ça, mais on n'a jamais réussis à l'attraper et le bonhomme court toujours. Mes amis vont tous rentrer chez eux le plus rapidement possible, personne ne peut me raccompagner et bien évidemment je n'ai pas de voiture, je rentre donc à pieds. Quelle poisse ! La prochaine fois, je sortirais de l'amphithéâtre avant que le professeur ne nous l'ordonne. Je balance mon sac sur mon épaule et commence à me diriger vers les portes qui donnent sur la rue. Le hall est désert à cette heure, seul mes pas résonnent sur le carrelage. Soudain, je vois une ombre se profiler derrière moi, silencieuse. Mon cœur rate un battement. Je pensais pourtant être seule ici, il me semblait être la dernière à être sortit. Je vois une main se tendre vers mon épaule, je me retourne d'un coup sec, la bouche prête à crier... et pousse un immense soupir de soulagement. C'est Thibault, un garçon de ma classe. Il sursaute face à ma réaction.

- Désolé, je ne pensais pas te faire peur !

- Ah, ce n'est que toi... Désolé, c'est moi qui ai paniquée pour rien. J'ai un peu honte de l'avouer mais je n'aime pas rentrer seul le soir quand il fait nuit.

Il sourit timidement et se gratte la nuque. Avec ses cheveux châtains et ses yeux bleus, il est plutôt mignon. On se connait depuis la rentrée, mais nous n'avons pas beaucoup parlés ensemble. Il me semble assez réservé.

- S... Si tu veux je peux te raccompagner. Tu habites où ?

Agréablement surprise par sa proposition, je lui indique mon adresse.

- C'est sur mon chemin ! Faisons la route ensemble, dit-il aussitôt. J'habite la rue d'à côté.

Je lui souris et acceptai sans hésitation. Après tout, ce serait l'occasion d'apprendre à le connaître un peu mieux, qui sait ? Peut-être qu'on s'entendrait bien. Alors que nous commencions à marcher dans la rue en parlant de tout et de rien, apprenant à nous connaitre, un bruit se fit soudain entendre sur une ruelle à notre droite. Je n'étais plus très loin de mon appartement à présent et mon premier réflexe fut de tirer Thibault par la manche dans un geste nerveux. Mais lui voulut aller voir, sans que je comprenne pourquoi.

- On doit savoir ce qui se passe, imagine qu'une fille soit en train de se faire agresser !

- Non Thibault je ne préfère pas, ça pourrait être dangereux.

Mais sans m'écouter, il partit droit dans la ruelle. Je commençais sérieusement à paniquer, surtout que je ne le voyais pas revenir. au bout d'un moment, je soupirais avec peur et serrais les poings. Il fallait que j'aille voir. A pas de loup, je m'approchais du coin de mur en regardant de tous côtés d'un air affolée. Puis, arrivée, je penchais ma tête pour essayer d'apercevoir ce qu'il se passait. Je ne vis que la silhouette de Thibault, immobile.

- T... Thibault ? Tout va bien ? Pourquoi tu ne bouges pas ?

Il se retourna mais je distinguais à peine son visage dans la pénombre. J'avançais encore d'un pas, faisant claquer mes talons contre le trottoir. J'arrivais enfin à ses côtés, le cœur battant. J'avais peur de ce qu'il allait me dire, s'il lui était arrivé quelque chose. Mais c'est seulement maintenant que je remarquais la présence de deux corps allongés par terre, devant lui.

- Mais... Qu'est-ce que...Ils sont blessés ? Thibault, il faut les aider ! Aide-moi à les relever.

Mais il ne fit rien, ne bougea pas. J'attribuais son comportement pour le moins étrange au choc de sa découverte et essayai de passer un bras sous l'épaule d'une jeune femme étendue. Mais sa tête tomba de côté bizarrement, puis roula au sol. Ne resta plus que son cou sanguinolent et un liquide chaud ses ma peau. Remplie d'horreur, j'allais pour hurler, mais la main de Thibault se plaqua soudain contre ma bouche. Le corps que je portais retomba à terre et je jetai un regard affolée à mon compagnon. Mais ce que je vis fut loin de me rassurer : un sourire morbide s'étirait sur son visage. Ce que j'avais prit pour de la peur était en fait une fascination malsaine.

- C'est bien, dit-il lentement, tu es tombé dans mon piège. Pourtant il était grossier. Je ne pensais pas que tu viendrais si facilement.

Il plongea la main dans sa poche et en sortit un sac plastique qui contenait un couteau, ainsi que des gants.

- Tu étais la proie idéale : naïve, désireuse d'être accompagnée et croyant comme tout le monde que j'étais un gentil garçon bien timide. Mais en réalité, personne ne me connaît vraiment.

Mon cerveau tournait à toute allure, mon rythme cardiaque était telle que je ne comprenais pas comment mon corps tenait le coup. Qui l'aurait cru ? Il avait l'air si gentil... Je me rendais compte, trop tard, que c'était la phrase typique des gens qui connaissaient un tueur en série. Une larme de désespoir me vint à l'œil quand je le vis enfiler ses gants et sortir le couteau plein de sang. Il va me tuer, pensais-je,me couper la tête comme l'autre fille derrière-moi. C'est la fin, je ne m'en sortirais pas.

- Tu penses que je vais te tuer ? rigola-t-il comme s'il lisait mes pensées. Crois-moi, je vais faire bien pire que ça !

- Tu n'as pas de cœur, articulais-je difficilement sous sa paume de main.

Il rigola de plus belle.

- Un cœur ? Pour quoi faire ?

Et à ma grande surprise, il plongea une main dans le sang des victimes pour m'en jeter une giclé au visage. J'essayai de me libérer de son emprise mais il était bien trop fort pour moi. Il continua ainsi son manège et déchira même ma veste. Puis, il leva le couteau et se coupa sur le bras. Le sang jaillit, rouge et éclatant de pureté. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait faire. Pourquoi se blesser volontairement. Soudain, il tendit l'oreille comme si il écoutait la rue et me jeta le couteau. Il retira ses gants, les fourra dans un vide ordure non loin et recula d'un pas, sourire aux lèvres. Je ne savais pourquoi il avait fait ça mais c'était ma chance. Je prenais le couteau entre mes mains, me relevais d'un bond en remerciant le ciel d'avoir fait du sport et m'élançais vers lui. A ma grande surprise, il se mit à hurler comme terrifié et détala vers la rue. Sans réfléchir, je lui courais après...  et atterrit dans la rue où un groupe de personne me regarda bizarrement.

- Aidez-moi, elle veut me tuer ! hurla Thibault en fonçant vers.

Et soudain, je compris avec horreur ce qu'il voulait faire. Je reculais d'un pas, mais c'était trop tard ; deux hommes me plaquaient déjà au sol. Je vis le trottoir se rapprocher dangereusement et vit Thibault sourire, sans que personne d'autre que moi ne le vois.


Cela fait maintenant trois ans que je suis en prison. Je n'en sortirais pas avant bien longtemps. Ce Thibault court toujours, en liberté. Après m'avoir accusé de l'avoir agressé, les policiers sont venus et bien sûr tout m'accusait : le témoignage de Thibault, le groupe de personnes qui disaient m'avoir vu le poursuivre, les empreintes de mes doigts sur l'arme, le sang des victimes, la blessure de Thibault... J'ai été jugée et jeté en prison. 

Je ne suis pas une criminelle. 

Mais si un jour je recroise ce salaud, je pourrais bien en devenir une.

Le Recueil d'Histoire d'Horreur...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant