Problème(s)

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Il me lâche sous le coup, parce que il ne s'y attendais pas, j'en profite pour tenter de fuir. 

Tu es lâche, Valentin.

Mais il me rattrape, parce que ma tentative n'avais aucune volonté, c'est comme si je voulais me faire casser la gueule, comme si je savais que c'est ce qu'il me faut, pour me réveiller, pour me remettre sur pieds, je ne sais pas. Sauf que Théo ne me frappe pas avec les poings, pas tout de suite. Il cogne avec les mots. 

"-Tu le frappais, lui aussi ? C'est pour ça qu'il est malheureux comme ça, qu'il  à eu si mal ? Qu'il restait accroché à toi malgré toutes tes conneries ?"

Ferme ta gueule Théo tu ne sais rien du tout. J'contrôle à peine mes mouvements. J'pourrais le clouer au sol tout de suite, lui faire avaler ses paroles, l'étouffer, le tuer, si j'voulais. Parce que peu importe ce que j'ai fais, il n'a pas à dire ça, si Cyril a un problème, c'est à lui de me le dire. Je ferme les yeux, puis je serre les poings. Putain. 

Les voix autour de moi sont sourdes, j'ai mal à la poitrine. 

*flashback 27/05/2016*

On sort dans un bar, Cyril chante, il est content, ses yeux brillent toujours.  J'aime quans ses yeux brillent, je lui parle, il m'écoute qu'à moitié, il à un sourire niais sur le visage, toujours cet air rêveur, heureux. Il est ailleurs, il à toujours l'air ailleurs. Il est beau. On commande, une pinte de bière chacun, c'est parti, la soirée commence. Et ce con me propose un cul sec, mais j'suis pas serein de ma capacité à avaler autant de liquide (j'vous tend la perche) alors je décline. Sage décision que je fais, j'imagine. Je n'ai pas envie d'être torché ce soir, je veux juste être bien, j'veux profiter de ces instants, au cas où ils viendraient à disparaître, parce que j'ai décider que demain je lui dirais tout ce que je ressens. Il me regarde souvent, je le regarde aussi, et on rigole, c'est peut-être con, mais c'est vraiment bien. 

*Aujourd'hui, lundi 4 mars 2019, chez Maxime*

Quand j'ouvre les yeux, Maxime est entre moi et Théo, il ne comprend pas la situation, j'm'apprête à m'excuser, mais j'me rend compte qu'il est en train de parler avec celui qui m'a blessé. 

"-Mais qu'est-ce qui te prends ? 

-Putain mais regarde dans quel état il a mis Cyril ! 

-Putain mais Théo c'est passé tout ça, faut évoluer, faut avancer ! 

-Tu vas te faire marcher dessus, Max. Tu vas finir comme Cyril, tu seras détruit, complètement isolé, et y aura personne pour t'aider. Accroche toi à lui, continue, tu verras bien où ça te mène.

-Tu es amère, Théo, parce que tu t'en veux de n'avoir rien vu venir. Mais ce qui s'est passé ne concerne que Cyril et Valentin. Et si tu as des comptes à régler, ne le fait pas pendant ma soirée d'anniversaire. Retourne avec Jordan, continuez à cracher sur le dos de Val, mais j'suis pas sûr que valiez mieux que lui, finalement."  

Bien sûr qu'ils valent mieux que moi, Maxime. Tout le monde sur cette foutue planète vaut mieux que moi. Il n'a pas remarqué que j'étais réveillé et que j'avais entendu toutes ses paroles alors, lorsqu'il se tourne vers moi, il semble surpris, bien que soulagé. Théo s'en va, un oeil mauvais posé sur moi. Peut-être qu'il aurait du frapper plus fort, comme ça, je ne me serais plus jamais réveiller, si ça se trouve, qui sait ? Maxime s'avance vers moi, pour m'aider à me relever, il tire sur mes bras, à la manière que Cyril l'a fait deux ans et demie auparavant, mon coeur se serre, je me lève, difficilement. J'ai mal. Max me parle, mais je sens tout mon être qui se détruit lentement, comme si ce coup m'avait brisé en deux. Pourtant, il n'a frappé qu'avec des mots, ou bien je ne me souviens pas. Je crois qu'il m'a frappé pour de vrai mais que j'étais ailleurs. Finalement, je me rend compte que ma lèvre saigne lorsque le petit brun m'entraîne dans la salle de bain pour me soigner. Il me parle, mais je n'entend pas, je vois sa bouche qui bouge, je sens le coton imbibé d'alcool sur mes plaies, je sens le picotement qu'il produit, mais je suis incapable d'entendre ce qu'il me dit. J'crois qu'il y a des nuages dans ma tête, des orages, des tempêtes. 

Comme je ne l'entend pas, je décide de le lui dire, mais je n'y arrive pas très bien, j'suis pas dans un bon état. J'suis détraqué, j'suis bousiller, j'suis cassé. 

"-J'peux pas.. Entendre." 

J'lui montre mes oreilles, car je sais pas ce que j'ai dis. Je crois que j'suis sonné, j'espère que je suis juste sonné. Je vois l'expression sur le visage de Max s'assombrir, puis, une idée semble germer dans son esprits, il écrit sur son téléphone, puis me montre. 

"J'étais en train de dire que tu devais pas écouter Théo ou Jordan ou qui que ce soit d'autre, parce que si Cyril en est là aujourd'hui, c'est sûrement pas à cause de toi."

J'crois qu'une larme roule sur ma joue, larme qu'il s'empresse d'essuyer, avec un sourire bienveillant. Je ne le remercierait jamais assez d'être là pour moi. J'ai envie de le serrer dans mes bras. Mais je n'suis pas sûr que c'est ce dont j'ai besoin. Enfin si, je suis sûr que c'est ce dont j'ai besoin, mais je ne suis pas sûr de mériter du réconfort. Pourtant, c'est comme si je ne contrôlais plus rien, ça m'arrive fréquemment ces derniers temps d'ailleurs. En tout cas, mes bras se tendent vers Maxime, comme un gosse qui réclame un câlin. Pitoyable. Pourtant, il me serre contre lui, il me rassure, et j'entend enfin sa voix. 

"-Tout va bien Valentin. Tu n'es pas une mauvaise personne, tu as fais une erreur qui a rendu notre ami triste, qui peut donc se vanter de n'avoir jamais fait de peine à quelqu'un ?" 

Et j'espère qu'il à raison. Mais je n'en suis pas si sûr. Il me berce contre son torse, et je m'entends m'excuser mille fois. Je m'excuse pour son anniversaire, pour le fait d'avoir tout gâché. Je m'excuse d'être ce que je suis. Je m'excuse de ne pas être un bon ami, et lui, il ne dit rien. Il se contente de me serrer un peu plus fort contre lui. Et je ne sais pas si ça répare mon coeur ou si ça le fait fondre, mais je sais que quelque chose se passe, là où je pensais que plus rien ne pouvait battre, dans le creux de ma poitrine, c'est comme si j'arrivais à respirer un peu mieux. 

HurtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant