Suicide

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Mais vient le moment de se détacher. Les deux pleurent autour de moi, mon cœur saigne mais aussi, on dirait qu'il s'apaise. Quelqu'un entre dans la pièce, je ne sais pas qui c'est et c'est normal puisque c'est un infirmier.

"-Monsieur Palun aurait besoin de repos.. Si vous pouviez quitter la pièce d'ici dix minutes s'il vous plaît, c'est souvent très fatiguant, de se réveiller."

Intérieurement je rigole, mais pourtant il a raison, je suis crevé. Genre vraiment, j'ai jamais été aussi fatigué que ça de toute ma vie. J'aquiesce doucement tandis que le garçon sort de la chambre, me laissant à nouveau seul avec Maxime et Cyril.
D'un regard désaccordé Maxime comprend qu'il doit quitter la pièce ; le rouquin veut me parler.
Le jeune brun à lunette part alors, sans que j'ai mon mot à dire, je le regarde partir, tristement.

Je suis désormais seul avec mon amant. Mon ancien amant ?
Je le laisse parler ; je n'écoute pas. Je le vois s'excuser ; je n'entends pas. Je sais ce qu'il dit ; je ne le crois pas.

Je le regarde, vide. Pourtant, mon cœur bat vite, pourtant, il m'a manqué. Je ne sais pas quoi lui dire. Je n'accepte pas ses excuses. Je ne veux pas le lui dire. Je le regarde, toujours sans rien dire.
Il s'approche, comme un félin. Son visage est près du mien, ses lèvres à quelques centimètres des miennes. Il s'apprête à franchir les dernières limites pour venir les poser sur les miennes.

Mais je recule.

"-Non.

-Non ?

-Va dire à Maxime que je veux le voir."

Tiens, il semble dépité. Mais c'est pas parce que c'est son anniversaire qu'il est en droit de tout faire, malheureusement pour lui, ça ne marche pas comme ça. Il s'en va, la rage au cœur, je le sais.
Enfin je m'en doute, parce que il n'a pas demandé à Maxime de venir, exprimant par là sa rancœur. Alors je suis resté seul, jusqu'à ce que le sommeil me gagne.
Il ne m'a pas gagné réellement. C'était comme si j'étais là sans l'être vraiment, comme depuis le début, comme depuis que j'ai compris que tout ça n'était que dans ma tête.
Je me réveille alors d'un sommeil inexistant, lorsque j'ouvre les yeux, je balaye la pièce du regard, et je ne vois personne.
J'ai envie de me lever, tout d'un coup. Ça fait longtemps que j'ai pas marché, tiens ça fait combien de temps que je suis dans le coma d'ailleurs ? Que je réfléchisse un peu..

Je me suis, semble t-il, réveillé le jour de l'anniversaire de Maxime. Mais je me suis réveillé dans l'inconscient, je me suis réveillé seulement de manière théorique. Je n'étais pas vraiment là. Alors est ce que j'ai essayé de me suicider se jour là ? Si j'ai fait ça c'est vraiment affreux et pourtant.. Ça ne m'étonnerait pas vraiment..
Peut être que je l'ai fait un jour avant je.. Je sais plus trop je..
Ma tête me fait mal, c'est étrange. Je ferme les yeux, pour essayer de me concentrer un peu mieux, j'y parviens.

Je me revois, chez Maxime. Je revois Théo qui vient vers moi.. Il ne me frappe pas, il.. Ne me provoque pas.. Il.. S'excuse ? Est-ce qu'il s'excuse ?
Jordan arrive à sa suite, ma tête tourne alors de plus en plus, mes yeux aussi, ma vue se trouble et je perd l'équilibre. Je tombe, je tombe dans un trou sans fond dans lequel je m'enfonce. Dans lequel chaque mouvement ne fait que m'enterrer plus profondément, et enfin, je touche le sol. J'ouvre les yeux, je suis sur le canapé. Tout le monde est encore là, je vois Cyril au loin, qui me guette du coin de l'oeil. J'ai mal au cœur ; je pars.
À ce moment là, nous sommes en froid, je viens d'apprendre le matin même sa liaison avec Théo. Cyril titube, et moi aussi d'ailleurs, sauf que je ne le sait pas encore ; je suis assis.
Il s'avance vers moi, et je me lève, quand il arrive suffisamment proche de moi, je m'apprête à partir mais malheureusement, j'ai trop bu, peut être plus que lui, et je manque de lui tomber dessus. Heureusement, quelqu'un derrière moi me rattrape par le bras. Je remercie mon ange gardien et en même temps je le haïs ; peut être qu'au fond je voulait ce contact avec Cyril.
Je me tourne pour voir qui m'a empêché de trébucher et c'est sans surprise que je vois Max.
Je lui souris, il me souris. Je lui dis de ne pas oublier d'ouvrir son cadeau, que je lui tend. Il le prend, et avant qu'il n'est le temps de me remercier, je pars.

En bas de son appartement il y a un vendeur de rose à la sauvette.

"-J'en voudrais douze s'il vous plaît.

-Douze roses rouges ? Une demande en mariage ?

-Non. J'en veux onze noirs ou mauve peu importe, et une blanche, s'il vous plaît.

-Mais, ça ne signifie rien... Dans le langage des fleurs..

-Mais l'Homme crée du sens partout, il finira par le faire aussi.

-Il ?

-Donnez moi mes fleurs."

Il me regarde, perplexe, avant de me tendre mon bouquet, son bouquet. 60€ la rupture tragique, 60€ le suicide.

Est ce que j'ai vraiment fait ça uniquement pour me venger ? J'suis le dernier des connards dans ce cas là, il m'a trompé mais je ne suis pas con à ce point..
M'enfin, qui sait ?

Je ne me souviens pas très bien.


J'ai mal au crâne.


HurtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant