Crise

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Vous savez, ça peut être vraiment difficile la vie.
Et elle l'était pour Valentin, elle l'était tellement que le pauvre garçon ne pouvait plus respirer, ne pouvait plus penser, alors son cerveau a demandé une pause et le voilà étendue au sol, inconscient.
Crise d'angoisse qu'on appelle ça, on met un mot sur un état d'esprit et on oublie souvent que c'est un appel à l'aide. Que c'est un signal de détresse mais au lieu d'allumer un voyant comme dans une voiture on éteins son corps, on éteins son cœur, on éteint sa vie même parfois.
Et pour éviter ça quelques fois il y a des gens, des personnes, des êtres humains qu'on appelle docteurs ou qu'on appelle pas. Des sauveurs, des anges, des professionnels ou des random, ceux qui savent, ceux qui comprennent. Et ce soir là il y avait Maxime.

Maxime, agenouillé aux côtés de son ami. Maxime un verre d'eau à la main. Maxime neutre, Maxime qui garde son calme et qui regarde juste le corps inerte de Valentin. Maxime qui ne ressent rien. Qui semble n'en avoir rien à faire. La vérité n'est pas là.
Non, la vérité c'est qu'il à déjà vécu cela tant et tant de fois, les crises d'angoisses, il en a tellement fait qu'il sait gérer ça, qu'il sait que ce n'est rien. Qu'il suffit d'attendre.
Et il attend, longtemps. Jusqu'à ce que Valentin se décide enfin à se réveiller.

Et Maxime ne dit rien, il se contente de lui tendre le verre d'eau, tout en se relevant doucement. Sans un mot, juste avec un regard bienveillant. Il ne semble même pas inquiet, il ne semble rien n'être.
Peut être n'est il plus que sa propre silhouette.
Valentin ne comprends pas, Valentin le regarde, interrogeant du regard, tandis que le brun à lunettes retourne dans le lit. Le rider le suit, silencieusement et l'ambiance de la pièce commence à lui peser sur le cœur, c'est étrange.
Lorsqu'il se glisse aux côtés de Maxime il se décide enfin à prendre la parole.

"-Merci."

Un hochement de tête lui répond, puis on entend le clic distinctif d'une lumière qu'on éteins et les revoilà plongés dans le noir. Les voilà seuls à nouveau, avec leur pensées.
Surtout Valentin, qui se remet à réfléchir, ce qui, entre vous et moi n'est pas très futé. Ou peut être bien que si, après tout qui suis-je pour savoir ?

On entend la couette se froisser, on entend les battements du cœur de Valentin, dans la nuit, on entend tout. Le silence et l'angoisse qui l'accompagne, la douleur et la peur. Et ce soir il y avait tout ça dans les gestes de Valentin, il y avait la couette qu'on sert trop fort, la respiration saccadée, les mouvements de pieds, les mots timides.
Et le silence que l'on brise.

"-Maxime.

-Hm?

-Maxime j'ai peur.

-De quoi donc ?"

De quoi donc avait il peur ? De l'aimer, de l'amour ? De Cyril, de la mort ? De la vie, de la suite ? Du passé, ou bien de l'avenir ? De quoi avait-il peur ? Ça n'avait pas de sens. Alors il ne répondit pas, parce qu'il ne savait pas. Il n'avait aucunes foutues idées de ce qui l'effrayait.

Mais la voix cassé de Maxime revint combler le vide qui s'était installé entre eux.

"-Moi aussi des fois, ça m'arrive d'être effrayé.

-Comment tu fais pour.. Aller mieux ?

-Comment tu fais toi ?

-En général j'attend que ça passe et.. Puis c'est tout.

-Et que crois tu que je fais ?"

Nouveau silence, le ton employé par Maxime était simple, pourtant il voulait dire beaucoup de choses.

"-Maxime, est ce que tu vas bien ?

-Disons que je suis pas au top de ma forme, mais j'ai pas envie de m'appitoyer sur mon sort, parce que je ne suis pas comme ça et que je préfère transformer les mauvais souvenirs en souvenirs acceptables. 

-Et comment tu fais ? 

-J'essaie de rendre les gens heureux." 

Et c'était vrai, il essayais, il y parvenait même, cependant, ça n'arrangeait pas vraiment Valentin cette réponse, parce que lui il était effrayer, et que si il rendait les gens heureux, certes il pourrait se sentir mieux. Mais il aurait toujours peur. Vous comprenez ce que je veux dire ? Si seulement il n'y avait que sa conscience à soulager cela pourrait fonctionner. Mais il y avait aussi son coeur et son esprit, il y avait son âme, il y avait tout son être à sauver. Et rendre les gens heureux, même si c'est noble, il n'était pas certain que cela pourrait l'aider. Cependant, il décida de ne pas en dire mot à Maxime et se contenta d'un silence en guise de réponse. 

Quelques minutes passèrent et, alors que Valentin sombrait dans un sommeil certain, il entendit un petit sanglot étouffé, dissimulé dans la nuit, dans l'éclat de la lune. Il ne savait pas trop quoi en penser, avait-il seulement rêvé ? Incertain il réalisa cependant que ce petit sanglot venait probablement de Maxime alors, puisque les mots n'auraient pas suffit, ce fut à son tour d'amener le brun vers lui. Il se tourna doucement de manière à être face à lui, mais ce dernier était de dos, alors Valentin se rapprocha un peu, jusqu'à ce que son bassin soit presque en contact avec le bas du dos du brun. Pour le moment, ils ne se touchaient pas et si Maxime n'était pas attentif, il pourrait très bien ne pas savoir que Valentin s'était rapproché. 

Valentin qui d'ailleurs, vint murmurer dans le creux de l'oreille de Maxime de se retourner. Lorsque le brun fut face à Valentin, il se sentit gêné, c'est vrai, cette proximité avait quelque chose d'inhabituel, enfin, certes, il l'avait pris dans ses bras il y a de ça quelques instants. Certes ils étaient proches mais là.. C'était bizarre. Maxime ne savait pas quoi dire, alors, une dernière fois dans la nuit, il brisa encore un silence pesant. 

"-Je, j'aimerais dormir Valentin maintenant."

Et il se remis dans sa position initiale tandis que l'ont put entendre le froissement des draps, signifiant que Valentin s'était éloigné, pour terminer sa nuit, ou du moins, essayer.  

HurtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant