Souvenirs

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Doucement je me redresse, m'écartant de cette étreinte réconfortante. J'me sens pas super bien, j'imagine que c'est tout à fait légitime. 

"-Je vais rentrer chez moi je pense..

-Tu veux pas qu'on parle un peu d'abord ? Comment tu te sens ? 

-Je, ça va, Max, j'suis juste un peu fatigué, tu sais.."

Je soupire lourdement, pour qu'il comprenne, pour qu'il pense que c'est juste la fatigue, comme je le prétend. Mais c'est bien plus, j'ai si mal. Les paroles de Théo raisonnent dans ma tête. "tu penses qu'il va bien ? Tu le frappais ? C'est pour ça qu'il restait". Pourquoi est-ce que je ne lui ai pas demandé de fermer sa grande gueule ? Bien sûr que non, je n'aurais jamais osé lever la main, sur personne, alors encore moins sur celui que j'aimais. Bordel, mais pourquoi est-ce qu'ils m'en veulent tous autant ? Je n'ai rien fais.. Je n'ai rien fais pour qu'il devienne si triste. Putain de merde. J'ai besoin d'air, j'ai besoin de respirer. Qu'on me laisse, putain, qu'on me laisse vivre !

"-Je suis désolé Maxime je, j'ai besoin d'air tu comprends, j'étouffe ici, avec eux.. J-je.. J'ai du mal. 

-J'comprends j'aurais pas dû les inviter..

-Tu déconne ? C'est moi qu'il fallait pas inviter, Maxime. J'suis pas à la hauteur, j'suis plus personne, j'y arrive pas tu comprends ? Bientôt, ça fera sept mois que je ne suis plus avec lui, et il  est toujours là, il sort pas de ma tête, et ça me ronge, il me manque, mais il répond plus à mes messages. Et j'ai si mal."

Le sourire de Max tombe, il semble presque aussi triste que moi, il me tend une nouvelle fois ses bras, j'aimerais partir, mais c'est son anniversaire, alors je le serre contre moi, comme si ça allait changer les choses, comme si j'allais oublier tout mon mal être. C'est une illusion, un cachet, un anti-douleur. Mais ça ne dure jamais longtemps, et quand l'étreinte se finit une nouvelle fois, mon coeur redevient vide. J'ai peur de ne plus jamais pouvoir le remplir. 

*flashback 28/05/2016*

Il est en train de regarder la télé, c'est un documentaire sur les animaux de la savane, à l'écran, il y a un jeune lionceau. Le rouquin semble captivé par ce qu'il regarde, je m'approche doucement de lui, et c'est à mon tour de le surprendre, comme il l'a fait la veille. Quand je le touche, il ne réagit pas. 

"-J'ai vu ton reflet, dans l'écran. 

-Ah.

-Ouep."

Raté.
Je viens m'assoir à côté de lui, et le voilà qui replonge vite dans son documentaire. Il me fascine, la façon qu'il à d'écarquiller les yeux, de se mordre légèrement la lèvre, quand il est concentré, de jouer avec son pouce gauche et son index droit. Sa casquette à l'envers sur ses cheveux mi-longs couleur flamme. Il faut que je lui dise aujourd'hui, mais je ne trouve pas mon courage, peut-être que la manière la plus simple serait juste de le dire calmement, doucement. 

"-Cyril..? 

-C'est bien moi !

-Écoute..-"

*lundi 4 mars 2019, dans la rue*

J'suis sorti, parce que j'en pouvais plus, parce que ma tête tournait, parce que leur regard m'opressait, parce que Maxime n'aurait pas eut la soirée qu'il mérite, pas avec moi pour gâcher l'ambiance. Alors j'suis sorti, pour me retrouver seul dans la rue, parce que j'arrive plus à respirer, au milieu de la foule, au milieu du monde, de ma vie. J'ai besoin d'une pause, j'ai besoin de réfléchir, j'ai besoin de lui. J'ai besoin de Cyril. De son parfum, de ses bras, de ses cheveux roux. J'ai besoin de ses lèvres, de son goût, de son corps. De son réconfort, de son rire et de ses yeux qui brillent, j'ai besoin de le sentir contre moi, de l'aimer lui. Mais j'peux pas, j'ai laissé passer ma chance, j'peux pas revenir, il répond même plus, il peut pas me voir. Si il savait comme je regrette, mais c'est bien fait pour moi, n'est-ce pas ? J'ai bien merdé aussi, faut l'dire.  

Je saurais pas expliquez où, je saurais pas dire comment, ni pourquoi, parce que putain je m'en souviens plus très bien, c'est flou. Mais un soir j'suis rentré et il m'attendais, il avait tout préparé, comme si c'était une occasion spéciale, comme si y avait un truc particulier, ce jour là. Et moi j'ai pas compris, je l'ai embrassé, je l'ai serré dans mes bras, j'ai dîné avec lui. Il était beau, il était magnifique, ce soir là, je sais pas, c'était comme si y avait quelque chose de spécial, chez lui, encore plus que d'habitude. Et je prenais conscience de la chance que j'avais de l'avoir avec moi.

Pourtant, j'avais cette odeur sur moi, qui n'était pas la sienne. Cette vieille odeur de culpabilité. Celle qui me suivait partout depuis que je l'avais trompé. Depuis qu'on s'était disputé, la semaine d'avant. Je sais plus, ce qui nous avait pris, mais on s'était engueulé, on s'était bien engueulé putain. Et bordel de merde, pour me calmer j'étais sorti, j'avais bu, j'avais beaucoup bu, puis j'ai oublié le reste de ma soirée. J'me souviens juste de m'être réveillé dans un lit qui n'était pas le miens. A côté d'un corps féminin, que je ne connaissais pas. J'avais bien merdé. 

Et ce soir là, ce soir là il avait tout fait pour que l'on fasse la paix, pour que ça aille mieux, parce que la dispute était parti de rien et qu'il s'en voulait.
Je me souviens maintenant ; il était jaloux d'un de mes potes au BMX et c'est de là que c'était parti je crois. C'est peut être pour ça que je l'avais trompé : pour qu'il ai une raison d'être jaloux à ce point.

Mais quel connard j'avais été. Et voilà qu'il regrettait, qu'il s'était mit sur son 31 pour se faire pardonner, pour reconquérir un cœur qui lui appartenait déjà, pour me récupérer moi, pauvre con qui, à la première occasion, était parti voir ailleurs.

*Flashback 28/05/2016*

"-Je crois que je suis amoureux de toi, Cyril."

*Aujourd'hui, lundi 4 mars 2019, chez Valentin.*

Je me souviens de ça, et que nous nous sommes réconcilié sous les draps. Puis que ma culpabilité n'a fait que grandir, jusqu'à me faire arriver là.

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Il est difficile un peu ce chap car il mélange flashback et souvenir dans le présent mais qui parle du passé je sais que c'est pas clair je suis complètement désolé mais ça deviendra plus clair après normalement

HurtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant