« Papa ! »
Guillaume sourit discrètement en entendant Héloïse crier en sautant de ses bras. La gamine était une vraie alarme de la présence de son père. Il se tourna vers lui et son sourire s'agrandit en le voyant enlacer sa fille, accroupit au sol pour être à sa hauteur. Aurélien était radieux malgré la légère fatigue qu'il lisait sur ses traits, les yeux clos et entourant sa fille de ses bras. Il ouvrit les yeux quelques secondes plus tard et leurs regards se croisèrent, lui envoyant une décharge électrique dans le cœur. Aurélien passa une main sur les cheveux blonds d'Héloïse et se recula pour se remettre debout.
« Tu vas chercher ton cartable, mon ange ? »
La petite fille hocha la tête et se précipita vers le bureau au pied duquel elle avait laissé son cartable. Guillaume sourit à Aurélien qui lui souriait d'un air timide, semblant hésiter à venir lui parler en premier, et il rangea ses affaires dans son sac avant de s'avancer vers lui.
« Salut, Aurélien.
— Bonjour Guillaume, lui répondit-il dans un sourire intimidé. Comment tu vas ? Ton week-end s'est bien passé ?
— Très bien, lui sourit Guillaume en entendant le petit accent dans sa voix, qu'il s'empressa de qualifier d'adorable. C'était vraiment bien, ça faisait longtemps qu'on voulait s'organiser ça avec mes amis. Mais je dois avouer que j'avais très envie d'être à ce soir, pour te revoir. »
Aurélien rougit légèrement et lui décocha un petit sourire timide. Guillaume s'insulta mentalement lorsqu'il pensa que ce n'était pas seulement son accent qui était adorable, mais lui tout entier. Héloïse les rejoignit et tendit son cartable à son père avant de prendre sa main à lui.
« Je vois, rit Aurélien. Si c'est comme ça... »
Il attrapa le cartable et secoua la tête en souriant doucement, avant de se mettre à marcher. Guillaume rit et sourit à la petite fille, puis le suivit dans le couloir. Il ferma la porte à clés derrière lui et les déposa au secrétariat de l'école primaire en passant devant en sortant.
***
« Papa, arrête de raconter des bêtises ! » s'écria Héloïse lorsque son père lui expliqua à quel point il avait dû batailler avec elle le matin-même pour pouvoir la coiffer convenablement, malgré sa panne de réveil.
Guillaume rigola et secoua la tête en regardant la petite fille d'un air bienveillant. Ils étaient en train de manger des pâtes carbonara qu'il avait préparé pendant qu'Aurélien avait accompagné sa fille se doucher. Il en était sorti quelques minutes plus tard, complètement trempé, et Guillaume lui avait demandé ce qu'il s'était passé dans cette salle de bain en rigolant. Je crois que j'ai fait une fille un peu trop expressive quand elle raconte des histoires, lui avait répondu Aurélien en souriant et Guillaume avait été fasciné par les petites rides de bonheur qui étaient apparus au coin de ses yeux. Au moins tout autant que la petite fossette qui avait fait son apparition à la commissure de sa bouche. Aurélien était allé se changer rapidement et s'était excusé, en revenant dans la cuisine, de l'avoir encore une fois laissé cuisiner à sa place. Guillaume avait haussé les épaules en répondant que c'était trois fois rien et Héloïse les avait rejoint, habillée de son pyjama rose pastel. Le diner s'était bien déroulé, et une ambiance chaleureuse avait prit place dans la petite salle à manger alors qu'ils discutaient de manière enthousiaste et se racontaient des anecdotes de leur vie passée.
Aurélien alla coucher sa fille après le repas, après lui avoir fait promettre de ne pas toucher à la vaisselle, et Guillaume alla quant à lui s'asseoir dans le canapé, un fin sourire sur les lèvres. A cet instant précis, il était heureux. Il tenta de se rappeler la dernière fois qu'une personne lui avait fait se sentir aussi bien mais il abandonna, n'ayant aucune envie de fouiller dans des souvenirs trop lointains. Il jeta un petit coup d'œil en direction de la chambre d'Héloïse, de laquelle sortait la voix douce d'Aurélien qui était en train de lui raconter une histoire en français, et sourit d'un air apaisé avant de fermer les yeux et de poser sa tête sur le dossier du canapé, écoutant distraitement sa voix étouffée de là où il était.