« C'est bon, elle dort. »
Guillaume sourit tendrement à Aurélien, qui sortait de la chambre de sa fille, avant de se tourner vers celle-ci, qui dormait à poing fermés dans son petit lit, le pouce dans la bouche et son lapin en peluche bien serré contre elle. Une vague de béatitude l'assaillit alors et il se tourna vers Aurélien à ses côtés, perdu lui aussi dans la contemplation de sa fille endormie.
« Tu as fait du bon boulot le jour où tu l'as faite, hein. » dit-il dans un sourire malicieux en posant une main délicatement sur son épaule.
Aurélien rit doucement et son sourire s'agrandit en voyant les petites rides au coin de ses yeux se creuser. Il pressa légèrement son épaule, caressant ainsi légèrement sa peau de son pouce par-dessus son tee-shirt, et Aurélien lui sourit tendrement. Ce dernier s'éloigna doucement en direction du salon, après lui avoir fait signe de le suivre de la tête. Sa main glissa le long du bras du plus jeune et il le suivit, comme hypnotisé.
Il vint s'asseoir à ses côtés dans le petit canapé et il observa avec une tendresse inégalée Aurélien caresser de ses doigts son attelle par-dessus son poignet, d'un air nerveux.
« Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Guillaume dans un murmure à peine audible.
— Je suis nerveux, répondit Aurélien en lui lançant un petit regard timide à travers sa frange noire tombée sur ses yeux.
— Nerveux ? Par rapport à quoi ? chuchota Guillaume dans le silence du petit appartement.
— Tu sais... murmura Aurélien en se mordant la lèvre. Par rapport à... au baiser...
— Faut pas t'inquiéter pour ça, Orel... sourit Guillaume en approchant lentement sa main de son visage, afin de dégager sa frange. Tout va bien se passer. Je suis pas un monstre, je sais être doux quand même... »
Il passa ses doigts délicatement dans sa frange et cala les quelques mèches rebelles, dont une était blanche, derrière son oreille.
« Je peux... être délicat, moi aussi. » dit-il en pensant à ce qu'il lui avait dit la veille.
Plus personne ne m'a touché après Sophia.
Il se rapprocha doucement du plus jeune et se pencha lentement vers son visage, lui laissant le temps pour se reculer s'il n'en avait pas envie, et frôla ses lèvres des siennes. Ces dernières se touchaient à peine et il ressentit déjà comme une décharge électrique dans tout son corps. Sa main était délicatement posée sur la nuque d'Aurélien et il ferma les yeux :
« Dis-moi... de continuer, et je te le prouverais, Aurélien. »
Il sentit le souffle frais du plus jeune sur ses lèvres entrouvertes et Aurélien toucha délicatement sa main restée sur le canapé entre eux deux.
« Je te fais confiance, Guillaume. Vas-y. »
Guillaume n'attendit pas une seconde de plus et anéantit l'espace restant entre leurs deux visages. Il fronça légèrement les sourcils en sentant une douce chaleur exploser à l'intérieur de lui et sa main remonta le long de la nuque d'Aurélien pour venir se perdre dans ses cheveux ébènes. Le baiser fut doux, tendre, lent, sans aucune précipitation. Et Guillaume pensa que c'était la première fois qu'il prenait vraiment le temps. Qu'il ne se précipitait pas. Et c'était agréable. Une familière odeur de citron vert envahit ses narines et il sourit dans le baiser. Alors c'était lui... qui ramenait invariablement ce parfum chaque soir dans la petite salle de classe lorsqu'il venait chercher sa fille. Qui le déconcentrait inconsciemment de son odeur entêtante. C'était lui, toujours lui.
***
Guillaume se recula après de longues secondes, à regrets, mais il avait besoin d'air. Aurélien poussa un petit soupire et vint poser son front contre sa clavicule, juste en dessous de son épaule, et il vint déposer ses mains sur son dos avec délicatesse.
« Pourquoi... tu as fait ça ? murmura Aurélien, les yeux fermés. Pourtant... on n'est pas le jour du Pacs.
— Pour te rassurer, Aurélien. Tu vois, dit-il dans un fin sourire, je ne suis pas une femme, je ne suis pas Sophia, mais je peux me montrer doux moi aussi. »
Il y eut un petit silence et Aurélien se redressa, ouvrant les paupières lentement. Celui-ci le dévisagea d'un air indéchiffrable avant de lui sourire faiblement :
« C'était seulement pour ça ? Pour me rassurer par rapport à ce moment ? »
Guillaume le dévisagea en silence et aperçut ses traits fatigués, et les quelques larmes au coin de ses yeux. Il monta une main à ses cheveux et glissa ses doigts à l'intérieur, avec délicatesse.
« Non, bien sûr que non. Tu... Je crois que je suis attiré par toi, Orel. Pas parce que t'es un homme ou une personne qui a besoin qu'on lui vienne en aide... balbutia-t-il, cherchant les mots justes. Mais depuis la première fois où j'ai posé les yeux sur toi, je me suis senti irrémédiablement attiré par ta personne. Ton âme appelle la mienne. Je sais pas encore bien ce que je ressens mais... je sais que c'est quelque chose de fort. Laisse-moi t'aider, s'il-te-plaît. Et peut-être un jour, proche ou pas forcément, tu me laisseras t'aimer. Et je te promets ce jour-là, dit-il doucement dans un sourire, que je t'aimerai, comme personne ne t'a jamais encore aimé auparavant. Pas même Sophia. Et alors, on formera la plus belle famille qui soit. Ta fille, toi, et moi. Alors s'il-te-plaît, laisse... moi... t'aider. »
Guillaume vit les larmes quitter les yeux de l'homme devant lui et se mettre à rouler sur ses joues. Ce dernier se pencha vers lui et l'enlaça fortement, enfouissant son visage dans le creux de son cou et entourant son cou de ses bras. Il entoura sa taille de ses bras et l'attira un peu plus encore contre lui, les larmes d'Aurélien trouvant refuge sur la peau mise a nue de son cou.
« Oui, l'entendit-il murmurer entre deux sanglots. Oui, Guillaume. Aide-moi, s'il-te-plaît. »
Il relâcha légèrement son étreinte en enlevant un de ses bras de sa taille afin de poser une main sur son cuir chevelu, le maintenant contre lui. Il déposa un léger baiser sur ses cheveux et Aurélien se blottit un peu plus contre lui. C'était ça le bonheur. Le sentir au plus près de lui, acceptant son aide, et n'avoir envie de rien d'autre que de la lui donner.