Tome 2 - Chapitre 26 - Partie 2

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Tristan

C'est quand... J'en apprends plus sur lui.

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Je dois prouver à Granny que malgré mon absence d'éducation, je ne suis pas irrespectueux, et que je peux lui témoigner mon attention, tout en étant soucieux, du ton que j'emploie en m'adressant à elle.

— D'accord, j'arrête de lire dans ton esprit, mais à ce moment-là parle-moi, et ne m'oblige pas à trouver en toi les réponses.

— Tu veux que je te parle de quoi ? De mon enfance, de leurs maltraitances, de leur indifférence, du manque d'amour... Je suppose que le Doc t'a déjà tout balancé, non ?

— Oui ! Le Doc, comme tu l'appelles, nous a expliqué ce qu'ils t'ont fait.

— Alors pourquoi tu veux que j'en parle !

— Je ne t'ai rien imposé, pitchoun ! Je voulais juste qu'on puisse discuter, qu'on échange, qu'on essaye de construire quelque chose...

— Granny, je ne savais même pas que vous existiez, mais maintenant que je vous ai retrouvés, ce n'est pas pour vous laisser sortir de ma vie.

— Je suis soulagée de te l'entendre dire, m'avoue-t-elle, en soufflant.

— Pourquoi grand-père n'est pas resté avec nous ?

— Il ne voulait pas te mettre mal à l'aise...

— Comment ça ?

Elle attrape mes mains, et la chaleur qui passe à travers ce simple toucher, me remue l'estomac, me bouleverse. Je suis sûr que c'est dû à son amour, celui inconditionnel, que peut avoir une mère pour son fils ou là, une grand-mère pour son petit-fils.

— Mon Victor avait peur que sa ressemblance avec ton père...

— Ton fils, Granny, la corrigé-je.

— Oui, excuse-moi. Tu vois, même moi je fais des impairs.

— Je comprends que pour vous, la situation ne soit pas facile, mais elle ne l'est pas plus pour moi, je te l'assure. Et encore moins, en voyant la copie conforme, que j'ai en face de mes yeux.

— Tu veux que je retire sa photo ?

Face à mon silence, Granny se lève et place la chaise devant le mur. Je la rattrape par le bras et prends sa place.

— Laisse-moi faire.

Je décroche le cadre et bien sûr, je ne peux empêcher mon regard de courir sur les traits de cet homme. Sur le bas de la photo, il y a un nom et une date : Frédéric - 1 986. Putain, je suis sa copie conforme, et en plus il a le même âge que moi là, 24 ans. Je suis troublé de ces traits que nous avons en commun, de la couleur de ses yeux, de ses cheveux, de ce nez aquilin, jusqu'à la forme du visage. Tout en lui, me renvoi, celui que je suis physiquement.

— C'était avant la naissance de ta sœur...

Granny a profité de mon observation pour sortir du buffet, un album photo, qu'elle a ouvert sur la table. Je me refuse à le regarder dans un premier temps, mais ma curiosité d'en savoir plus sur cet homme est la plus forte.

— Dans mes souvenirs, j'avais effacé cette ressemblance. Sans doute pour me protéger, pour pouvoir mieux le haïr... Pourtant, quand je le vois là sur toutes ces photos, il ne semble pas correspondre à celui qui m'a ignoré, blessé, et repoussé...

— Frédéric n'était pas comme ça plus jeune. C'était un jeune homme doux, gentil, respectueux, certes rempli d'ambition, mais est-ce une mauvaise chose ?

C'est Quand On S'aime | TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant