Chapitre 7 - Part. 1 - Encore une histoire qui tourne autour du sacrum

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Un incube. Un démon abusant des femmes pendant leur sommeil ? Rien que d'y penser, j'en ai à nouveau la nausée. Je refuse de dormir cette nuit. C'est hors de question. Il ne me touchera plus jamais !

Callum avait été appelé pour une urgence et avait été contraint de me laisser seule dès le début de la soirée. Nous avions essayé toute la journée de trouver une solution pour la vitrine du magasin, sans succès. Impossible d'effacer les insanités.

Le chasseur de démons ne voulait pas m'abandonner, mais je lui avais promis que tout irait bien, qu'on se chargerait de l'incube le lendemain. Il m'a, cependant, donné une amulette censée me protéger, fabriquée à base de tantalite, une pierre de protection psychique.

Journée de merde ! Vraiment...

J'avais également téléphoné à Anthithée pour la prévenir que la boutique ne serait pas encore rouverte. Il nous fallait d'abord changer la devanture du magasin. Et j'allais investir dans un volet de qualité afin d'éviter une nouvelle surprise.

C'est donc Drummer qui se retrouve à côté de moi, dans le salon. Il a beau être mon meilleur ami, j'aime mieux taire cette histoire de démon qui hante mes nuits. Il sait que je suis une métamorphe, mais pour une raison inconnue, j'évite de lui en parler trop souvent et je préfère ne pas lui infliger certains détails farfelus de ma vie, sauf quand il tombe sur le fait accompli. Je crois que j'ai envie de le garder près de moi pour les bons moments, d'oublier les tracas surnaturels et me sentir normale l'espace d'un instant.

Tandis que Neveah est dans sa chambre, en train de vaquer à ses occupations d'ado, Drummer et moi sommes prêts à passer une nuit blanche à jouer à des jeux vidéos. J'ai prévu du café. Beaucoup de café. Et beaucoup de créatures à tuer dans Résident Evil. Bon OK, je vous l'accorde, des zombies à zigouiller me replongent dans l'horreur, mais je suis assez perspicace pour faire la différence entre la réalité et un scénario de jeu.

L'amulette de tantalite à mon cou, je n'ai toujours pas eu de manifestation de la créature perverse qui me parlait, parfois, même éveillée. Peut-être que ça fonctionnait réellement ? C'est donc un peu plus sereine que je passe la soirée en compagnie de Drummer qui est plutôt doué avec une manette à la main.

- Yeeees ! Quelle équipe ! crie-t-il avec enthousiasme.

- Yep ! Ça va aller demain pour animer à la radio ? le questionné-je.

- Sans problème ! Je ne travaille qu'au soir.

- Parfait !

- T'aurais pu inviter Théa ! Elle est sympa !

- C'est vrai, mais j'avais envie d'un tête à tête avec mon meilleur ami !

- Je pensais que tu préférais les rendez-vous galants avec... Comment il s'appelle déjà ? Sacrum ?

Je me mets à rire, un rire à la fois nerveux et amusé par la déformation de prénom. Était-il jaloux ?

- Presque ça... Callum, il s'appelle Callum. Et c'est juste un ami. Non, en fait, même pas un ami. Pour tout t'avouer, c'est un chasseur de démons. Ma mère lui a confié la mission de veiller sur nous pendant son absence, resté-je vague.

- Mouais... Ce n'est pas ce que m'a dit ta sœur. Ça fait aussi partie de sa mission de se retrouver dans le même lit que toi ?

Faisant mine d'être concentré sur l'écran, il me semble détecter une certaine contrariété dans son regard et dans sa voix.

- C'est vrai, mais ce n'est pas ce que tu crois.

- Pas besoin de te justifier. Tu fais ce que tu veux de tes fesses, Athalia, dit-il froidement.

Je n'ai pas le temps d'analyser la situation que quelqu'un frappe à la porte. Qui pouvait bien débarquer à cette heure-ci ? Je me lève, sans un mot et me dirige vers le hall d'entrée.

C'est Théa. La blonde se jette dans mes bras et pleure sur mon épaule. Je tapote dans son dos, mal à l'aise.

- Mon appartement a été saccagé. J'étais partie toute la journée. Quand je suis rentrée, tout était retourné. Tout a été détruit. Je n'ai plus rien. On a même coupé mes vêtements en lambeaux. Je ne savais pas où aller...

- Tu es la bienvenue. Tu peux rester ici. On trouvera qui a fait ça... Et à mon avis, ce sont les mêmes personnes qui ont vandalisé Odd Amethyst.

- Je ne pensais pas t'amener autant de soucis en emménageant ici et en postulant dans ta boutique. Je ne veux surtout pas que tu aies des ennuis. Je comprendrais si tu me vires et ne veux plus avoir affaire à moi, tu sais...

- Ne dis pas de bêtises ! Je vais t'aider. D'accord ?

- Nous allons tous t'aider, dit Drummer qui s'était glissé dans le hall sans un bruit.

- Oui ! Tu fais partie de la famille maintenant ! lance Neveah, assise sur les marches de l'escalier.

Je suis alors forcée d'expliquer la situation à ma sœur et mon meilleur ami. Ils ne semblent pas choqués que Théa soit un démon. Je me prends juste les reproches de Drummer en plein visage. J'aurais dû lui en parler avant. Il m'en veut.

- On pourrait savoir par magie. On pourrait sortir un livre de maman dans sa chambre et...

Je coupai la parole à Neveah.

- Nous ne sommes pas des sorcières. C'est trop dangereux.

- Techniquement, vous en êtes... Enfin, si votre mère en est une de naissance, me contredit la démone sous sa forme humaine.

- C'est le cas, et j'ai déjà lancé un sort ! s'extasie ma frangine.

- Pardon ? Tu as quoi ? répliqué-je, abasourdie.

- J'ai juste fait en sorte qu'une fille de ma classe ait de l'acné, c'est tout ! Pas de quoi en faire un plat !

- Rien que ça... C'est inconscient ! Tu ne peux pas jouer avec la sorcellerie, Neveah ! Si maman savait ça...

Je me retiens de lui crier dessus.

- Elle ne saura rien. Parce que personne ne dira quoi que ce soit, pas vrai ? me répondit-elle, les yeux brillants.

- On ne dira rien. Allons chercher un livre avec une incantation qui pourrait nous être utile, nous coupa Drummer.

Visiblement, je n'ai pas mon mot à dire. Ça m'arrive rarement, mais cette fois-ci, je reste muette. Je ne veux pas me mettre tout le monde à dos, déjà que c'est tendu entre Drummer et moi. Je suis étonnée par sa réaction. Je ne le reconnais pas.

Le seul homme présent suit ma sœur à l'étage d'un pas révolu, talonné par Théa, qui me lance un regard navré avant de monter. Je reste quelques secondes dans le hall, soupire, et les rejoins dans la chambre de ma mère.

Neveah prend des livres et les pose au sol. Nous nous asseyons tous à même le parquet, en quête d'une incantation pouvant nous désigner les coupables. Je jette des coups d'œil à Drummer qui ne m'adresse pas la parole durant tout ce temps. Il plaisante avec Théa et Neveah.

Je regarde ma montre : il est passé deux heures. Je me sens mise à l'écart. Je décide de sortir quelques minutes pour prendre l'air.

« Je reviens... », marmonné-je avant de m'éclipser.

Je m'évade dans le jardinet devant la maison. Il fait frisquet. Je croise les bras et respire à grande bouffée. Je n'ai même pas le courage d'envoyer Neveah au lit. Au pire, elle n'ira pas en cours. Je trouverai bien une excuse pour elle.

Je me sens terriblement seule. En réalité, je ne le suis pas à proprement parlé, puisqu'une silhouette se dessine à quelques pas de moi dans la brume.

Odd AmethystOù les histoires vivent. Découvrez maintenant