Chapitre 13 - A. D. Part. 4

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Sur le trajet, je garde mes distances et Magnus n'essaie pas de se rapprocher. Il se contente de me suivre, imperturbable. Et je me surprends même à entamer la conversation. Peut-être est-ce à cause de ce silence installé qui me perturbe ? Ou alors, je dois bien l'avouer, cette irrépressible envie d'en savoir davantage sur cet être énigmatique ? Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? Sérieusement... J'imagine qu'avoir appris que du sang d'incube coulait dans mes veines y est pour quelque chose.

— Tu connais mon père, donc. Est-il toujours en vie ?

— Tu n'y vas pas par quatre chemins, ma chère et tendre. Oui, il est toujours en vie. On ne se débarrasse pas si facilement d'un démon. Je ne l'ai plus vu depuis très longtemps, mais aux dernières nouvelles, il était en Europe.

— Ok... me contenté-je de répondre.

— Je ne le porte pas forcément dans mon cœur. Je voudrais clarifier une chose importante, s'arrête-t-il en plein trajet. Cette idylle, que tu entretiens avec le chasseur, elle ne durera jamais. Je préfère clarifier la situation, avant que tu ne tombes de très haut.

— Pardon ? Ne t'avise pas de...

— Je ne lui ferai aucun mal, uniquement car tu ne le souhaites pas. C'est un chasseur, tu es un démon. Ça me semble tellement évident, mais l'amour nous fait perdre la raison, me coupe-t-il.

Lorsqu'il évoque le fait que je sois un démon, je me crispe, mais refuse de l'admettre. Je continue d'avancer sans lui jeter un seul regard.

— Callum ne me fera jamais aucun mal...

— Peut-être, mais toi ? Tu sais aussi bien que moi à quel point tu caches une partie d'ombre. Tu es attirée par l'obscurité et tu finiras par y succomber, même si tu te bats contre cette partie de toi. Je dois te le laisser. Tu es douée pour dissimuler ton côté démoniaque. Contrairement à ce que tu pourrais penser, je me soucie de toi, continue-t-il, sans crainte de ma réaction.

Dans le mille. A dire vrai, ses paroles me touchent plus que je ne l'aurais souhaité. Je comprends mieux pourquoi je ne m'étais jamais sentie comme tout le monde. J'avais toujours été attirée par l'horreur, la nuit m'avait toujours revigorée et la plupart des activités humaines ne me procuraient aucune satisfaction.

Cependant, je chasse cette idée très vite, dissimulant encore une fois mes sentiments. Callum est la plus belle chose qui me soit arrivée depuis un bail, et je ne le laisserais pas me l'enlever.

— Tu te trompes, dis-je pour couper court à cette discussion qui ne me plait pas.

— Laissons l'avenir nous le démontrer. Tu ne pourras pas dire que personne ne t'avait prévenue...

— Bien sûr, Nostradamus ! Nous y sommes.

Soulagée d'arriver devant le cinéma, je me tourne vers Magnus qui m'observe de son regard envoûtant. Sa beauté est différente de celle de Callum, mais je ne peux pas la nier. Mon berserker est une beauté brute, accessible et tellement naturelle. L'incube, quant à lui, dégage une aura captivante et ensorcelante, voir dérangeante. Et c'est ce qui m'a attiré chez lui la première nuit qu'il m'est apparu dans mes songes.

En réfléchissant à ce qu'il m'a dit, je me rends compte qu'il ne m'a pas menti. J'ai succombé sans qu'il ne me force la main, même si ses méthodes sont plus que douteuses. C'est une créature de la nuit, repoussante, mais j'en suis finalement une, à moitié, moi aussi.

— Bien. Une dernière chose avant que je n'aille m'occuper des attardés qui comptent s'en prendre à ta famille : je suis peut-être un monstre, mais je ne laisserai personne d'autre que moi te faire du mal, fascinante Athalia. Si tu as besoin de moi... Je ne serai jamais très loin.

Odd AmethystOù les histoires vivent. Découvrez maintenant