Chapitre 15 - Comment dompter le démon ? Part.5

57 6 6
                                    

Je respire difficilement. L'impression que je vais suffoquer me provoque des soubresauts incontrôlables. L'incube me garde contre sa poitrine sans un mot jusqu'à ce qu'il brise le silence assassin.

— Respire, Athalia. Le pire vient de se terminer. Il faut que tu m'écoutes attentivement, articule-t-il d'une douceur étrange. Je vais m'occuper de tout. Tu m'attends ici. Je n'en ai pas pour longtemps.

Mes paupières refusent de s'ouvrir alors que je sens les mains de Magnus m'éloigner de notre étreinte. Aucun son ne daigne s'échapper de ma gorge nouée.

Je reste agenouillée au sol, entendant des bruits de pas étouffés autour de moi. Les poings serrés, j'essaie de contrôler mes tremblements et la souffrance s'étant emparée de tout mon être. Je suis entièrement brisée. Sans réellement réaliser, je viens d'attraper l'arme du crime entre mes doigts.

— Je l'ai tuée... murmuré-je.

Mes jambes flanchent lorsque je tente de me relever, mais je parviens tout de même à me mettre debout. Mes yeux découvrent Magnus en train de porter le cadavre de Méthya. Je le suis à l'extérieur tel un automate.

— Je t'avais dit de m'attendre à l'intérieur, m'adresse le démon, continuant sa route jusqu'à la forêt non loin de l'habitation.

— Tout est de ta faute, marmonné-je, dévorée par une haine aveuglante.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et le pousse de toutes mes forces, oubliant la présence du corps dans ses bras. Il ne bouge pas d'un iota et s'arrête net, se retournant vers moi. Je n'ai qu'une seule envie : le démolir.

— Retourne à l'intérieur, Amour, se contente-t-il de répondre d'un calme olympien.

Son impassibilité ne fait que me mettre davantage en rogne. Il se résigne à déposer avec délicatesse le corps de Méthya dans l'herbe comme s'il s'attendait à la suite des événements.

Je n'attends pas plus longtemps et me jette sur lui, abattant mes poings sur son thorax. Il reste debout sans réagir. Je ne contrôle plus mes gestes et mes pensées. Ce monstre doit payer. Je parviens à le faire basculer en arrière. Au sol, Magnus ne se défend pas et me laisse le frapper sans retenue. Je suis dans un état second.

Je punis l'incube pour tout ce qui m'arrive. Je le blâme de ma condition, d'avoir été abandonnée toute ma vie, de n'avoir aucun contrôle, de ne pas m'assumer, d'être un démon moi-même. Magnus est le reflet de tout ce que je déteste en moi. Le dernier coup porté, je vois clairement mon propre visage à la place de celui de l'incube.

Lorsque je reviens à moi, je tiens fermement le poignard contre la gorge de Magnus. Il est dans un piteux état et soutiens mon regard. Il pose sa main sur mon poing armé.

— Tout ira bien, me susurre-t-il.

Je lâche l'arme encore imbibée de sang au sol et me relève aussitôt. J'observe un moment l'incube amoché par mes coups et recule, sentant une envie irrépressible de vomir. Je me retourne et évacue tout ce qui reste dans mon estomac au sol.

Entre temps, Magnus récupère Méthya dans ses bras et s'éloigne sans un mot.

Je retourne dans la maisonnette et me rince la bouche à l'évier. Je me lave les mains frénétiquement et m'installe dans un coin de la pièce, recroquevillée sur moi-même. Je fixe le vide, tentant de lutter contre moi-même et l'envie de mettre fin à mes jours pour faire disparaître le mal qui m'asphyxie.

Alors que mes pensées ne sont tournées que vers une seule issue fatale : ma mort, une lumière aveuglante émane de l'améthyste restée au sol.

Odd AmethystOù les histoires vivent. Découvrez maintenant