Neuf • 9

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Toute la semaine, chaque soir de chaque journée, je lui en ai parlé. Ouais, je l'ai harcelé quoi. Mais il n'a pas céder, cet idiot. Rien, même pas un « peut-être ». Et moi je suis là, comme un con à m'inquiéter du fait que je devrais juste laisser tomber, arrêter de m'intéresser à mon professeur et aller voir les jeunes hommes de mon âge. Je suis certain que je pourrais en trouver facilement quelques uns pour m'amuser mais malheureusement, je ne suis pas comme ça. Coucher à droite et à gauche ou tenir des relations bancales uniquement pour sauver l'apparence ne m'intéresse pas le moins du monde. Tout ce que je veux, c'est vivre avec l'amour de ma vie et construire avec lui un cocon douillet où je finirai mes jours à ses côtés.

Oui, c'est niais. Jugez-pas.

Mais là, au lieu de passer les plus beaux jours de ma vie avec l'élu de mon cœur, je déprime au fond d'une vieille salle d'histoire à côté d'une fille à qui j'ai du parler une fois dans ma vie, quand elle m'a demandé si j'avais pas un mouchoir pour sa meilleure amie enrhumée qui se trouvait juste en face.

- Dis, tu pourrais me prêter ton livre de physique ? J'ai oublié le mien et... enfin tu vois quoi.

Sa voix me fait sursauter alors que je m'imaginais une énième fois les courbes parfaites de M. Min sous mes mains. Tel le gentleman que je suis, la règle veut que j'accepte à cœur grand ouvert sa requête. Après tout, mon voisin avait toujours le sien, alors pourquoi refuser ?

- Non.

- S'il te plaît, me supplie-t-elle. Je te le rends direct après les cours.

On a cours de physique en demi-groupe et je ne suis pas dans le sien. Evidemment que je veux pas. Puis, germant peu à peu, une idée naît dans mon esprit tordu d'adolescent.

Et si je montrais à monsieur Min que je pouvais bien me passer de lui ? Si je tentais la carte de la jalousie en lui montrant que ce n'était pas parce que je l'aimais qu'il devait me considérer comme acquis ? Je ne perds rien à essayer, de toute façon au point où je me trouve je suis désespéré

- Bon ok. Je serais dans la salle 215 au deuxième étage après les cours. Rejoins-moi là pour me le rendre.

- Merci beaucoup ! s'exclame-t-elle alors que je lui tends l'objet de ses désirs.


17h40.


- Bonjour monsieur, dis-je en entrant sans précautions dans la salle de classe vide.

- Bonsoir.

Ignorant sa réplique, je m'avance directement vers son bureau pour voir ce qu'il pouvait bien être encore en train de trifouiller sur ses papiers. Mais il n'a pas le temps de me dire de me casser qu'on frappe à la porte. Je me contente de souffler un « c'est pour moi » et m'empresse d'aller ouvrir à ma voisine d'histoire.

- Tiens Jimin... ton livre.

- Ah merci beaucoup. A lundi donc, je lui souris en faisant bien attention à ce que mon professeur nous regarde.

Puis je lui embrasse rapidement la joue et lui tapote le haut du crâne avant de refermer la porte et de faire comme si de rien n'était. Je sens les yeux de Yoongi me brûler le dos mais je n'en fais rien et me plie bien sagement à ma tâche d'homme de ménage.

L'heure se passe plutôt silencieusement, comme d'habitude en fait. Au fond, je ne sais absolument pas si mon petit manège a eu un effet sur monsieur Min. Il avait eu un effet sur ma voisine, ça c'est certain vu sa tête de tomate farcie, mais l'autre tête de veau n'a rien dit sur le sujet. En même temps, à quoi est-ce que je m'attendais ?

Ça va être l'heure de partir. Je consulte une dernière fois l'horloge accrochée au mur et range le matériel avant de prendre mon sac et de me rendre devant le bureau de mon cher professeur. Pourquoi ? Ça je n'en sais rien. Mais ce que je sais, c'est que je suis vraiment lourd comme mec.

- Du coup monsieur pour demain... c'est votre dernier mot ?

Le silence m'accueille, ce qui me fait malgré tout un léger pincement au cœur. J'allais me relever quand une main attrape d'une poignée ferme ma cravate et me tire. Mon corps est projeté en avant et je dois m'appuyer dans l'urgence sur mes coudes pour ne pas me vautrer sur le meuble en dessous de moi. Mon cœur faillit se décrocher sous la surprise mais il n'est visiblement pas au bout de ses peines. A une dizaine de centimètres à peine, le visage dur de Yoongi me juge de ses yeux de chat. Son souffle chaud contre ma peau me fait frissonner et il prononce alors ces quelques mots qui resteront pour toujours graver dans ma mémoire.

- Je serai là, mais t'as intérêt à fermer ta bouche devant les autres.

Le ton était dur, menaçant. Il me relâche et m'autorise à quitter les lieux alors que mon cerveau ne comprend toujours pas ce qui vient de se passer. Le visage encore bouillant, je repasse la scène en boucle dans ma tête, incapable de formuler une seule pensée correcte. Mais finalement, je me rends tout de même compte d'un truc. Un truc très intéressant.

Alors c'est comme ça qu'il fonctionne, hein ?

Love Me, Teacher! [yoonmin] [jimsu]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant