Love Me, Teacher! [yoonmin] [jimsu]

Dix-huit • 18

En poussant la porte de la salle de Yoongi, je réalise que je n'ai encore jamais eu autant d'entrain à entrer ici. J'attends ce moment depuis plusieurs heures et m'y voilà enfin. Cependant, lorsque je m'avance dans la pièce, Yoongi n'est pas assis à son bureau comme tout le temps. Il est penché tranquillement au bord d'une fenêtre ouverte, les coudes posés contre le rebord. Curieusement, je m'approche.

- Tu ne fumes pas quand même ? je dis suspicieusement en m'asseyant sur le bureau le plus proche de lui.

Il tourne la tête vers moi, surpris.

- Je profite de l'air frai, Park.

Je souris et il détourne aussitôt le regard.

- C'est mieux...

Il hausse les épaules. Je ne réponds rien profitant de l'ambiance calme et des cheveux cuivrés de Yoongi qui vole légèrement au vent. Qu'est-ce qu'il est canon comme ça.

- Qu'est-ce que tu attends ?

- Hein ? je marmonne, surpris.

- Tu as du travail, non ?

- Toi aussi à ce que je sache, je lance avec un petit sourire.

Il a à nouveau son regard tourné vers moi, il soupire.

- Je n'ai pas la tête à ça.

- Comment ça ? Si je te disais ça un jour pendant ton cours tu m'enverrais me faire foutre, je m'exclame.

Il sourit vaguement mais ça n'a pas l'air naturel. Je fronce les sourcils à cette vision. Qu'est-ce qui est arrivé à mon- à Yoongi ? Je le vois tourner sa tête vers l'extérieur, le regard vide. Mon cœur se sert à cette vue, mon radar spécial Yoongi m'indique que quelque chose ne va vraiment pas. Mais je me retrouve idiot face à cette situation et je réalise alors qu'il y a un ravin entre lui et moi. Je voudrais le prendre dans mes bras, lui demander s'il veut me parler, l'aider, mais je reste paralysé. Je ne suis pas proche de lui malgré tous mes efforts... car ce n'est pas ma place d'élève.

J'avale difficilement ma salive et, comme un idiot, j'essaie de détendre l'atmosphère avec une réplique totalement idiote.

- Allez, un peu de courage. Dans deux semaines tu pars à Tokyo !

- Ce n'est pas des vacances pour un prof d'emmener des élèves tu sais, il souffle.

Finalement il quitte son point d'observation pour enfin se diriger vers son bureau. Je le suis des yeux jusqu'à ce qu'il s'installe sur sa chaise.

- Oh au fait, Jeon Jungkook, un de tes élèves de première m'a chargé de te donner ses papiers pour la sortie.

Après avoir délivré les papiers de Jungkook, je me mets au ménage. D'habitude j'aime trainer pour embêter Yoongi, mais lorsqu'il n'est pas d'humeur ça me plombe aussi le moral. Enfin, pas que d'habitude il soit tout souriant, mais parfois il est grincheux content et d'autre grincheux triste. C'est encore une autre habilité de mon radar spécial de différencier les deux et oui je m'en vante, je l'avoue.

L'heure passe vite, trop vite. Il reste plus que cinq minutes alors que je range le matériel. Yoongi a été encore plus silencieux qu'il ne l'est déjà et j'ai passé trop de temps à nettoyer le bureau plein d'encre qu'un petit con avait salit.

- Yoongi...

Je m'approche de son bureau alors qu'il commence à ranger ses affaires. Il lève un regard inexpressif sur moi.

- Yoongi, ce n'est pas à cause de moi que tu es... comme ça ? je demande avec la gorge nouée.

- Quoi ? Non, bien sûr que non... il s'exclame en secouant la tête.

- Ça m'attriste de te voir tout renfermé.

- J'ai l'air renfermé ?

J'hoche silencieusement la tête.

Un petit instant de silence passe.

- Si jamais je peux t'aider en quoi que ce soit...

- Jimin, ma mère est morte. Arrête d'insister maintenant s'il te plait.

Mes yeux s'écarquillent alors que je place une main devant ma bouche. La voix grave de Yoongi s'est brisée en prononçant cette phrase et je comprends que j'ai merdé.

- Oh Yoongi je suis désolé, vraiment !

Je n'ose plus croiser son regard. Il a dû prononcer cette phrase à cause de moi, je ne suis qu'un idiot.

- Ne fais pas cette tête s'il te plait, le pire serait qu'on soit deux déprimés dans une même pièce.

Je relève timidement mes yeux vers lui, il essaie d'être plus avenant, je le vois.

- Je préfère quand tu as ta tête d'idiot, murmure-t-il avec un sourire qui avait l'air d'être le plus sincère depuis que je suis arrivé ici.

- Eh ! Je crois que tu t'es trompé en parlant de mon magnifique visage sexy.

- Pff, souffle-t-il. Ne t'envole pas trop Park Jimin, tu vas cogner ta grosse tête au plafond.

Je me recule, vexé.

- Bien, je vais partir comme ça ma tête ne te fera plus souffrir.

Il sourit avant de se lever à son tour.

- Mais oui, pars. Je ne sais même pas pourquoi tu restes alors que ton heure est finie.

- C'est comme ça que tu traites ma gentillesse, je grogne en roulant des yeux.

Il rit un peu avant de nous emmener hors de la salle. Je l'attends alors qu'il ferme la porte à clé. Il est sexy quand il range ses clés.

- Bien, à plus tard Park.

- A plus tard, je réponds à contre cœur avant de le laisser partir à l'opposé de moi.

Même s'il était triste, j'ai réussi à tirer quelques sourires de lui et rien que cette pensée me réchauffe le cœur. Les mots qu'il m'a dit résonnent encore dans ma tête : « Je préfère quand tu as ta tête d'idiot » ... ça veut dire qu'il apprécie d'une manière ou d'une autre ma compagnie, n'est-ce pas ? En descendant les escaliers, je ne peux m'empêcher de penser à lui. Est-ce qu'il vit seul ? Surement, vu qu'il n'a pas de conjoint. Est-ce qu'il aime rester seul ? Peut-être, mais certainement pas tout le temps. Ces questions ne cessent de défiler dans ma tête et, avant même que mon cerveau ait le temps de réagir, mes jambes se mettent à courir en sens inverse. 

Un pion me crie dessus alors que je passe à toute vitesse dans les couloirs, cherchant l'escalier réservé au personnel que Yoongi a pris. Sans faire attention, je pousse la porte et dévale les escaliers manquant de tomber deux ou trois fois dans ma précipitation. Une fois en bas, je ne m'arrête pas de courir, j'entends encore une voix me crier après mais je l'ignore et pousse la porte menant au parking des enseignants. Il est là, en train de marcher vers sa voiture. J'hurle de toutes mes forces avant de reprendre ma course vers lui.

- Yooonngii !!

Je le vois sursauter et se tourner vers moi avec un air on ne peut plus confus sur le visage. Il est là, ses yeux sont rougis et ses joues humides. Et je crois bien que je m'en branle à cet instant que ma place soit à ses côtés ou non, ce n'est pas comme si j'avais déjà suivi ce qu'on me disait de faire dans ma vie.