For your eyes only

Chapitre 3 : We know each other

— Bon alors, t'as appelé la jolie brune ?

— Quelle jolie brune ?

— T'es sérieux ? Tu m'as presque brisé l'épaule parce que je lui parlais et tu ne te souviens même pas d'elle !

— Pour ton épaule, on peut s'arranger si tu veux. Au moins, t'auras une bonne raison de ne rien foutre avec un bras cassé.

— Attends, t'as consulté sa fiche et t'en as même pas profité pour récupérer son numéro avant de filer les papiers au service de sécu ?

— Tu sais que c'est pas légal de faire ça ?

— Peut-être, mais ça m'a permis de passer quelques bonnes soirées, bien accompagné, si tu vois ce que je veux dire.

Il me fait un clin d'œil exagéré le rendant encore plus ridicule, si tant est que ce soit possible. Ce mec est un véritable Casanova et il ne cesse de tenter de m'embrigader dans ses plans pourris pour, d'après lui, embellir ma triste vie de célibataire avec un peu de chair fraîche.

Trois ans que je bosse avec lui et il n'a toujours pas compris que c'est pas du tout mon mode de fonctionnement. Les coups d'un soir ne m'intéressent pas, les relations sérieuses non plus d'ailleurs.

— À bien y réfléchir, je t'ai pas vu une seule fois avec une fille depuis qu'on bosse ensemble. C'est louche. Ou alors...

Il me fatigue avec son blabla incessant, à croire qu'il ne sait pas se taire ne serait-ce que cinq minutes.

J'ai beau changer mes gardes et faire en sorte que mon planning soit différent du sien, il y a toujours un moment où je le retrouve sur mes créneaux. Je commence à me demander sérieusement s'il ne soudoie pas nos supérieurs pour être avec moi.

— Tu peux arrêter de m'étudier comme ça, c'est flippant. Et puis, je ne suis pas un rat de labo alors, fin de l'analyse.

— J'ai trouvé ! Tout s'explique ! J'ai enfin compris pourquoi, après toutes ces années à tes côtés, aucune nana ne me soit passée sous le nez, alors qu'avec ton physique... Enfin bon, maintenant que je connais ton secret, je vais peut-être m'abstenir de te faire ce genre de compliment...

— Tu m'épuises à déblatérer pour ne rien dire. Je vais aller me rendre utile dans une autre pièce... et par pitié, reste loin de moi.

Il m'ignore complètement et continue de marmonner des propos étranges sur le fait que je ne drague pas toutes les jolies filles qui passent à ma portée. Alors que je m'apprête à sortir de la salle, il relève la tête et me lance de but en blanc.

— En fait, ton truc c'est les mecs ?

— Si je te dis oui, tu me lâcheras la grappe ?

****

Avec quelques jours de retard, et après avoir enfin retrouvé mon petit cocon de tranquillité, je mets à exécution la bonne résolution que j'ai prise pour cette nouvelle année, à savoir, m'inscrire dans une salle de sport.

J'ai la chance d'avoir un métabolisme plutôt concilient, ce qui me permet de garder la ligne sans surveiller mon alimentation, dans la limite du raisonnable bien sûr.

Je pense que mon corps ne supporterait pas que je me gave de malbouffe en continu et finirait bien par me le faire payer par quelques débordements et petits bourrelets disgracieux, ce que je ne peux pas me permettre avec mon métier.

Si j'ai décidé de faire du sport, ce n'est pas vraiment pour les bénéfices que ça pourrait m'apporter sur le plan physique, mais plutôt pour ce que cela peut m'apporter au niveau mental.