Chapitre 20 : A drop in the ocean

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Je n'ai pas eu le courage de leur parler de ma petite escapade nocturne quand je les ai retrouvé le lendemain matin pour le petit-déjeuner.

Ma mère avait retrouvé sa joie de vivre et je ne voulais pas être celui qui mettrait du sel sur ses blessures, encore ouvertes, à en juger par sa réaction vive de la veille.

Je me suis donc contenté de profiter de ma seule journée complète, en leur compagnie, sans ressasser les souvenirs.

La nuit suivante, réveillé de nouveau par le regard bleuté de Louis, je m'étais à nouveau rendu dans la pièce au fond du couloir et j'avais ouvert quelques cartons supplémentaires.

J'espérais peut-être trouver d'autres petits carnets secret, que je n'avais pas encore pris le temps de feuilleter plus avant, préférant attendre mon retour à New York pour ne pas risquer d'être surpris en pleine lecture.

Je leur parlerai de leurs contenus si je le juge nécessaire et sûrement dans quelques années, mon court séjour près d'eux m'ayant fait prendre conscience que je suis peut-être plus avancé qu'eux sur le chemin du deuil.

Bien sûr, ce genre de chose n'est pas une compétition et chacun gère comme il peut le manque à combler, mais je ne veux pas les forcer à se replonger dans le passé s'ils ne sont pas encore prêt à y faire face.

Je me suis surpris moi-même à avoir envie, la deuxième nuit, de me plonger dans les souvenirs liés à mon frère, alors que je m'y refusais il n'y a encore pas si longtemps.

Plus d'une semaine que je suis rentré de mon voyage à Coronado et je n'ai toujours pas trouvé le temps ou plutôt la force et le courage de poursuivre ma découverte de ces petits carnets.

L'un d'eux s'était ouvert en tombant sur le sol quand je les avais sortis de mon sac et mes yeux avaient été attirés par quelques mots griffonnés de la main de Louis.


Tu ne sais jamais à quel point tu es fort, jusqu'au jour où être fort reste la seule option.


Une magnifique citation de Bob Marley suivit d'une réponse de mon petit frère qui a remué pas mal de choses en moi.


Un jour, j'aurais la force de lui en parler, de leur en parler, ce sera peut-être demain...


J'ignore à quel moment il a pu écrire ça, la page ne comportant pas la moindre date ou information qui m'aurait permis de le définir et je me suis retrouvé dans une spirale d'interrogations sans fin tournant dans mon crâne.

Je me suis demandé ce que pouvait être ce sujet qu'il n'avait pas eu la force d'aborder et s'il avait fini par trouver le courage de se confier à quelqu'un avant que tout s'effondre.

Les yeux perdus dans le vague, une tasse de café dans les mains, je pense à ces carnets posés sur ma table de nuit depuis mon retour.

Je soupire lourdement avant d'avaler le reste de ma boisson d'une traite et de m'avancer vers ces recueils de confidences.

Me noyer sous un amas de questions ne me servirait à rien. Il se peut que les réponses que je cherche soit juste là, sous mon nez, à attendre au détour d'une page griffonnée d'autres fleurs, que je vienne les découvrir.

Je prends donc mon courage à deux mains et attrape le premier de la pile.

Un souvenir fugace me revient alors en mémoire dès que mes yeux se posent sur les fleurs aux courbes fines agrémentant les premières pages.

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