For your eyes only

Chapitre 1 : When the past comes back

Enfin de retour à New York.

Ces fêtes de fin d'année ont été plutôt riches en émotions.

Mon frère, Matthew, m'a rendu très fière.

Il a enfin réussi à s'accepter tel qu'il est vraiment et je pense que l'arrivée dans sa vie d'un bel homme, prénommé Harry, n'est pas anodine dans cette prise de conscience.

Il s'est longtemps menti à lui-même, et caché derrière le masque du parfait hétéro sans pour autant avoir dix-sept mille conquêtes.

Je lui découvre un courage que je ne lui connaissais pas, et je sais à qui je le dois. Il faudra que je pense à remercier Harry, une fois encore, de rendre mon frère si heureux et fier de lui-même.

Après avoir subi les reproches et les regards sombres de notre mère sur sa relation vis-à-vis de son ex copine, pendant tout le repas de noël, il nous a tous réunis — notre mère, notre sœur Cat et moi — et a avoué préférer les hommes.

Même si je n'en laissais rien paraître auprès de Matthew, j'avais très peur de la réaction de notre mère, et je m'étais préparée à le défendre bec et ongles pour qu'elle ne lui fasse pas plus de mal qu'elle ne lui en avait déjà fait en lui répétant depuis le début du séjour qu'il devrait retourner avec Esther.

Et pourtant, elle a fait preuve d'une ouverture d'esprit impressionnante et a tenu à le rassurer sur ses choix de vie, lui promettant que ça ne remettait aucunement en question son amour pour lui, et dans cet élan de confidence elle nous a dit à quel point elle était fière de nous trois.

J'ai été véritablement surprise qu'elle ne lui fasse pas subir un véritable interrogatoire pour tout savoir de son nouvel amour.

J'ai l'impression que la séparation d'avec notre père l'a vraiment transformée.

Elle est beaucoup plus à l'écoute et plus ...épanouie... Oui, c'est le mot : épanouie !

Nous cacherait-elle quelque chose ?

Je refuse d'imaginer ma mère avec un nouvel amant....

Avant de rentrer, j'ai profité du fait d'être près de Phoenix pour rendre visite à Ashley, une amie d'enfance que je ne vois pas souvent depuis qu'elle a quitté New York pour suivre l'homme de sa vie.

Ça m'a fait plaisir de la revoir et de me rendre compte que, malgré la distance, notre relation n'a pas changé.

Installée dans le taxi qui me ramène de l'aéroport à mon appartement, je soupire de satisfaction. Je vais enfin retrouver mon chez-moi, mon petit cocon d'indépendance.

Je n'ai rien contre les réunions de famille et ma mère est adorable mais elle devient vite pot de colle, surtout quand elle commence à se comporter avec nous comme si nous avions de nouveau cinq ans, surveillant nos moindres faits et gestes et gérant d'une main experte notre alimentation qui se doit d'être irréprochable et très saine.

D'ailleurs ce soir, j'ai bien l'intention de me lâcher et de commander quelque chose de bien calorique, ou alors un immense plateau de sushis.

Un sourire se dessine sur mon visage quand le taxi tourne à gauche et que j'aperçois la petite librairie à la devanture bleu marquant le début du quartier qui abrite mon petit chez moi, enfin, petit, façon de parler, pour mon loft plus grand que la plupart des appartements du centre. J'ai mis toutes mes économies dans cet achat, mais je ne regrette pas une seule seconde cette folie.

J'ai toujours adoré New York et je n'ai jamais eu envie d'en partir. J'ai quitté très tôt la maison familiale pour assouvir mon souhait d'indépendance et poursuivre mon rêve d'être actrice et je suis ravie de constater que les choses marchent plutôt bien pour moi.