Chapitre 13 : What does it mean

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Le trajet jusque chez moi se fait assez rapidement malgré la circulation dense de ce samedi soir. Une chance que la caserne ne soit qu'à quelques rues de mon appartement.

Tyler, fidèle à lui-même, ne parle pas beaucoup, la bavarde que je suis mobilisant quatre-vingt pourcent de la conversation sans que je n'aie l'impression de le déranger.

Je lui raconte comment j'ai pu m'échapper de mon cocktail ennuyeux à mourir en prétextant ne pas me sentir bien auprès de Siobhan, que je lui présente comme mon agent, lui parlant rapidement de son côté un brin excentrique et de son amour pour son pays de naissance.

À quelques mètres de mon immeuble, je réalise un créneau parfait, grâce à l'aide au stationnement de mon véhicule. C'est bien pratique ces petites options pour éviter que les personnes comme moi ne se ridiculisent.

Les quelques pas sur le trottoir font remonter en mémoire le jour où nos routes se sont de nouveau croisées, moi, traînant mes valises et lui, posté fièrement devant mon immeuble, ses bras croisés sur son torse, vêtu de son uniforme mettant divinement bien en valeur son corps de dieu grec.

Je ne peux réprimer un frisson quand je repense à son bras enserrant doucement ma taille et sa main posée sur ma hanche. Je me frotte les bras de mes mains, tentant de faire discrètement disparaître les petits picots dressés sur mon épiderme.

— Tu as froid ?

Avant que je n'aie pu répondre, je le vois faire glisser sa veste le long de ses bras et la poser sur mes épaules dans un geste naturel, comme si ce genre d'attention envers moi était tout à fait normal.

— Tu aurais peut-être dû prévoir une veste avec cette tenue pour ne pas mourir de froid.

— J'en avais une, mais je suis partie si rapidement du cocktail que je l'ai oubliée et je n'ai pas eu le courage de faire marche arrière de peur que mon agent se rende compte de la supercherie.

Nous entrons enfin dans mon immeuble et attendons que les portes de l'ascenseur s'ouvrent.

Dans la cabine, l'un en face de l'autre, adossés aux parois, je vois son regard fuir le mien et son visage se baisser.

— Je me souviens de ce que j'ai fait.

C'est à peine un murmure et je ne sais pas si cette réflexion m'est adressée, mais je me permets de répondre.

— Tu n'étais pas dans ton état normal et tu n'as rien fait de mal. Ce n'est rien.

— Non ce n'est pas rien.

Je sens la colère poindre sous ses mots, mais elle n'est pas dirigée contre moi.

Je réfléchis à ce que je pourrais dire pour le rassurer, mais il reprend plus calmement.

— J'aurais pu....

Je ne le laisse pas continuer sa phrase et le coupe rapidement, faisant un pas vers lui pour poser ma main sur ses bras croisés.

— Mais tu ne l'as pas fait. Et de toute façon, je ne t'aurais pas laissé faire. Je sais me défendre tu sais !

Il relève enfin ses yeux plein de doutes vers moi et observe un moment mon gabarit poids plume. Je pose mes poings sur mes hanches dans une posture menaçante rendue parfaitement ridicule par la présence de sa veste toujours sur mes épaules et dissimulant la presque totalité de ma silhouette sous le cuir sombre.

— Mon frère m'a obligé à prendre des cours de self-défense quand j'ai décidé de partir de la maison familiale et de vivre seule à New York. Même en pleine possession de tes moyens et avec ton entrainement de pompier, je suis capable de te mettre au tapis en moins de deux minutes.

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