Je dormis très mal tout le week-end. Mes nuits se remplissaient de cauchemars tous plus étranges les uns que les autres ; je me réveillais toujours haletante, perdue. Je ne fus pas capable de me rendre au lycée le lundi, ni le mardi, ni le mercredi. Je refusais tout bonnement de sortir de ma chambre, ce qui bien sûr, inquiétait fortement mes parents. Je savais qu'ils avaient appelé l'établissement pour les prévenir de mon absence, je me demandais bien ce qu'ils avaient pu leur dire. Puisque j'avais refusé de leur adresser la parole ces derniers jours.
Taylor avait appelé. Je ne savais pas comment elle avait trouvé notre numéro de téléphone, ni pourquoi elle s'inquiétait de mon absence. Je refusai de lui parler quand ma mère entra dans ma chambre avec le combiné ; je n'aimais pas parler au téléphone. J'espérais que Taylor n'en serait pas vexée, ce n'était pas personnel.
Alors depuis quelques jours, j'entendais ma mère faire les cents pas devant la chambre, avant de renoncer à ouvrir la porte. Mon père faisait comme si de rien n'était quand il m'apportait à manger. Seul Harry se comportait de façon normale. Quand il revint de sa séance de foot ce mercredi en fin d'après-midi, il entra d'un air déterminé dans ma chambre.
« - Bon, il faut qu'on fasse quelque chose, déclara-t-il en refermant la porte derrière lui. »
Je le dévisageais en penchant la tête sur le côté. Il portait toujours sa tenue d'entrainement, ses cheveux blonds étaient en bataille, et chacun de ses pas laissait une marque de boue sur mon parquet. Il aurait pu enlever ses chaussures.
« - Tu retournes à l'école, demain, décida-t-il en s'asseyant sur mon lit.
- Tu es dégoutant, lui fis-je remarquer.
- Je n'aime pas quand tu es comme ça, dit-il en fronçant les sourcils.
- Je me sens épuisée, lui avouais-je. »
Je n'aimais pas beaucoup les enfants, ils me mettaient mal à l'aise. Je n'arrivais pas à leur parler comme les adultes le faisaient, avec cette voix qui tirait vers les aigus, d'un air idiot. Quand Harry n'était encore qu'un bébé, je lui parlais très peu. De toute façon, il ne pouvait pas me répondre correctement. Mais je passais tout de même beaucoup de temps, avec lui. Il m'amusait et me réchauffait le coeur. Parfois, il me faisait beaucoup trop penser à un adulte. Il était sensé se comporter comme un enfant, pourtant, il jouait souvent les grands frères avec moi.
« - Tu es restée au lit pendant 5 jours, comment tu peux être fatiguée ? s'étonna-t-il.
- Je ne sais pas. »
Je ne le savais vraiment pas. Cette fatigue constante n'était pas seulement physique, d'ailleurs, elle était davantage morale. J'avais passé beaucoup de jours à la suite au lycée, j'en déduisais que le bruit environnant auquel je n'étais pas habituée avait eu raison de moi. Je savais que je finirais par avoir besoin d'une pause. Cela n'aurait pas vraiment d'impact sur ma scolarité, j'aurais pu passer le diplôme de fin de Terminale maintenant. Mes parents s'inquiétaient davantage pour ma vie sociale, qui semblait un peu plus remplie depuis que Taylor s'acharnait à me tenir compagnie partout où j'allais.
« - Quelqu'un a été méchant avec toi ? Se risqua-t-il.
- Non.
- Alors tu devrais y retourner. »
Je ne comprenais pas la logique d'Harry, comme lui ne comprenait pas la mienne. Puisque personne n'avait été méchant avec moi, alors je n'avais aucune raison de manquer les cours, d'après lui. Mais je ne savais pas comment lui expliquer ce qu'il se passait dans ma tête ; je n'ai jamais su. Comment lui faire comprendre qu'un regard hostile d'une personne que je ne connaissais pas avait provoqué en moi un flot d'angoisses ? Angoisses n'était pas le mot approprié, mais je n'en avais pas trouvé un de mieux. Ou alors, j'aurais peut-être pu lui expliquer qu'à chaque fois que j'essayais de fermer les yeux pour trouver le sommeil, une paire d'yeux me fixaient derrière mes paupières. Des yeux presque noirs, sombres. Mais je préférais m'abstenir.
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strange bird
FanfictionHazel n'est pas confortable avec le changement, ni avec la couleur rouge, ni avec les gens en général. Mais elle aime bien Forks, sa pluie et son calme. Enfin, calme n'est pas vraiment le mot approprié pour ce qu'il se passe réellement à Forks...