Chapitre 8 : le pouvoir attractif des mathématiques.

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L'arrivée du mois de novembre fit baisser les températures déjà bien fraiches. Les vacances scolaires étaient arrivées. J'en fus soulagée, la fatigue commençait à me gagner. J'avais besoin de repos, de prendre une pause pour m'éloigner de toute cette agitation propre au lycée. Taylor m'avait demandé la permission de passer pendant ces deux semaines de congés, ce que j'avais accepté sans problème. Sa présence à la maison paraissait toujours un peu étrange, mais je m'y étais faite. La plupart du temps, elle comblait les conversations à elle seule, tandis que je l'écoutais avec attention. Elle trouvait toujours que Leah paraissait étrange et différente, elle essayait tout de même de passer au dessus des comportements parfois inquiétants de son amie, afin d'éviter une autre dispute. Je voyais bien que la situation continuait de la perturber. Un après-midi, alors que nous étions en train de faire des recherches pour un devoir à rendre en binôme, elle aborda le sujet.

« - L'autre jour, on était tranquillement assises sur la plage. Quelques uns des garçons nous avaient rejoint, l'ambiance était sympa, tout semblait redevenir comme avant, commença-t-elle.

- Mais ? La questionnais-je en attendant la suite de l'histoire.

- On a entendu un bruit venant de la forêt. Ça ressemblait à un animal, rien de trop inhabituel, dans la région. Ils se sont tous redressés comme un seul homme, avec un air grave sur leurs visages. On aurait dit qu'ils avaient senti un danger, ou je ne sais quoi. Leah est restée avec moi, mais tous les autres ont décampé, avec des excuses bidons. Enfin, elle n'a pas mis longtemps pour les rejoindre.

- C'est étrange, constatais-je en essayant de trouver une raison à leurs comportements.

- C'est carrément flippant, ouais ! Et cette habitude se trimbaler en short et t-shirt, avec ce temps ? Et une dizaine d'autres détails aussi bizarres les uns que les autres. Je ne sais pas ce qu'ils cachent tous comme ça, mais je t'assure que je ne lâcherai pas Leah avant d'avoir trouvé. »

Je n'avais rien ajouté. C'est sûr, toute cette bande n'avait pas l'air de se conformer aux attitudes attendues par la société traditionnelle. Bien que j'étais évidemment mal placée pour juger les comportements qui n'entraient pas dans les cases, j'étais néanmoins aussi intriguée que Taylor. Pas effrayée, juste curieuse. J'avais imaginé plusieurs hypothèses, certaines plausibles, d'autres sorties tout droit de contes de fées. La plupart du temps, j'essayais de me convaincre que cela ne me regardait pas.

J'avais finis par demander à Taylor de me déposer à La Push, le lendemain. Je devais retrouver Embry, afin de lui porter mon aide en mathématiques. Je n'avais aucune idée des notions qu'il travaillait, ni de la façon dont je m'y prendrais pour travailler avec lui. Taylor m'avait, bien entendu, posé une dizaine de questions à propos de ce qu'elle appelait « ce rendez-vous ». Je ne voyais pas bien où elle voulait en venir : j'essayais d'être gentille. Je n'avais pas précisé que cette idée m'était venue pour trouver un moyen de revoir Embry. Elle n'aurait pas arrêté de me charrier. Ou alors, elle m'aurait trouvé encore plus bizarre que je ne l'étais déjà. Dans tous les cas, j'aurais été incapable de lui expliquer pourquoi j'avais envie de le revoir.

Ainsi, je me retrouvai devant cette maisonnette, semblable à toutes celles de la réserve. Elle n'était pas rouge, ce que j'appréciais particulièrement. Je n'aimais pas le rouge. La demeure portait la couleur du bois dans lequel elle était faite. Simple, rustique, tout à fait charmante, à mon avis. Taylor était partie avant que je n'ai frappé à la porte. Je me tenais devant, comme si mon bras allait prendre la décision de se lever tout seul pour prévenir l'hôte de ma présence. Mon coeur s'affola dans ma poitrine. J'avais prévu cette réaction : c'était, encore une fois, une situation inhabituelle. C'était d'ailleurs devenu normal, ces temps-ci. Je me retrouvai à des endroits inconnus, avec des personnes inconnues. Bizarrement, je n'arrivais pas à classer Embry dans la catégorie des inconnus. J'avais l'impression de le connaître depuis des années, bien que je ne disposais pas d'énormément d'informations à son sujet.

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