strange bird

Chapitre 14 : je ne crois pas aux légendes.

« - N'écoute pas Embry, Carlisle est un type bien !

- Je n'ai jamais dit qu'il n'était pas un type bien, Seth.

- De toute façon, la décision a déjà été prise, finis-je par m'interposer. »

Voilà quelques minutes qu'Embry et Seth discutaient vigoureusement au sujet du docteur Cullen. Nous étions tous les quatre, avec les deux garçons et Taylor, assis autour du comptoir de cuisine d'Embry. Enfin, ce dernier faisait davantage les cent pas. Il n'avait pas bu une gorgée de son chocolat chaud. Je jetai un coup d'oeil à Taylor. La discussion des deux amis semblait l'amuser. Elle me fatiguait davantage. Evidemment, Seth était à présent au courant de mes rendez-vous. Ce n'était pas un problème. Je l'appréciais. Taylor était familière à ces visites régulières à l'hôpital depuis quelques temps déjà.

Mes parents avaient longuement discuté au sujet des possibles rendez-vous avec le docteur Cullen. Seuls, puis en ma présence. Ils m'avaient tout naturellement demandé mon avis. A vrai dire, je n'en pensais pas grand chose. J'étais maintenant habituée au docteur Milan. Mais l'idée d'être reçue par le docteur Cullen ne m'effrayait pas tant que ça. J'étais au contraire intriguée. Je ne savais pas si cela avait un rapport avec le fait que la majorité de la tribu émettait des réserves sur sa personne, ou si j'étais déstabilisée par son apparence et son allure inédites. Mon père avait finit par appeler Carlisle. Il était resté au téléphone une bonne heure. Il semblait rassuré, à la fin du coup de fil. Voire même conquis. Il pensait que ce changement pouvait m'aider à diminuer mes troubles du sommeil et mes crises d'anxiété. J'y avais réfléchis, pendant quelques jours, puis avais fini par accepter. A la condition de rester dans le même bureau. Cette pièce m'était familière, le piano, le canapé, les étagères. Je m'y sentais relativement bien. Dans tous les cas, j'étais en droit de stopper les rendez-vous quand je le souhaitais. Je ne risquais pas grand chose. Apparemment, ce n'était pas l'avis d'Embry.

« - Hazel est une grande fille, elle sait ce qu'elle fait, soupira Taylor en se levant de son siège pour aller s'installer dans le canapé.

- Vous me faites dire des choses que je n'ai pas dites, marmonna Embry. »

Mon regard croisa le sien, que je cherchais déjà depuis quelques minutes. Cela sembla le calmer. Il me sourit, je pouvais voir ses épaules se détendre. Il avait été d'un grand soutien. Mais sa retenue envers le docteur Cullen semblait infondée. Il n'avait pas vraiment d'arguments à lui opposer. Il ne lui faisait pas confiance. Il ne remettait pas en cause ses qualifications professionnelles, davantage sa personne. Seth bataillait d'arguments pour m'assurer que c'était un homme particulièrement gentil et généreux. Néanmoins, je sentais qu'une querelle sous-jacente se cachait parmi ces petites confrontations. Comme s'ils conversaient à demi-mot sur un autre sujet. C'était assez étrange. J'espérais que Taylor l'avait aussi remarqué. Je finis par la rejoindre sur le canapé. Elle zappait les chaines, jusqu'à ce qu'elle tombe sur un concert rediffusé d'Elton John.

« - Oh regarde, Hazel ! C'est la chanson que tu jouais au piano, la dernière fois.

- Tiny Dancer, lui précisai-je en reconnaissant l'air.

- Tu aimes bien Elton John ? Demanda Embry de la cuisine.

- Elle interprète ses morceaux au piano comme un chef ! S'enthousiasma Taylor. »

Elle n'y connaissait pas grand chose, mais j'acceptai son compliment en souriant. Embry vint s'installer à côté de moi, sa boisson dans la main. J'avais l'agréable sensation d'avoir été libérée d'un poids, après avoir discuté avec lui, quelques jours plus tôt. Même si cela ne changeait rien à notre relation, je préférais l'idée qu'il soit au courant de certaines choses. Cela impliquait qu'il me donne son avis mitigé sur le docteur Cullen, mais je ne lui en tenais pas rigueur. Cela attisait fortement ma curiosité, tout de même. Tout comme le cri d'animal, provenant sûrement de la forêt avoisinante, qui résonna dans toute la pièce. J'aurais parié sur un hurlement de loup, mais je n'étais pas une grande connaisseuse en la matière. Ce genre de bruit était plutôt commun, à la réserve. Néanmoins, Seth et Embry se figèrent comme un seul homme. Deux secondes plus tard, un coup de fil strident se fit entendre dans tout l'habitacle. Embry se rua sur son cellulaire avant qu'il n'émette un son de plus.