Chapitre 20 : je baisse les armes.

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Je n'ai jamais été friande de vitesse. Au contraire, j'ai toujours pris soin de m'éloigner de ce qui pouvait aller trop vite. C'est pour cette raison que je sélectionne les personnes avec qui je me sens capable de monter en voiture. Mon père respecte toujours les limitations de vitesse, ce qui n'est pas le cas de ma mère. Ma tante Rose a toujours conduit trop vite, je n'ai jamais voulu monter dans sa voiture. Taylor est une nerveuse, au volant. Mais elle fait des efforts quand je monte avec elle, même s'il m'a fallu des mois pour m'y habituer. Quant à Embry, il possède une conduite si fluide que j'en oublie mes peurs.

Aujourd'hui, je n'avais pas le choix. Je devais monter dans la voiture de Seth. Et pour la première fois, j'aurais aimé qu'il conduise plus vite. Qu'il dépasse toutes les limitations, qu'il me téléporte même. Tant que je pouvais arriver à la réserve plus vite. Je n'avais eu aucun détail, il ne m'avait donné aucune explication. Sûrement pour ne pas m'inquiéter, ce qui n'était visiblement pas réussi. Le jeune indien ne me connaissait sûrement pas assez, je ne pouvais pas lui en vouloir. Je me contentais de fixer le pare-brise. Je n'étais même pas intéressée par le spectacle qu'offrait la forêt recouverte d'une file pellicule de neige. Elle me paraissait incroyablement fade.

Mon coeur commença à s'emballer quand le panneau indiquant l'arrivée à la réserve entra dans mon champ de vision. Seth du rapidement le remarquer, il jeta un coup d'oeil furtif en ma direction avant de recentrer son attention sur le petit chemin qui menait jusqu'aux premières maisonnettes. Seth continua de rouler jusqu'à la demeure d'Embry. Je reconnu la voiture de ce dernier, garée sur le côté de l'habitat, mais je ne pu dire à qui appartenait le bolide noir qui était stoppé à côté.

« - Carlisle est ici, répondit Seth à ma question silencieuse. »

J'hochai mollement la tête. Le docteur Cullen était au courant de leur situation. Je me rappelai la raison pour laquelle Embry ne se trouvait pas à l'hôpital, s'il était blessé. Sa condition physique ne passerait pas inaperçu. Les médecins se poseraient sûrement un tas de questions, en commençant par sa température outrageusement élevée. Je n'imagine pas à quoi doit ressembler la composition de son sang.

Je sortis lentement du véhicule, et toute la scène me parue soudainement étrange. Comme si tout se déroulait en vitesse accélérée, tandis que moi, je bougeais au ralenti. Seth me poussa précautionneusement vers la masse de personnes qui s'était agglutinée devant la maison d'Embry. Je reconnu Sam, évidemment. Celui qui avait le plus de prestance, qui gardait ce masque de sérieux sur le visage, imperturbable. Il y avait Quil, à côté de lui, l'air incroyablement nerveux. Il trépignait sur place. Je posai ensuite mes yeux sur Paul. Je pensais que le revoir raviverait en moi une certaine colère, mais il n'en fut rien. Il me regarda simplement, l'air désintéressé. Leah se tenait à l'écart, regardant le sol avec insistance. Le spectacle était si étrange. L'un d'entre eux tenta peut-être de m'adresser la parole, mais je n'entendais plus rien. Rien qu'un bourdonnement désagréable, qui me plongeait dans un silence total.

Puis toutes les têtes se tournèrent vers Carlisle, quand ce dernier passa le pas de la porte. Il portait une espèce de malle. Je me demandais ce qu'elle pouvait contenir. Je sentais toujours la main de Seth dans mon dos. Il s'attendait peut-être à ce que je m'évanouisse encore. A vrai dire, j'avais plutôt l'impression que mon esprit avait quitté mon corps. Ce qui était plutôt ironique, puisque les Quileutes en étaient véritablement capables.

Je ne pu dire si le docteur Cullen m'invita à entrer, ou si un des membres de la tribu le fit. Je n'attendis pas d'entendre ce qu'ils avaient à me dire, je n'en avais rien à faire. Je préférais utiliser toute la force qui me restait pour ordonner à mes jambes de faire leur boulot, en m'amenant jusqu'à l'entrée de la maison. Heureusement, elles étaient toujours capables de fonctionner. La porte n'était pas fermée. Je la poussai de quelques centimètres, afin de pouvoir m'introduire à l'intérieur de la demeure.

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