Chapitre 12 : Forks, la ville des secrets.

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Le soir où j'avais lu le chapitre dédié à l'annonce de la mort du personnage de Gus dans le livre « Nos étoiles contraires », j'avais pleuré jusqu'à tard dans la nuit. Je n'avais pas été au lycée le lendemain, j'étais trop épuisée pour me lever. Cette histoire m'avait profondément perturbée. Je me sentais soudain très seule, et très vide. Ce n'était pas dans mes habitudes. La plupart du temps, je devais faire face à un flot d'informations. Mais là, il n'y avait rien. Je souhaitais tout simplement dormir. Cette lecture avait épuisé toute mon énergie. Je m'étais si profondément attachée à ce stupide personnage. C'en était idiot. Je parvenais à me détacher de la fiction, en temps normal. Alors pourquoi avais-je l'impression de la vivre ? Cela ne venait pas seulement du fait que l'héroïne avait le même nom et le même âge que moi. Nous étions différentes. Je n'avais pas un cancer qui me condamnait à mort. Je n'étais pas tombée éperdument amoureuse d'un garçon qui risquait lui aussi de mourir. C'était si tragique. Non, cette histoire n'était pas la mienne. Je devais rendre le livre à Embry. Je ne voulais pas le garder dans ma chambre. Il semblait me narguer, avec toute cette tristesse, toute cette détresse, ce désarroi. Rien qu'en y songeant à nouveau, je sentis le flot de larmes pointer le bout de son nez.

Je me ressaisis rapidement. J'avais rendez-vous avec mon psychiatre. Mon père devait m'attendre, en bas. J'attrapai mon sac à dos, ma veste pour me protéger de la pluie incessante, et sortis de ma chambre que je n'avais pas quitté de la journée. Mes jambes étaient légèrement engourdies par le manque de mouvement, je manquai de tomber dans les escaliers. L'hôpital de Forks n'était qu'à quelques minutes en voiture, comme tout type de service, ici. La ville était si petite. Mon père me déposa dans le hall, après s'être assuré que, comme d'habitude, je ne souhaitais pas qu'il reste avec moi. Il repartit aussitôt. Il n'aimait pas les hôpitaux. Qui les aimait ? Sûrement pas moi, non plus.

Je traversai le hall pour me rendre jusqu'aux escaliers. Je n'aimais pas emprunter l'ascenseur. Je préférais grimper les étages à pieds, plutôt que de me retrouver enfermée dans un petit espace qui pouvait s'écraser au sol si jamais un câble lâchait. Alors que je tentais de faire disparaitre cette affreuse pensée de mon esprit, mon regard s'arrêta sur deux personnes, quelques mètres plus loin. La première, je la reconnu aussitôt. C'était Seth, le petit frère de Leah. Enfin, petit n'était pas vraiment le mot approprié. Sa peau brune, ses cheveux noirs coupés courts et son t-shirt gris me rappelaient Embry. A sa gauche, une personne tout à fait différente. Une peau étrangement blanche, bien plus que la mienne, presque translucide. Une chevelure blonde parfaitement coiffée. Une allure et une démarche si élégante qu'elle rappelait une danse. L'homme, qui ne devait pas avoir plus de trente ans, portait une blouse blanche. Un médecin, donc. Chirurgien, peut-être. Il était très beau. C'en était perturbant.

« - Hazel ? Qu'est-ce que tu fais ici ? »

La voix d'adolescent de Seth me fit sortir de mes pensées. Je relevai le regard vers lui. Il semblait étonné et plutôt content de me voir. Il possédait une aura particulièrement chaleureuse. S'il était une couleur, il serait orange. C'était celle que j'imaginais, autour de lui. Chaude, joyeuse, confiante. C'était une habitude que j'avais prise dès mon plus jeune âge. J'aimais attribuer une couleur aux personnes que je rencontrais. Je reportai mon attention sur le jeune médecin. Il me regardait aussi, à présent. Ses yeux étaient d'une couleur très perturbante, tirant sur un mordoré qui n'avait rien de normal. Toute sa personne ne l'était pas, d'ailleurs. Je le remarquai rapidement.

« - Seth, réussis-je à articuler en lui adressant un signe de la tête.

- Carlisle, voici Hazel, me présenta Seth au docteur. C'est une amie, elle est arrivée à Forks en septembre.

- Enchanté, Hazel, me lança le dénommé Carlisle d'une voix chantante. Tu te plais, à Forks ?

- J'aime bien la pluie, répondis-je simplement en haussant les épaules.

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