Chapitre 7 : quand on essaye de rentrer dans le moule.

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La voiture se stoppa devant une maisonnette couleur brique délavée. Une lumière était allumée sur le porche, je pouvais déjà entendre des voix provenir de l'intérieur. Le reste de la réserve semblait calme. Peu de personnes habitaient ici. Il semblait y faire bon vivre. La plage était toute proche. Je serrai mon sac à dos contre moi, comme s'il me servait de bouclier contre le monde. Contre les rires qui fusaient, à quelques mètres de là. Taylor sentit que je me raidis. Ce n'était pas bien difficile à remarquer.

« - Je peux te ramener à tout moment, tu n'as qu'à me faire un signe et on décampe ».

Le ton qu'elle employait aurait pu faire croire à une mission secrète. J'hochai la tête d'un geste vif, essayant de ne pas me décomposer. Ce ne fut pas chose facile. Je sortis lentement de la voiture, sans oublier mon sac. Il contenait peu de choses, à vrai dire : mon livre, le téléphone portable que je n'utilisais jamais mais que mes parents insistaient pour que je garde sur moi, le carnet avec les numéros à contacter en cas d'urgence. Je ne me séparai jamais de ce sac, cependant. Il pourrait s'avérer être très utile ; il l'avait déjà été dans le passé.

Je jaugeais l'habitacle, avant de suivre Taylor qui s'aventurait déjà sur le porche. Elle ne prit pas la peine de frapper, ce que je trouvai plutôt étrange. C'était une convention pourtant très prégnante dans nos sociétés : frapper avant d'entrer. Je fixai le dos de mon amie, comme un repère parmi le brouhaha, tout en entrant dans la demeure. Des voix s'élevèrent à notre arrivée, majoritairement masculines. Une chaleur émanait de la pièce, presque trop petite pour contenir tout ce monde. Mes yeux étaient rivés sur le sol, alors que Taylor saluait les personnes présentes. Apparemment, elle les avait prévenu de mon manque de contact humain : aucun ne se risqua à m'approcher de trop près. Un instant, je pris sur moi : je n'aimais pas être malpolie. Bien sûr, venant de moi, ne pas saluer des inconnus à grandes accolades n'était pas un manque d'éducation. Je relevai rapidement la tête, de nombreux regards étaient braqués sur moi. Je reconnus Leah, évidemment. Cette dernière tenta un sourire chaleureux. J'essayai de lui rendre, j'espérais que cela ne ressemblait pas trop à une grimace. Il y avait aussi ce garçon, Quil, qui l'avait accompagné au lycée. Un autre grand garçon, qui paraissait plus vieux et devançait ses amis en terme de musculature imposante, était planté à côté d'une fenêtre, les bras croisés sur le torse. Il arborait un sourire en coin que je n'appréciais pas beaucoup. Assis sur une chaise, un adolescent, plus jeune que les autres, plus petit aussi. Un air joyeux et innocent habillait son visage pourtant emprunt d'une certaine maturité. Enfin, derrière le comptoir de ce qui semblait être une petit cuisine, se tenait Embry. Mon corps se relâcha sous un soulagement soudain. Il était bien là. En chair et en os, les cheveux toujours en bataille. Ses yeux sombres me fixaient d'un air à la fois réjoui et prudent. Il tenta un timide sourire, que je lui rendis sans difficulté, cette fois-ci.

« - Hazel, tu connais déjà Leah, Quil et Embry, commença Taylor en retirant sa veste en jean noir. Voici Paul et Seth, le petit frère de Leah.

- Enchanté Hazel, Taylor nous a beaucoup parlé de toi ! Commenta le dénommé Seth d'un ton bien trop réjoui.

- De même, réussis-je à balbutier en serrant mon sac à dos ».

Je me demandais ce que Taylor avait pu raconter à mon sujet : il n'y avait pas grand chose à dire. Je ne savais pas si je devais m'en sentir flattée, la situation était trop inédite. Une odeur de pizza flottait dans l'air restreint de la pièce. L'espace était constitué d'une petite cuisine, suivi d'un semblant de salle à manger où une table prônait au milieu. Derrière celle-ci se trouvait un canapé et des fauteuils en face d'une télévision, délimitant ainsi le salon. Deux portes sur le mur de gauche indiquaient la présence de pièces supplémentaires, des chambres peut-être. Un escalier montait jusqu'à un étage étroit.

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