Chapitre 4 : le jour où j'ai décidé de sortir de ma tour d'ivoire.

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(J'imagine Taylor de cette façon, libre à vous cependant de faire votre propre film !)

J'appréciais particulièrement le samedi matin. C'était un moment particulier. Le week-end commençait, ce qui voulait dire que je pouvais rester à la maison plus facilement. Le plus souvent, je lisais, ou j'essayais de peindre. Ce qui était parfois difficile, mon imagination était limitée. Pourtant, à 10h du matin, je me retrouvai devant une toile blanche, les cheveux attachés en un chignon. Je fixai l'objet, la tête penchée sur le côté. Le violet semblait une bonne idée pour commencer. Non, pas de violet. Du bleu. Je finissais toujours par choisir le bleu. Surtout pas de rouge. Je n'aimais vraiment pas le rouge.

Je trempai mon gros pinceau dans un mélange de peinture, qui donna une teinte bleu claire, pastel. Ma préférée. J'en recouvris toute la toile. C'était déjà un bon début. Je réfléchis quelques instants, jaugeant mes options. Je changeai de pinceau et pris un plus fin, plus petit. Mon regard se fixa tout de suite sur la couleur noire, ce qui était étrange. Je n'utilisais jamais celle-ci. J'y trempai pourtant le petit pinceau, et commençai à tracer les contours d'un oeil, puis d'un deuxième. En gros, au milieu de la toile. J'y ajoutai des détails, les yeux semblaient me fixer à présent. Je fronçai les sourcils, c'était assez déroutant. Je n'avais pas vraiment réfléchis. Je lâchai le pinceau dans le pot et reculai, dubitative.

J'aurais probablement dû m'en tenir à la lecture.

Je tournai le dos à ma création avant de lâcher mes cheveux, je n'aimais pas quand ils étaient relevés. Je passais ensuite le reste de ma matinée à lire. J'aimais beaucoup les romans de Victor Hugo, que je finissais et relisais à longueur de journées. Aujourd'hui n'y échapperait pas, comme tous les samedi. Je dus tout de même descendre à l'heure du déjeuner. Heureusement, Harry avait beaucoup de choses à dire, comme d'habitude. Je mangeai distraitement, toujours accaparée par des pensées que j'aurais voulu chasser. Mais je ne le pouvais pas. Elles étaient comme accrochées comme une toile de fond dans mon esprit. J'avais beau essayer de la cacher avec d'autre choses futiles, de la remplir avec des détails, ce n'était pas suffisant. Les yeux sombres me fixaient et semblaient détailler chacun de mes mouvements.

Après le repas, je tentai de regarder une émission de télé avec Harry. Je n'aimais pas vraiment cette activité, mais cela plaisait à mon petit frère. On ne partageait pas beaucoup de choses ensemble, me forcer à rester assise dans le canapé pendant une heure était la moindre des choses. Je sursautai en entendant la sonnette retentir dans la maison, et relevai la tête vers la porte pour découvrir le visiteur. Ce n'était pas habituel d'avoir de la visite, ici.

« - Bonjour ! Chantonna une voix que je connaissais bien.

- Oh, Taylor ! Comment vas-tu ? S'exclama mon père en laissant entrer la jeune brune à l'intérieur. »

Taylor était chez moi. C'était très étrange. Je n'invitais jamais personne à la maison. Les raisons étaient plutôt évidentes. Je ne savais pas vraiment ce qu'elle faisait ici, je n'avais pourtant pas mentionné d'après-midi passée ensemble. Néanmoins, je n'étais pas gênée de la voir ici. La présence de Taylor était toujours appréciable.

« - Salut, Taylor, la saluais-je en souriant.

- Excuse-moi de passer à l'improviste, je sais que tu n'aimes pas trop ça ».

Comment le savait-elle, je n'en avais aucune idée. Je n'avais pas confié ce fait, d'ailleurs, je n'avais pas confié grand chose. J'haussai épaules en souriant, afin de lui montrer que cela ne me dérangeait pas autant qu'elle le pensait. Elle sembla rassurée un instant. Ma mère lui proposa de boire ou de manger quelque chose, ce que Taylor refusa poliment. Je pouvais voir sa voiture garée grossièrement devant chez nous, à travers la fenêtre de la cuisine.

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