« - Je n'arrive pas à croire que l'année scolaire se termine déjà ! »
Je jetai un coup d'oeil vers Taylor, allongée à ma droite. Elle était étendue sur le sable épais, profitant des rayons du soleil que nous offrait le mois de juin.
Juin. Nous étions arrivés à Forks il y a déjà presque un an. Une année. J'avais du mal à y croire, moi aussi. Tout était si différent. J'étais différente. Je le sentais, je le voyais. Moi qui étais terriblement mal à l'aise face au changement, je l'acceptais petit à petit. Il me plaisait, même. Parce que, lorsque je voyais Taylor à mes côtés, bouger la tête au rythme de la musique qui émanait de son téléphone portable ; Harry qui courait après un ballon de foot sur le sable mouillé, Embry quelques mètres derrière lui, faisant semblant d'être essoufflé... Je ressentais cette douce chaleur au coin de mon ventre.
« - Tu te rappelles de notre première conversation ? Me demanda Taylor en se redressant sur ses avant-bras.
- On portait les mêmes chaussures, répondis-je en souriant à l'évocation de ce souvenir.
- Oui, acquiesça-t-elle en riant. Je t'ai tout de suite bien aimé.
- Tu me faisais un peu peur, au début, lui avouai-je.
- Oh, c'est l'effet que je produis chez la plupart des personnes que je rencontre ! »
Je regardai mon amie en riant, songeant au fait que c'était ce que j'aimais le plus chez elle. Sa franchise. Sa simplicité. Elle n'aimait pas les codes sociaux, les sous-entendus. Le genre de choses que je ne comprenais toujours pas. Et le fait qu'elle s'en fichait pas mal, si je ne rentrais pas dans un moule. Parce qu'elle non plus, ne se conformait pas à une case.
« - Que vas-tu faire de ton été, chère Hazel ? Relire ta bibliothèque, dessiner des fleurs sur les murs de ta chambre, fricoter avec Embry ? »
Cette dernière proposition avait été accompagnée d'un haussement de sourcil exagéré et d'un coup de coude dans mes côtes. Taylor n'était pourvue d'aucune subtilité. Encore une raison qui s'ajoutait à la liste des choses que j'aimais chez elle.
Néanmoins, je ne pus m'empêcher de sourire. Ce programme me ressemblait plutôt bien. De la lecture, mon activité favorite. De la peinture. Sur une toile plutôt que sur des murs. « Fricoter avec Embry ». Encore une fois, je n'étais pas particulièrement douée avec les sous-entendus. Mais j'avais compris celui-ci.
Je le regardai de loin, alors qu'il prenait soin de mesurer sa force en tapant dans le ballon de foot, abimé par le temps. Il rit quand Seth plongea dans le sable pour l'arrêter. Puis il tourna son visage illuminé par un grand sourire en ma direction. Son regard se planta dans le mien.
C'était comme si je le voyais pour la première fois. En quelques instants, je remontai le temps de quelques mois. Je l'imaginai s'avancer dans ma direction, sur le parking du lycée. Le regard sombre, les cheveux balayés par le vent omniprésent de Forks. Je redevins la Hazel d'avant. Celle qui, au premier contact visuel, avait sentit son coeur s'arrêter de battre. Celle qui ne supportait pas la chaleur qui émanait de son corps. Celle qui, tout en étant effrayée à l'idée d'être dans la même pièce que lui, ne pouvait s'empêcher de ressentir un vide vertigineux quand elle en était éloignée.
Je revis la ballade à Port Angeles. Les livres échangés. La musique qui résonnait dans mes oreilles. La voiture. Les regards échangés sans un mot. Les toiles de peinture, la douleur agonisante qui m'habitait quand nous étions séparés. L'impression de reprendre vie quand ses bras entourèrent mon corps, si petit, si fragile à côté du sien.
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strange bird
FanfictionHazel n'est pas confortable avec le changement, ni avec la couleur rouge, ni avec les gens en général. Mais elle aime bien Forks, sa pluie et son calme. Enfin, calme n'est pas vraiment le mot approprié pour ce qu'il se passe réellement à Forks...