Chapitre Un

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Upper West Side, New-York City — 9:00

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Upper West Side, New-York City — 9:00

Une silencieuse salle de boxe avait ouvert ses portes comme tous les jours malgré les agitations extérieures. Seuls le bruit des sportifs en action et le son à peine audible de la télévision se faisaient entendre. L'odeur du travail incessant des adhérents quotidiens enveloppait la pièce tout autant que la chaleur dégagée par les corps de chacun.
Rebecca Saunders, une petite brune au teint caramel, était une adepte de combat depuis son entrée dans l'adolescence. Aujourd'hui âgée de seize ans elle tentait de s'accorder deux soirs par semaines pour s'entraîner. Ce rythme serait sans doute impossible à tenir mais elle estimait avoir besoin de s'exercer indépendamment maintenant qu'il n'était plus là pour l'y obliger.

La matinée n'avait rien d'anormal ni même les mots prononcés par la journaliste au sujet d'un crime récent. Rebecca les connaissait, ces meurtres ne lui étaient pas étrangers.

— La nuit dernière le Widowmaker a encore frappé dans le quartier d'Harlem à New-York City. La victime n'a pas encore été identifiée par la police mais...

La jeune femme prise d'une colère soudaine, à l'entente du mot « victime », a donné un dernier puissant coup dans le sac avant de s'en aller se sécher le visage avec une petite serviette blanche qui trônait sur un banc non loin d'elle.

— Je dissuade les criminels d'agir. Remerciez moi. A t'elle murmuré.

-

Harlem, New-York City — 9:00

Cette pièce n'aurait rien d'une scène de crime si le corps d'un homme ne gisait pas dans une mare de sang près du grand lit double de la seule chambre de l'appartement. Tout y était à sa place si bien que les agents de police présents semblaient tous dépités. Aucun meuble n'était renversé, les murs ne présentaient aucune trace. Le chef de police, un grand homme mince d'une quarantaine d'années, a été le premier à déplorer un lieu aussi vide d'indices en lançant un regard peu rassuré au médecin légiste. Leurs rencontres se faisaient plus fréquentes ces derniers temps, une seule raison à cela: le Widowmaker.

Après avoir réajusté sa courte veste en jean le chef de brigade s'est dirigé vers l'un de ses agents qui semblait préoccupé par ses notes. Sans doute était-il en train d'essayer de déceler des similitudes entre cet homme et toutes les précédentes cibles du Fantôme de New-York.

— Que savons-nous de la victime ? Il a demandé sans prendre le temps de le saluer.

Ces scènes devenaient si fréquentes que les marques de politesse n'étaient plus prioritaires dans l'esprit des forces de l'ordre. Les citoyens ne se sentaient plus en sécurité et ils avaient raison puisque personne ne comprenait les motivations du meurtrier: cela était ce qui hantait constamment l'esprit de chacun des Hommes présents dans cette pièce.

— Il n'a pas été identifié mais le médecin légiste pense qu'il a environ une trentaine d'années. Lui aussi a l'une de ces étranges marques que nous avons retrouvées sur plusieurs des précédentes victimes.

— Le Widowmaker se fait-il plus négligeant ? Un indice sur son identité ? N'importe quoi ?

Le jeune agent de police a pris quelques secondes pendant lesquelles il a regardé le corps de cette énième victime. Tous étaient épuisés de chasser un spectre. Ils ne savaient rien de cette personne qui paraissait si à l'aise dans sa bataille.

— Non Monsieur. Mais la scène de crime est encore la même: aucun signe de lutte, l'arme utilisée semble être la même.

— Quel genre de taré utiliserait une faux pour commettre un crime ?

-

Upper West Side, New-York City — 23:00

La peur pesait sur cette petite ruelle de la ville dans laquelle l'odeur de la mort enveloppait les protagonistes, mais personne n'était là pour entendre les cris étouffés de cet homme ou pour le défendre. Ceux qui auraient le malheur de s'interposer connaîtraient la même fatalité. Alors qu'il implorait naïvement de la pitié presque couché au sol, la Faucheuse semblable à un spectre lui tournait autour en s'amusant avec son imposante arme qui semblait n'être qu'un simple jouet. Celle-ci était presque en train de danser au rythme de la musique qui résonnait dans ses écouteurs. Elle fredonnait. Cet air qui n'avait rien de funèbre sonnait pourtant comme un départ vers les Enfers.

— S'il-vous plaît ! J'veux pas mourir ! J'volerais plus j'vous le jure ! S'est écrié le jeune homme dans un dernier espoir.

Cette femme que la plupart prenaient pour un homme de par la violence de certains de ses crimes, sans connaître son apparence ni son identité, était le cauchemar des criminels de la ville. On ne parlait d'elle qu'en énonçant ses meurtres dénués de pitié, ils étaient à en glacer le sang. On ne pouvait lui échapper.

— Dommage que je ne puisse pas entendre tes plaintes. A froidement répondu celle qu'on appelait Widowmaker.

Dans un dernier cri, la tranchante lame de la Faucheuse encore couverte du sang de la précédente victime a ramené le silence de cette rue vide du quartier d'Upper West Side.

— Bon, c'est l'heure du dîner.

La jeune femme est paisiblement rentrée chez elle en faisant attention à n'emprunter que des rues sombres dans lesquelles personne ne pourrait l'apercevoir ou la reconnaître. Garder son identité secrète n'était important pour elle que parce-que cela inspirait la peur de ses adversaires, de ceux qu'elle disait être les réels criminels.

Ce n'est qu'une fois dans l'appartement de ses parents qu'elle se sentait à l'aise de retirer ce masque qui camouflait son plus douloureux souvenir.
Malgré sa faim elle avait pris l'habitude de ne pas dîner en grande quantité: un plat de pâtes lui suffisait. Elle n'avait pas grande envie de se nourrir; ce qui la préoccupait réellement était le long mur de son salon qui accueillait autrefois des portraits de famille. Elle y avait installé ses recherches; des journaux, des pages de livres historiques, scientifiques, des photos. La Widowmaker n'était minutieuse que lorsqu'il s'agissait de son grand ennemi: Authis

— Je ne suis pas sûre d'où elles viennent. A t'elle hésité avant de prendre une bouchée de son plat. Je sais qu'il va vouloir saisir la plupart des entreprises de haute technologie New-Yorkaises et les labos mais...ces pierres...

Dans un soupir elle a abandonné son plat sur le bord d'une table comme chaque soir. Plus les questions apparaissaient moins elle prenait le temps de se nourrir. La jeune femme avait perdu plusieurs kilos depuis que son oncle ne s'occupait plus d'elle. Ces histoires allaient jusqu'à hanter ses nuits. Ses notes étaient la seule chose autre que son affaire pour laquelle elle s'investissait un minimum: Rebecca ne pouvait prendre le risque d'éveiller les soupçons ou de soulever des interrogations en cas d'échec scolaire. Ses actes devaient rester anonymes, sans quoi elle ne pourrait jamais aller au bout de son ambition.

𝐓𝐡𝐞 𝐖𝐢𝐝𝐨𝐰𝐦𝐚𝐤𝐞𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant