« Je ne crains pas la mort, Peter. »
Depuis cinq ans Rebecca n'est qu'un fantôme aux yeux de tous. Sans le retour de ses proches ce sentiment de n'être qu'un spectre aux yeux du monde la poursuit sans qu'elle ne veuille réellement s'en détacher. D'e...
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Upper West Side, New-York City — 15h09
Nicholas était hanté par le souvenir de cette petite fille ou plutôt de cette adolescente, qui pour lui serait à jamais l'enfant qu'il rêvait d'avoir.
Il se souvenait de cette douce journée automnale durant laquelle l'appartement était animé par les rires et la voix mélodieuse de la jeune Rebecca. Elle avait beau être entrée dans l'adolescence depuis quelques années, elle appréciait tout de même les moments de complicité avec son oncle qui demeurait sa dernière famille. Après son retour du snap, le quarantenaire était le dernier survivant des Saunders du malheur causé par Thanos. Il prenait soin d'elle, lui apprenait tout ce qu'elle devait savoir pour survivre dans ce monde qu'il avait vu devenir hostile.
— Bientôt tu auras les cheveux aussi longs que moi tonton ! A t'elle plaisanté en admirant son oncle dans le reflet du miroir accroché face à eux.
Appliqué à lui brosser les cheveux, son gardien lui a lancé un sourire attendri par cette remarque. Nicholas songeait souvent à occuper une place si importante pour elle qu'elle finirait par l'appeler papa.
— Ta mère aurait voulu que je les coupe, pour avoir l'air plus...chic elle disait. Ils te plaisent ?
— Oui, je les aime bien comme ça. Tu n'as pas besoin d'être chic. Tu es le plus beau du monde.
Rien ne venait jamais ruiner l'entente qui régnait entre ces deux êtres, rien à part les quelques soucis de discipline que Rebecca montrait ces derniers temps. Nicholas ne supportait pas qu'elle puisse remettre la légitimité de son enseignement en cause. Il passait ses journées à lui expliquer les bienfaits de ces pierres qu'ils avaient étudiées. Sa nièce devait comprendre leur importance et leur pouvoir, cela était nécessaire s'il voulait pouvoir lui révéler la vérité au sujet de ses parents et de sa sœur.
Nicholas ne pouvait pas se permettre de perdre cette enfant. C'est pourquoi les accès de violence rythmaient souvent les disputes que lançaient Rebecca.
— Dis... On doit vraiment aller là-bas ? Je n'aime pas me tenir devant tous ces gens comme s'ils nous idolâtraient tu sais.
— Ils sont reconnaissants Rebecca, du bien que nous apportons dans leur vie, de la justice que nous rétablissons ensemble.
Lorsque Rebecca voyait tous ces yeux braqués sur elle, elle avait le sentiment de ressembler à une sorte de gourou qui endoctrinait un groupe de personnes. Elle avait l'impression de tirer avantage de leur détresse psychologique.
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Vêtue d'une longue robe en mousseline rose pâle qui brillait presque autant que les marques qui couvraient le corps de son oncle, Rebecca se tenait debout et fière sur ses talons hauts de cinq centimètres; comme le lui avait demandé Nicholas. Une centaine d'individus lui faisait face. Aujourd'hui, ils célébraient l'acquisition d'une nouvelle entreprise par Nicholas Saunders. Une nouvelle opportunité de donner aux nécessiteux un poste, de quoi vivre en le retirant des mains des plus aisés.
Rebecca détestait devoir prendre la parole, ou même écouter son oncle radoter toujours la même histoire. Les cérémonies officielles l'intéressaient très peu et tous ces oppressants regards la mettaient mal à l'aise. Ces gens se sont mit à crier leurs noms dans l'attente qu'un discours arrive. Nicholas s'est avancé sur le devant de la scène en écartant les bras.
— Aujourd'hui est une belle journée mes amis. Je vous apporte une nouvelle chance de mener la vie de ces égoïstes en conservant vos valeurs que ces êtres méprisables ne semblent pas connaître. La fraternité est le pilier de notre communauté. La vie de chacun d'entre-vous importe tout autant que votre voisin, c'est pourquoi je vous tends aujourd'hui ce bâtiment pour atteindre le bien-être et le confort que vous méritez.
Avec ce large sourire qu'il avait toujours quand il s'exprimait à ce peuple, l'homme s'est tourné vers sa nièce en lui tendant la main pour qu'elle la saisisse. Elle a maladroitement marché jusqu'à ces côtés consciente qu'il fallait qu'elle dise quelques mots. Rebecca était leur favorite, leur perle.
— Nous sommes tous ici pour défendre notre droit à l'égalité. Vous êtes ici pour vous battre contre ces hommes et ces femmes qui vous réduisent à moins qu'un déchet sur leur passage. Célébrons aujourd'hui l'expansion de notre réussite.
Aussitôt qu'elle eut prononcé ses derniers mots, des cris dignes de vikings débutant une guerre se sont fait entendre dans la salle. Toutes ces personnes se sont enlacées, ont bus, à la gloire de celle qui bientôt ferait couler leur sang.
