Chapitre Sept

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Upper West Side, New-York City — 8:00

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Upper West Side, New-York City — 8:00

Ces derniers jours, la ville qui ne dort jamais était triste, grise. Le ciel ne s'arrêtait plus de pleurer les atrocités que subissaient cette ville. Ces moroses journées étaient celles que Rebecca préférait pour sortir, pour visiter sa famille; lorsque l'endroit où reposent les défunts est vide de monde, lorsqu'elle peut librement s'exprimer.
Vêtue d'un lourd sweat-shirt noir, munie d'un bouquet de fleurs deux fois plus imposant qu'elle et accompagnée de sa paire d'écouteurs, l'adolescente s'en allait conter les péripéties qui animaient sa vie à sa petite sœur. Quand son courage le lui permettait, elle s'adressait aussi brièvement à ses parents pour qu'ils puissent au moins voir son visage, pensait-elle.

Rebecca s'est appliquée à délicatement déposer son présent devant une plaque de marbre sur laquelle l'ont pouvait lire « une sœur, une fille pleine de bonté » en lettres d'or. Ce texte, aussi paradoxale que cela puisse paraître, avait été formulé par Nicholas qui avait semblé aussi attristé que Rebecca avant que celle-ci n'apprenne la dure réalité.

— Je ne suis pas venue plus tôt à cause des événements récents. Si tu savais... Je me sens submergée par toutes ces choses et je suis fatiguée d'être encore obligée d'aller au lycée. S'est-elle plaint en soupirant. Mais parlons de ce qui pourrait t'intéresser. J'ai rencontré quelqu'un il n'y a pas si longtemps, Spider-Man: tu serais tellement heureuse de pouvoir discuter avec lui. Je sais que ça ne te plairait pas que je lui parle comme je le fais mais je ne veux pas me laisser distraire par des futilités: je n'ai pas le temps de me faire des amis parce-que Authis poursuit son ascension. A t'elle poursuivi en levant son visage vers le ciel.

Silencieusement, elle a pensé avec difficulté aux actes de son oncle. À toutes ces personnes qu'il était parvenu à soumettre par la simple action d'une paire de cailloux sans intérêt.

Pour tranquillement calmer ses émotions négatives, Rebecca a simplement profité de la sensation des gouttes glacées contre sa peau, de l'odeur de l'herbe mouillée qui chatouillait ses sens et l'air frais qui caressait son visage; en fermant les yeux, elle s'est retrouvée transportée en enfance lorsqu'elle jouait sous la pluie avec sa petite sœur. Cela leur avait initialement été interdit par leur mère qui craignait qu'elles ne tombent malades cependant les deux enfants, armées de leurs attendrissantes bouilles, étaient toujours parvenues à obtenir un accord.

— Tu ne serais pas surprise d'apprendre que je l'ai obligé à me sauver la vie déjà pas mal de fois je crois... C'est étrange ce sentiment que ma vie est importante aux yeux de quelqu'un alors qu'elle ne l'est même pas aux miens. Alors, je ne suis pas stupide je sais bien qu'elle ne l'est que parce-qu'il veut que je rejoigne les Avengers mais je mentirai si je disais que ce n'est pas agréable d'avoir quelqu'un qui se charge de me garder en vie même si parfois je le reconnais, je suis assez facilement irritée par sa présence, a expliqué Rebecca avant de marquer une courte pause pour profondément inspirer. Depuis que vous n'êtes plus là et que Authis m'a abandonnée j'ai l'impression qu'une fois qu'il sera mort, la seule chose qu'il me restera à faire est de vous rejoindre. Il ne me reste plus rien ici. Mais trêve de discours déprimants, hein ? Demain je fêterai mon dix-septième anniversaire enfin...fêterai, a t'elle soufflé. J'aimerais tellement que tu sois encore avec moi... Tu ne peux pas imaginer comme je m'en veux. J'aurais dû être là pour te protéger. J'aurais voulu pouvoir abattre Thanos moi-même mais il est clair que le geste de Tony Stark était admirable, je sais que tu aurais pleuré si tu avais appris qu'il n'était plus parmi nous. Le monde est triste de les savoir partis tu sais, mais je n'arrive pas à réellement partager leur peine. Tu me trouverai bête. Peut-être qu'en ce moment-même tu entretiens une discussion passionnante avec lui. A plaisanté la jeune fille en souriant faiblement.

Plus Rebecca avançait dans son discours plus la pluie s'accentuait, accordée aux différentes émotions que l'adolescente ressentait en poursuivant son monologue. Cette sensation d'injustice mêlée à sa colère était son sentiment le plus difficile à gérer: souvent elle devait se recentrer pour ne pas être engloutie.

— Les parents me manquent aussi mais je dois reconnaître que l'image qui m'obsède jour et nuit est celle de Nicholas qui prend la vie d'une jeune fille aussi innocente que toi. Je te promets qu'il paiera. Il souffre déjà. Cet homme n'est plus que douleur en nous voyant nous déchirer. Il continue à nier, il espère que je puisse continuer à l'aimer comme un père mais il souffre atrocement de me voir m'éloigner et je ne peux que me réjouir de sa peine.

L'endroit était parsemé d'immenses arbres aux feuilles abondantes à l'abris desquels le stratège Nick Fury observait sa récente cible. Il avait eu comme but premier d'éliminer Authis mais à travers les recherches effectuées sur cet homme il s'était aperçu de l'existence d'une incroyable jeune fille en quête de vengeance. Fury avait pensé qu'il serait inconscient de lui enlever son ennemi et de la devancer s'il voulait espérer que Rebecca rejoigne ses rangs. Sa témérité et sa solitude faisaient d'elle un élément difficile à appréhender. Peter avait été jugé plus apte à remplir cette mission pour son apparente empathie et son jeune âge, proche de celui de Rebecca, qui aurait dû faciliter le contact. Les événements se déroulaient à quelques détails près comme Nick Fury les avaient présagés. Il savait qu'il faudrait attendre que Rebecca obtienne ce qui a son sens était de la justice pour qu'elle puisse réfléchir à rejoindre les Avengers. En vérité la présence de Peter n'était qu'une assurance: Nick Fury voulait que Rebecca se sente obligée d'intégrer le groupe après s'être liée d'une forte amitié avec Spider-Man. Il devait constituer une influence assez puissante pour la persuader de faire le bon choix.

Alors qu'elle était observée, sous le poids de ses émotions, l'adolescente est tombée à genoux devant cette tombe qui pour elle laissait transparaître le visage de sa jeune sœur. Malgré la peur qu'elle inspirait dans cette vaste ville, la haine qu'elle semblait ressentir et la froideur de son aura, Rebecca sans son long manteau et son imposante faux demeurait une âme esseulée et en peine. L'homme qui la regardait silencieusement s'est persuadé que ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne puisse se délivrer de ce fardeau et de cette part de fragilité qui faisait d'elle une bombe à retardement.

𝐓𝐡𝐞 𝐖𝐢𝐝𝐨𝐰𝐦𝐚𝐤𝐞𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant